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Les efforts fournis par les aéroports de Liège et de Charleroi en matière de réduction des gaz à effet de serre

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 300 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 02/03/2012
    • de de COSTER-BAUCHAU Sybille
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Le Ministre Henry me renvoie vers Monsieur le Ministre concernant les mesures prises par l’aéroport de Liège en matière de diminution des gaz à effet de serre.

    Actuellement, le transport en Belgique, aviation incluse, a vu ses émissions de gaz à effet de serre augmenter de 31 % entre 1990 et 2009 et représente actuellement près de 25% des émissions en Belgique.

    Au cœur de l’Europe, avec son infrastructure logistique et son pôle de compétitivité basé sur ce thème, la Wallonie est une zone de transit importante. Le défi actuel pour la Wallonie, et pour la Belgique en général, est la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Malgré que des politiques d’inter et de multimodalité ont été mises en place depuis quelques années, en Belgique, selon des chiffres de la Commission européenne, le transport, aviation incluse, était l’un des rares secteurs à disposer d’un coefficient de GES positif par rapport à 1990, à savoir +30%. Et, les prévisions sont assez alarmantes car on table, au mieux, pour 2030 sur une réduction de 9% et, au pire, sur une augmentation de 20% de ces GES.

    L’aéroport de Liège est dans le top dix des aéroports européens en matière de fret avec près de 674 000 tonnes de fret annuel et bénéficie d’une situation exceptionnelle au centre du triangle d’or Paris - Amsterdam - Francfort qui traite 66 % du fret aérien européen, 75 % si on ajoute Londres.

    En Flandre, le port d’Anvers mène une politique de réduction du CO2 à plusieurs niveaux : économie et utilisation rationnelle de l’énergie, application des techniques et processus les moins énergivores, utilisation de sources d’énergie renouvelables et pauvres en CO2, …

    L’aéroport de Liège mène-t-il le même genre de politique que le port d’Anvers afin de diminuer ses GES ?

    Quelles sont les politiques menées en la matière ?

    De même, l’aéroport de Charleroi, avec c’est 6 millions de passagers par an, en augmentation de 700% par rapport à 2001, s’est-il lancé dans une politique de diminution des GES ?

    En outre, en Belgique, on dénombre quelque 300 « sauts de puce » d’avions commerciaux entre les aéroports de Bruxelles, Ostende et Liège. Il s’agit pour la plupart de vols charters qui font escale entre ces trois aéroports. En décembre 2011, la ministre flamande de la mobilité Hilde Crevits (CD&V) défendait ces vols de courte distance car, selon elle, ils sont «nécessaires pour assurer le taux d'occupation de l'avion, ce qui a en soi un impact positif sur l'environnement».

    Quelle est la position de la Région wallonne en la matière ? Ces sauts de puce sont-ils nécessaires comme l’affirme l' « homologue » flamande de Monsieur le Ministre ? Au contraire, le bon sens les définirait comme polluants. Le sont-ils ?
  • Réponse du 14/03/2012
    • de ANTOINE André

    D’emblée, je me dois de rappeler à l’honorable membre que la directive européenne 2008/101/CE du 19 novembre 2008 modifie la directive 2003/87/CE, afin d’intégrer les activités aériennes dans le système communautaire d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre (GES).

    Un décret wallon du 6 octobre 2010 transpose cette nouvelle directive. La transposition en droit wallon du système d’échange des quotas de CO2 relève de la compétence de mon collègue, Monsieur Philippe Henry, Ministre en charge de l’Environnement.

    Conformément aux principes fixés dans la décision de la Commission européenne du 26 septembre 2011, le Gouvernement wallon a fixé, par arrêté du 17 novembre 2011, les quotas d'émission de gaz à effet de serre alloués aux compagnies aériennes pour la période 2012 et pour la période 2013-2020.

    Il y a donc lieu de distinguer les émissions des activités aériennes et celles des activités des aéroports.

    Sans attendre 2012, les émissions des activités aériennes sont déjà réduites grâce à la flotte récente des avions atterrissant ou décollant sur les aéroports wallons. Les nouveaux avions émettent moins de CO2 par kilomètre parcouru. En outre, nos aéroports desservent généralement des destinations sans escale. Or, l’on sait que près de 50 % des émissions de GES sont constatées au décollage.

    C’est dans ce contexte également que, dès 2006, je m’étais opposé aux vols de courte distance sous forme d’escales entre aéroports, dits « sauts de puce », lesquels ont pour seul objectif l’avitaillement complet ou l’ajout de passagers. En effet, ces sauts de puce génèrent plus d’émissions de GES que le transport de passagers par voie terrestre. Je ne partage donc pas du tout la position de la Ministre Crevits.

    Compte tenu de l’exiguïté du territoire belge, l’interdiction de ce type de vol n’a de sens que si elle est adoptée au-delà de nos frontières. C’est pourquoi, depuis 2006, j’interpelle régulièrement à ce sujet tant le Gouvernement fédéral belge que la Commission européenne. En vain.
    La dernière réponse reçue le 6 janvier 2012 de M. Siim Kallas, Commissaire aux Transports, me précise que le principe de subsidiarité doit s’appliquer pour gérer la problématique des sauts de puce. Il estime que – à tort selon moi – que des interdictions de vol peuvent être mieux traitées au niveau national qu’européen.

    En ce qui concerne les activités sur les sites aéroportuaires, les aéroports wallons ont d’ores et déjà pris un certain nombre de mesures visant à limiter l’impact de leurs activités sur l’environnement avec le concours des sociétés d’exploitation et de la SOWAER.

    Pour l’aéroport de Liège, Liege Airport a instauré un système de gestion de l’environnement qui est certifié conforme à la norme ISO 14001 et s’est inscrite dans la démarche « Airport Carbon Accreditation » soutenue par la Commission européenne. Parmi les plans d’actions menés par Liege Airport, plusieurs concernent directement la réduction des émissions de GES. Ainsi, par exemple, Liege Airport a réalisé un cadastre énergétique, conclu un accord d’approvisionnement en électricité 100% verte, équipé le nouveau bâtiment administratif de pompes à chaleur qui puiseront leur énergie dans la géothermie et prévu d’installer des panneaux photovoltaïques sur les toitures des nouveaux bâtiments. En outre, un système souterrain d’alimentation en kérosène vient d’être installé afin de diminuer les déplacements des camions avitailleurs. Bientôt, le transport bimodal air/rail devrait être une réalité avec le projet mené par Liege Carex.

    Pour l’aéroport de Charleroi, Brussels South Charleroi Airport (BSCA) a déjà réalisé un « bilan carbone » et s’est également inscrite dans la démarche « Airport Carbon Accreditation ». En outre, BSCA a lancé un plan d’actions ambitieux visant à réduire tant ses émissions directes (bâtiments, véhicules, déplacements domicile-travail,…) que ses émissions indirectes de GES (passagers, partenariats avec les compagnies aériennes, les fournisseurs, les concessionnaires, …).
     
    Des actions concrètes ont déjà été engagées telles que, par exemple, l’installation de groupes 400hz électriques obligeant les pilotes de mettre les réacteurs auxiliaire à l’arrêt, les tracteurs thermiques ont été remplacé progressivement par des tracteurs électriques, le système de tri des bagage est entièrement automatisé et s’arrête si nécessaire, la production de chaleur est réalisée par des chaudières à condensation à haut rendement complétée par une cogénération, la production de froid pour la climatisation est optimisée par un stockage de nuit, l’amélioration nette de l’efficience énergétique de la nouvelle aérogare, les interconnexions existantes avec la gare de Charleroi et les grandes villes par bus et bientôt avec la gare SNCB.