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Les interruptions de formation

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 312 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 08/03/2012
    • de SIMONIS Isabelle
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Les interruptions de formation constituent un signe révélateur de la difficulté rencontrée par le stagiaire à construire son projet socioprofessionnel.

    L'interfédé, sur base des éléments récoltés dans le cadre de la radioscopie des stagiaires, apporte des premiers éléments de compréhension.

    La question de l'interruption des parcours de formation n'est pas l'apanage du secteur des EFT et OISP. En effet, dans l'enseignement universitaire, le taux d'abandon (sortie de l'enseignement universitaire) en 2006 s'élevait à 23%. Dans les régies de quartier, le rapport 2009 nous apprend que 66% des stagiaires ont achevé leur parcours au sein des régies. Une enquête interuniversitaire en 2007 montrait qu'en moyenne 53% des stagiaires mènent la formation à son terme (obtention d'une qualification).

    Pour les EFT et OISP, l'interruption désigne les cas très variés tels que l'interruption pour force majeure, l'arrêt pour raisons personnelles, l'abandon, le décès, l'incarcération, la libération d'un incarcéré ou tout simplement l'exclusion du centre pour conduite inadaptée. Si l'on calcule le taux d'interruption par rapport au nombre global des stagiaires en formation, on a un taux d'interruption légèrement supérieur à 17% en 2010, soit près de 3000 cas.

    Quand on observe le taux d'interruption des stagiaires en rapport avec le niveau d'études à l'entrée en formation, on constate que les stagiaires de niveau d'études inférieur ou égal au CEB enregistrent des taux d'interruption relativement plus élevés: 41 % des cas d'interruption recensés alors qu'ils représentent 28% du public. Les stagiaires sans diplôme, 19% dans l'ensemble des stagiaires en 2010, connaissent quant à eux un taux d'interruption comparable à leur part dans le public, soit 18,8%.

    Si l'on observe le taux d'interruption des stagiaires en rapport avec le statut à l'entrée en formation, on constate une probabilité légèrement plus élevée d'interruption pour les stagiaires qui émargent du CPAS : près d'1/4 des cas d'interruption en 2010 alors qu'ils sont 18% dans l'ensemble des stagiaires. C'était déjà le cas en 2008 comme en 2009. Reste que ce sont les stagiaires sous statut de chômeur complet indemnisé qui couvrent 43,6% des interruptions, bien que ce taux soit inférieur à leur proportion dans le public global en EFT et OISP.

    On constate également, lorsqu'on agrège les données en trois familles de filières, que la probabilité d'interruption des stagiaires dans les filières métiers est supérieure aux filières « développement personnel » et « savoirs de base ». La même observation est valable pour les années 2008, 2009 et 2010.

    Pour ce qui est de l'influence de la durée d'inoccupation des stagiaires précédent l'entrée en formation, il apparaît que plus la durée d'inoccupation augmente, plus le taux d'interruption diminue. En effet, le groupe de stagiaires d'une durée d'inoccupation inférieure à 24 mois représente 65,5% des interruptions en fonction de la durée d'inoccupation. Lorsque l'on observe la distribution des cas d'interruption en fonction du nombre d'heures de formation passée au sein de l'EFT ou de l'OISP, on constate que 60 % des cas d'interruption se produisent avant d'atteindre 200 heures de formation.

    Les moments où se produisent les interruptions se situent diversement dans les processus de formation, mais près de 55% des cas d'interruption se produisent au courant des trois premiers mois de formation, et 75% interviennent avant le seuil de six mois.

    Monsieur le Ministre corrobore-t-il ces informations? Quand on observe les chiffres de l'interruption de formation, les motifs restent relativement obscurs et portent à plusieurs interprétations. Quelle analyse porte-t-il sur ces éléments ? Au-delà des essais-métiers, quel est le panel des solutions envisageables afin de réduire les interruptions de formation ?
  • Réponse du 25/06/2014
    • de ANTOINE André

    La problématique liée à l’interruption des formations doit être traitée à deux niveaux. D’une part, il convient d’assurer la bonne orientation du stagiaire en veillant à l’adéquation entre le profil du stagiaire et la formation qu’il poursuit. D’autre part, des mesures doivent pouvoir être prises en cours de formation pour limiter leurs interruptions.

    Concernant l’orientation du stagiaire, le décret du 12 janvier 2012 relatif à l’accompagnement individualisé et au dispositif de coopération vise à attribuer à chaque demandeur d’emploi un conseiller référent, issu du FOREm, chargé de le suivre tout au long de son parcours d’insertion. Ce dernier veille donc, moyennant la réalisation d’un bilan et d’un plan d’actions, à orienter le demandeur d’emploi vers l’opérateur de formation et d’insertion qui correspond le mieux à ses besoins et attentes. Il assure ensuite le suivi du stagiaire et, au besoin, l’ajustement de son plan d’actions.

    Le succès de ce dispositif est indéniablement lié à la nécessité d’assurer une bonne coopération et coordination entre les opérateurs des formations et d’insertion. Pour ce faire, le décret prévoit la conclusion de contrat de coopération entre le FOREm et chaque acteur du dispositif de coopération. En outre, une Commission des opérateurs a été créée et constitue un lieu de dialogue et d’échange entre les différents acteurs.

    Au-delà de l’orientation réalisée par le conseiller référent, les différents acteurs du dispositif de coopération doivent également vérifier que le stagiaire correspond au type de formation qu’ils organisent et au besoin, le réoriente vers l’opérateur adéquat. Ainsi, le nouveau décret relatif aux centres d’insertion socioprofessionnelle (CISP), entré en vigueur le 1er janvier 2014, prévoit l’obligation pour les centres d’établir, dans le cadre de leur programme pédagogique, les modalités relatives à la réorientation du candidat stagiaire.

    Enfin, quant aux mesures prises en cours de formation, le nouveau décret CISP renforce également, à travers le programme pédagogique du centre, le suivi pédagogique des stagiaires. L’arrêté exécutif précise, quant à lui, les tâches minimales pour assurer le suivi pédagogique, garantissant de la sorte que celui-ci soit effectivement réalisé.