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Les certificats verts

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 406 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 29/02/2012
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique


    Pour quelles raisons le coefficient de modération éolien est-il resté invariable?

    Le système d'attribution des CV éoliens varie de Région en Région. Contrairement à la législation en Région flamande (Energiedecreet du 8 mai 2009) où il est attribué un CV à chaque MWh éolien pour autant qu'il soit produit sur le territoire de la Région flamande sans autre condition, la législation wallonne (décret du 12 avril 2001, arrêté du Gouvernement wallon du 13 novembre 2006), dispose que le nombre de CV attribués par MWh (coefficient de modération) dépend de l'économie de CO2 réalisée par rapport aux émissions dues à une génération classique estimée conventionnellement à 456 kg CO2/MWh. Ce mécanisme est réévalué tous les trois ans, plus particulièrement en ce qui concerne le coefficient (CV/MWh) attribué.

    D'autre part, il est constaté d'une manière générale que la croissance du taux de pénétration éolien dans le mix énergétique réduit le pouvoir de réduction des GES de l'éolien. Ceci est parfaitement illustré dans la situation irlandaise qui montre quart d'heure par quart d'heure l'intensité des émissions de CO2 (kg/MWh) et la production éolienne (MW).
    Voir http://www.eirgrid.com/operations/systemperforma ncedatal co2intensityl et http://www.eirgrid.com/operations/systemperformancedata/windgeneration/

    Exemple: le 7 février de 12H à 12H45, le taux de pénétration de l'éolien a augmenté de 17 % et l'intensité des émissions de CO2 n'a diminué que de 1 %.

    Depuis 2001 (année du décret précité), le taux de pénétration de l'éolien a considérablement augmenté. Il faut donc s'attendre à une baisse du pouvoir de réduction du CO2 par rapport à la valeur initiale de 2001. Rappelons que ce phénomène avait déjà été signalé dans les études scientifiques depuis 2006 (Kris Voorspools, William D'haeseleer « Impact assessment of using wind power ». Solar Energy 80 (2006) 1165-1178) : « We observe that the increase in emission reduction is slightly sub-linear with the increase in installed power. Il the installed power increases with a factor X, the emission reduction increases with a factor slightly below X." .


    Monsieur le Ministre peut-il nous expliquer pourquoi lors des révisions trisannuelles le coefficient de modération éolien est resté invariable?

    Ne pense-t-il pas qu'il serait grand temps de réactualiser la règle d'attribution des CV en conséquence?
  • Réponse du 19/03/2012
    • de NOLLET Jean-Marc

    La question posée fait référence à un article de Fred UDO publié sur internet et s’intitulant « Wind Energy in the Irish Power System ». Cet article vise à mettre en évidence des corrélations entre les émissions spécifiques du parc de centrales électriques irlandais et le taux de pénétration de la production des éoliennes (à savoir la production d’électricité des éoliennes rapportée à la production totale du parc de production). Cette analyse tend à démontrer, sur la base de mesures réelles, que les émissions spécifiques de CO2 (exprimées en grammes de CO2 par kWh produit par l’ensemble du parc) augmentent lorsque le taux de pénétration des éoliennes augmente.

    Les arguments de cet article ont été réfutés par des contre-expertises. L’argument principal est le suivant : c’est par grand vent que la production des éoliennes est la plus importante, mais c’est également souvent à ces moments-là que les demandes d’électricité et de chaleur (notamment pour les unités de cogénération du parc) sont les plus fortes, impliquant l’exploitation de toutes les composantes du parc de centrales électriques (y compris les plus fortement émettrices). A contrario, l’examen des mêmes séries de données, mais pour un niveau de demande d’électricité équivalent, permet de mettre en évidence que les émissions spécifiques de CO2 du parc sont d’autant plus faibles que la vitesse du vent est importante.

    Les rapports cités supra sont notamment en contradiction totale avec bon nombre de statistiques officielles et d’études réalisées par des opérateurs de réseaux indépendants prouvant que la réduction des émissions de CO2 liée à l’implantation de parcs éoliens est en réalité supérieure aux attentes. En effet, outre le fait que chaque kWh produit par le vent se substitue à un kWh produit par une centrale à carburant fossile, de récentes analyses ont mis en évidence le fait que les parcs éoliens réduisent davantage les émissions de CO2 en forçant le remplacement de centrales classiques, peu souples et polluantes, par des modes de production plus efficaces et moins polluants.