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Le réseau de distribution d'eau

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 521 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 17/02/2012
    • de SIMONIS Isabelle
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    Une période de gel suivie d'une période de dégel est propice à la détérioration du réseau de distribution d'eau. Dans le cas de cet hiver 2012, la situation était annoncée et les opérateurs ont eu le temps de s'y préparer.

    Monsieur le Ministre peut-il nous indiquer comment les opérateurs wallons se sont préparés à cette situation?

    D'une manière générale, on sait que de l'eau captée « se perd » dans des canalisations défectueuses. Quelle est la proportion d'eau qui s'échappe ainsi du réseau annuellement ? Cette situation constitue-t-elle une priorité des opérateurs wallons ? Le cas échéant, qu'est-il prévu pour remédier à la situation?
  • Réponse du 30/03/2012
    • de HENRY Philippe

    Les distributeurs d’eau ont tiré les enseignements des conséquences sur leurs réseaux qu’ont eu les événements climatiques hivernaux de 2009 et ils ont entrepris diverses actions pour réduire le risque de survenance d’une crise telle que celle que nous avions connue à cette occasion.

    Même si, comme cette année, la vague de froid a effectivement été annoncée quelques jours auparavant, les distributeurs d’eau disposent malheureusement de peu d’éléments à impact direct qui permettent de s’y préparer ou d’en éviter totalement les conséquences. En effet, les ruptures de canalisations sont dues aux mouvements importants du sol lors des périodes de gel intense et prolongé ainsi que lors du dégel. Ces mouvements de sol provoquent des tensions telles qu’elles entraînent la rupture de canalisations. Il n’est donc nullement question de conduites-mères gelées dans le sol puisque les règles de l’art imposent de placer ces canalisations à une profondeur dite hors gel qui sous nos contrées est de minimum 1 mètre.

    Parmi les actions prises, nous pointons toutefois une sensibilisation accrue des clients pour préserver leur installation et leur compteur du gel. Des communiqués en ce sens ont ainsi abondamment été relayés dans la presse tant préventivement que pendant la période de grand froid ainsi qu’au moment du dégel. Des « flyers » traitant de la préservation des installations contre le gel ont également été conçus chez les principaux distributeurs et ont été joints aux factures en temps opportuns. Les sites Internet des sociétés recèlent également des recommandations et des informations à ce sujet.

    Il faut effectivement se souvenir qu’en 2009, les services des eaux avaient été littéralement débordés d’appels de leurs clients pour le gel de leur installation ou de leur compteur, monopolisant ainsi le personnel et le rendant moins disponible pour des interventions à caractère plus général (fuites réseau p.ex). Même s’il est difficile de comparer les hivers, il faut constater que le nombre de ces interventions en 2012 est nettement inférieur à celles de l’année 2009.

    Il faut y voir là l’effet positif de cette sensibilisation des clients avant et pendant la période de gel mais également au moment du dégel qui s’avère souvent être la période la plus difficile du point de vue des interventions chez les clients (les installations ou les compteurs gelés et qui dégèlent se mettent à fuir souvent abondamment et nécessitent des interventions en urgence). La SWDE a, par exemple, entrepris une action ciblée auprès des sociétés d’habitations sociales, lesquelles avaient connu de nombreux problèmes d’installations gelées en 2009.

    Les grands opérateurs ont aussi revu et renforcé leurs procédures de gestion de crise permettant d’enclencher rapidement la structure de réaction et de gestion de l’événement mais aussi de faire face plus efficacement l’explosion du nombre d’interventions en mobilisant leurs ressources (personnel interne et entreprises sous-traitantes) plus rapidement, en concluant des marchés avec des transporteurs d’eau par camion citerne afin de remplir les ouvrages de stockages (réservoirs et châteaux d’eau) qui ne seraient plus alimentés ou encore, à l’instar de la SWDE et de la CILE, en s’équipant des installations nécessaires à une production autonome de berlingots ou de touries pour approvisionner les clients temporairement dépourvus d’alimentation par le réseau.

    La crise de 2009 a par ailleurs été suivie d’une phase d’analyse sur les points faibles des réseaux en vue de concevoir et de mettre en oeuvre des investissements visant à les renouveler ou à les sécuriser.

    Pour ne prendre que l’exemple du Hainaut occidental où la crise fut la plus aigüe en 2009, depuis lors, la SWDE a investi plus de 12 600 000 euros en renouvellement et en sécurisation de ses installations ce qui représente la pose de quelque 38 km de nouvelles canalisations et le remplacement de plus de 2 800 raccordements. A cela viennent s’ajouter quelque 14 700 000 euros d’investissements pour accroître les capacités de production, de traitement ou de pompage ainsi que de stockage (château d’eau supplémentaire).

    La SWDE, principale victime de l’hiver 2009, n’en restera pas là puisque complémentairement aux actions citées ci-avant, elle a étudié un schéma directeur exceptionnel de renforcement et de sécurisation de ses installations de production qui s’étalera sur 10 ans et dont le montant total des investissements s’élèvera à 250 000 000 euros. La SWDE complètera aussi son réseau de télégestion d’ouvrages (4 300 000 euros par an pendant 6 ans) qui servira notamment afin d’accroître sa réactivité lors d’incidents.



    Gestion des rendements

    En ce qui concerne cette fois l’eau captée qui « se perd », il convient d’apporter quelques précisions sur les notions de pertes et de rendement des réseaux.

    La notion de rendement pose question car elle sous-tend que l’eau qui n’est pas vendue est perdue, ou gaspillée. Or ce n’est pas nécessairement le cas.

    Effectivement cette eau non facturée se décline en diverses consommations non comptabilisées mais cependant souvent utiles comme l’eau utilisée par les services d’incendie ou les services de voirie des villes et communes pour curer les égouts ou nettoyer les voiries, l’eau utilisée en toute connaissance de cause par les distributeurs pour nettoyer les châteaux d’eau et les réservoirs, pour purger les extrémités de réseaux, pour rincer les canalisations après des travaux ou préalablement à la mise en service de nouvelles conduites.

    A tout cela, il faut encore ajouter :
    - les volumes non facturés parasites qui résultent de détournements illégaux ;
    - les compteurs, même s’ils sont étalonnés et remplacés régulièrement (tous les 16 ans maximum), sont le siège, comme tout instrument de mesure, d’imprécisions d’enregistrement ou de dysfonctionnements (blocage) ;
    - les cas réguliers de canalisations arrachées lors de travaux par des tiers ou ceux plus exceptionnels d’accidents d’exploitation comme des débordements d’ouvrages de stockage ;
    - les fuites dans les réseaux consécutives à des ruptures de canalisations ou à la détérioration de joints, par exemple.

    Par définition, il n’est guère aisé de ventiler les volumes dont il vient d’être question puisque leur première caractéristique est justement de ne pas être comptabilisés. En Région wallonne, le rendement (rapport entre les volumes d’eau mis à disposition du réseau et ceux effectivement facturés aux clients) moyen du réseau de distribution proprement dit de la Wallonie est, pour une année climatique normale, de l’ordre de 70 à 75 %. Ce qui signifie que 25 à 30 % (environ 56 à 68 millions de mètres cubes³) de l’eau mise à disposition des réseaux ne sont pas facturés aux clients. Il ne s’agit pas pour autant uniquement de fuites sur les réseaux. Les spécialistes s’accordent pour dire que 40 à 50 % sont réellement des pertes dues aux fuites.

    Une multitude de paramètres entre en ligne de compte pour influencer l’état d’un réseau et le calcul de son rendement. Il faut ainsi tenir compte de la dispersion de la clientèle desservie, des éventuelles sollicitations routières importantes, de la topographie et des variations parfois importantes de la pression, de la nature du sol (stabilité, agressivité), de la qualité et de la technique de pose, de la nature des canalisations et de leur âge (qui n’est qu’un élément parmi d’autres et pas nécessairement celui qui est prépondérant) mais encore de la consommation spécifique par client.

    La détection des ruptures de canalisations et la recherche d’un rendement toujours meilleur est une préoccupation quotidienne des distributeurs d’eau et pour certains d’entre eux comme la SWDE, cela constitue même un objectif de son plan stratégique et un indicateur dans son contrat de gestion. Dans le contexte économique et environnemental actuel, l’aspect primordial de cet objectif est d’autant plus d’actualité.

    Tous les distributeurs disposent de systèmes plus ou moins élaborés pour le contrôle de leurs réseaux et d’équipes spécialisées pour la recherche de fuites qui sillonnent en permanence les milliers de kilomètres de conduites qu’ils ont à gérer (à elle seule la SWDE gère quelque 28 000 km de canalisations hors raccordements) avec l’objectif d’optimiser les performances des réseaux.

    Par ailleurs, les distributeurs recourent également aux travaux de renouvellement des canalisations pour améliorer ce que nous continuerons d’appeler le rendement des réseaux. Ils représentent un pan important des investissements des distributeurs d’eau de l’économie wallonne en général ce qui permet de tendre vers un taux annuel de renouvellement de 1 % du linéaire des canalisations existantes.

    L'objectif d'utilisation rationnelle de la ressource en eau constitue bien un objectif permanent et prioritaire des distributeurs d’eau qui vient à orienter les investissements toujours conséquents à consentir par le secteur vers la promotion de la qualité incontestable de l'eau distribuée en Wallonie et l'entretien d'un réseau de distribution sain, durable et sécurisé.