Les importants investissements dans la biomasse
- Session : 2011-2012
- Année : 2012
- N° : 428 (2011-2012) 1
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Question écrite du 05/03/2012
- de EERDEKENS Claude
- à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique
« Le Soir » du 21 septembre 2011 nous apprend que le plus grand producteur d'électricité du pays envisage d'importants investissements dans la biomasse.
L'article précise: « Arguments avancés par Electrabel : les centrales à la biomasse apparaissent comme la meilleure solution économique dans l'éventail vert (éolien, solaire, etc.) car elles sont proportionnellement moins coûteuses. ».
A ma question n° 611 du 24 mai 2011, Monsieur le Ministre avait répondu que « de manière générale, la biomasse - durable au sens de la directive 2009/28 - est effectivement considérée comme une composante essentielle du bouquet énergétique renouvelable futur ».
Il convient de rappeler que le plan national d'action en matière d'énergie renouvelable (Novembre 2010) annonce pour la «biomasse-électricité» un objectif 2020 de 11039GWh = 949Ktep.
En 2020, l'on sera donc très loin de la limite Ecolo de 0,75tep/hab (cfr séance plénière du parlement wallon en date du 6 avril 2011, intervention de M. Xavier Desgain).
On ne peut perdre de vue que l'utilisation de la biomasse «durable» est essentielle pour des régions comme la Wallonie (densité de population élevée, peu de ressources naturelles disponibles sur le territoire en regard des besoins de la population).
Monsieur le Ministre peut-il expliquer pour quelles raisons les objectifs du Gouvernement wallon ne définissent aucun objectif précis en 2020 pour la biomasse, par rapport aux improbables 4500GWh/an d'éolien, apparemment plus coûteux, selon Electrabel et d'autres experts qualifiés?
Réponse du 26/03/2012
- de NOLLET Jean-Marc
Comme je l’ai déjà mentionné à l'honorable membre à l’occasion d’autres questions similaires, il n’y a pas à choisir entre la biomasse et l’éolien pour le développement de l’électricité verte. Je rappelle que la Wallonie devra développer toutes les filières renouvelables afin d’être en mesure d’atteindre nos objectifs. Le recours à la biomasse à des fins énergétiques doit cependant se faire de manière raisonnée, afin de garantir la pérennité des sources biomasse potentielles, de poursuivre les utilisations matière et alimentaire de la biomasse, et de viser les meilleurs rendements énergétiques.
De manière générale, la biomasse – durable au sens de la Directive 2009/28 – est effectivement considérée comme une composante essentielle du bouquet énergétique renouvelable futur. Ses principaux avantages résident dans son caractère renouvelable, un cycle neutre en CO2 et ses possibilités de stockage. Néanmoins, il est sans doute utile de rappeler que la filière biomasse électricité présente aussi des obstacles. En effet, la ressource biomasse, bien que renouvelable, n’est pas illimitée. Il convient donc de l’utiliser avec parcimonie dans le cadre de l’objectif de tendre à 20% d’énergie renouvelable dans la consommation finale d’énergie, avec les apports respectifs de la part wallonne de l’éolien off-shore, des renouvelables dans le transport et de la chaleur issue de sources renouvelables. Sur ce dernier point, l’expertise menée par CapGemini a montré tout l’intérêt des utilisations ‘chaleur’ ou ‘cogénération’ de la biomasse, ce qui en limite la disponibilité pour des applications purement électriques.
Dans ce cadre, j’ai reçu mandat du Gouvernement wallon de constituer une cellule biomasse avec mes collègues Philippe Henry, Carlo Di Antonio et Jean-Claude Marcourt. L’objectif de cette cellule est de préparer un rapport sur la biomasse-énergie s’inscrivant dans une stratégie ‘biomasse durable’, dans laquelle le recours à la biomasse énergie sera encadré par des critères de durabilité. Les ordres de grandeur de recours aux différentes formes de biomasse y seront précisés.
Concernant l’objectif éolien retenu par le Gouvernement wallon, j’ai déjà pu m’exprimer à de nombreuses reprises également. Je rappellerai que cet objectif constitue un productible réaliste résultant d’un exercice cartographique ; il permet d’exploiter correctement une partie du gisement éolien présent sur le territoire wallon, tout en respectant le cadre de vie et la qualité paysagère et environnementale de la Wallonie.
Enfin, sur le coût de l’éolien comparativement aux grandes unités centralisées de production d’électricité à partir de biomasse, je rappelle que les documents publiés par la CWaPE et qui montrent que les investissements dans l’éolien ont un bon rapport coût/efficacité. Il n’a jamais été démontré que les installations de biomasse étaient comparativement moins chères, d’autant que le prix du combustible (en l’occurrence les pellets) peut enregistrer une certaine volatilité.