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L'objectif éolien wallon à l'horizon 2020

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 468 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 15/03/2012
    • de MOUYARD Gilles
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Il n’a toujours pas été précisé sur base de quelles considérations opérationnelles a été défini l’objectif des 4500 GWh/an pour l’éolien wallon en 2020. Or une étude du Bureau fédéral du plan précise que « La production brute d’électricité à partir de SER s’élève à 22 TWh en 2020. En 2020, l’énergie éolienne couvre 50 % de la production électrique à partir de SER (deux tiers sont assurés par l’offshore, l’autre tiers par l’onshore) et la biomasse 47 %. ».

    Monsieur le Ministre peut-il expliquer que l’onshore belge représenterait donc 3,67 TWh/an alors que l’onshore wallon serait de 4,5 TWh/an ?

    Même si on estime que la Région définit d’une manière autonome ses objectifs en matière de renouvelables compte tenu des normes de la régionalisation, il est bon de rappeler que tout ce qui concerne (loi 8 août 1980) « le plan d’équipement national du secteur de l’électricité » est à charge du Fédéral.

    Il en résulte une charge fédérale d’investissement en équipement de back-up. Monsieur le Ministre peut-il nous dire quels sont les accords avec le Fédéral à ce sujet lorsque le potentiel d’énergie renouvelable régionalisé est nettement plus élevé par rapport aux études ?

    Le Bureau du plan insiste également sur le fait que « on notera aussi que, dans certaines régions, le potentiel de sources d’énergie décentralisées dépasse largement la demande locale. Il y aura donc d’importantes injections du niveau de la distribution vers le niveau du transport. Mais l’infrastructure de transport existante n’est actuellement pas configurée pour ces flux atypiques, si bien que le GRT (Elia) doit investir dans des adaptations structurelles du réseau de transport. Ce processus de décentralisation de la production électrique aura, à terme, des répercussions sur les réseaux, sur les pertes de réseau, sur l’aménagement du territoire, sur les capacités de réserves, sur les possibilités d’échange et d’équilibrage, etc. La question de la décentralisation est relativement complexe et nécessite une réflexion à long terme sur le design des réseaux. Cette réflexion constitue l’une des missions de la plate-forme interuniversitaire sur la fiabilité des réseaux (Be Prone), qui a vu le jour en 2009, sous la forme d’une association sans but lucratif et qui réunit les parties prenantes du système électrique belge ainsi que le potentiel scientifique concerné du pays : la direction générale de l’Energie, Elia, la CREG et plusieurs universités (ULB, KULeuven, ULg, etc.) »

    Monsieur le Ministre peut-il chiffrer les conséquences des 8000 GWh/an de renouvelables 2020 « made in Wallonie » sur le budget fédéral et celui d’ELIA pour ce qui concerne les adaptations structurelles du réseau de transport ?
  • Réponse du 04/04/2012
    • de NOLLET Jean-Marc

    L’honorable membre ne précise pas la référence de l’étude du Bureau fédéral du Plan d’où il tire sa citation, de même que le chiffre de la contribution de l’éolien on-shore belge. Je ne peux donc pas répondre de manière précise à sa question. Pour le reste, j’ai déjà pu répondre à plusieurs reprises sur le rôle important de l’éolien on-shore dans le mix d’électricité renouvelable en Belgique à l’horizon 2020. J’en rappellerai donc les principaux éléments.

    Chaque niveau de pouvoir doit prendre ses responsabilités en vue d’atteindre l’objectif belge contraignant de 13% de sources renouvelables dans la consommation d’énergie finale à l’horizon 2020. Dans ce cadre, il n’y a pas à choisir entre le développement éolien off-shore et on-shore ; il faudra soutenir le développement de ces deux sources d’énergie, cruciales pour notre avenir énergétique. Il faudra recourir à une large palette de ressources renouvelables, parmi lesquelles les éoliennes on-shore auront un rôle prépondérant. C’est d’ailleurs tout le sens de l’adoption du plan national en matière d’énergies renouvelables, validé par les entités fédérale et régionales de la Belgique. La part des sources renouvelables dans la consommation d’électricité belge s’élèvera à 21% en 2020, contre un peu moins de 5% en 2010. L’éolien sera certes une filière essentielle dans la contribution de cette part, mais elle représentera moins de la moitié de l’effort.

    A propos de la nécessité de back-up, il faut retenir que ce ne sont pas les centrales thermiques qui compensent l'arrêt de l'éolien, c'est l'éolien qui vient soulager la production traditionnelle. Lorsque le vent ne souffle pas, la production électrique classique retrouve bien son taux d’émission de CO2 initial. Il s'agit bien d'un retour au niveau initial, pas d'une augmentation par rapport au niveau de base. A moyen terme, la mise en œuvre de la loi sur la sortie progressive du nucléaire permettra aux centrales au gaz de fonctionner davantage en ‘base-load’, ce qui aura un impact positif sur l’intérêt d’investir dans ce type de centrales. A long terme, l’intégration de plus en plus importante d’unités de production décentralisées devra aller de pair avec un parc de production capable de répondre aux conditions les plus critiques ; le système électrique devra avoir accès à des moyens de production réglables. Il n’y a pas d’étude spécifique sur le sujet menée en Wallonie, mais la CWaPE, dans le cadre de son avis CD-11g05-CWaPE-334, fait référence à certaines études internationales sur le sujet.

    Pour accueillir davantage de productions décentralisées, il faudra effectivement renforcer la capacité d’accueil du réseau. D’après l’avis de la CWaPE sur le sujet datant du 7 juillet 2011 et qui se réfère aux études européennes existantes qui se concentrent sur l’éolien, l’investissement s’élèverait à environ 150 millions d’euros, amorti sur plusieurs années. Selon une hypothèse assez conservatrice de coût et sur la base des objectifs d’électricité verte à l’horizon 2020 sous-tendus par les quotas, la CWaPE évalue le coût lié au renforcement des réseaux à moins de 1,5 € par MWh fourni en 2020, ce qui représente de l’ordre de 1% du coût global de l’électricité. Par ailleurs, la CWaPE rappelle qu’il est possible de réduire ce surcoût par la gestion active de la demande ou les raccordements flexibles, hypothèses développées dans le rapport de la CWaPE suite aux travaux du groupe de réflexion REDI.

    Je terminerai en assurant l’honorable membre que des contacts réguliers sont pris entre les régions et le fédéral, à travers notamment la plateforme de concertation CONCERE.