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Les surfaces agricoles consacrées à la culture de la pomme de terre en lien avec le marché dérégulé

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 405 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 15/03/2012
    • de DETHIER-NEUMANN Monika
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Au cours des dernières années, les chiffres du recensement agricole publiés par la Direction générale « statistiques et information économique », n’ont cessé d’illustrer une croissance importante de la culture de la pomme de terre jusqu’en 2010.

    Cette situation avait déjà éveillé l’attention d’Ecolo pour ce qui concernait l’impact de cette augmentation de surface sur la qualité des sols et sur l’environnement. Mais aujourd’hui, ce sont d’autres questions qui se posent par rapport à cette évolution : récemment, nous pouvions lire dans Le sillon belge, que l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT) recommandait une baisse de 10% des superficies françaises affectées à la culture de pommes de terre « pour réguler un marché trop fortement excédentaire ». Cette recommandation fait suite à une « chute brutale de l’exportation en cette campagne 2011/2012, alors que c’est l’exportation qui a assuré la croissance du marché tout au long des dix dernières années ». Le président de l’Union française des producteurs de pommes de terre prévoit d’ailleurs « un marché mondial de la pomme de terre déséquilibré en 2011/2012 ».

    L’agriculture est aujourd’hui soumise au marché spéculatif, c’est lui qui dicte le choix des cultures. Cependant, le marché dérégulé complique la tâche de l’agriculteur, car il n’y a pas de connaissance et de confrontation entre l’offre et la demande. Chaque agriculteur décide seul de la teneur de sa culture. Si les agriculteurs maintiennent la même quantité de pommes de terre que l’année dernière, l’offre risque de se trouver excédentaire et les prix de s’effondrer. De la même manière, si chaque agriculteur réduisait sa culture de pommes de terre de 10% en 2013, il pourrait y en avoir trop peu.

    La conclusion est que le marché totalement libre n’est pas une bonne solution, ni pour les agriculteurs, ni pour les consommateurs, car l’ajustement se fait en une fois et par année. Sur une longe période, cela fonctionne (cfr. production de raison), mais pas année par année.

    Quelle est la situation en Belgique  en matière de consommation, de production et donc d’excédents et de prix ?

    Quelle est la recommandation théorique (planter plus ou planter moins) pour 2012 et qui est à l’origine de ces recommandations ?

    Ce genre de recommandations sont-elles suivies d’effets, à la connaissance de Monsieur le Ministre ? 

    Quels acteurs se satisfont de ce mode de régulation : les agriculteurs; les associations d’agriculteurs ; les entreprises agro-alimentaires; les consommateurs ?

    Dispose-t-on d’une évaluation des politiques de dérégulation au niveau européen et wallon ?

    Ecolo plaide pour une re-régulation des marchés. Vu le marché libéralisé, quelles sont toutes les possibilités actuelles pour plus et mieux re-réguler ce marché comme, par exemple, faire mieux connaître la volonté d’offre ?

    La DPR parle de conserver le rôle régulateur des pouvoirs publics. Quelle est la position de Monsieur le Ministre par rapport à cela ?

    Enfin, quelle est la stratégie de Monsieur le Ministre pour que la Wallonie et la Belgique soutiennent cette idée au niveau européen et ensuite au niveau mondial ?
  • Réponse du 05/04/2012
    • de DI ANTONIO Carlo

    Les marchés libres de la pomme de terre de consommation en Europe sont actuellement très dépréciés. Cette situation résulte de plusieurs facteurs :
    - une augmentation des superficies sur le principal bassin de production ;
    - un rendement élevé de la culture en 2011 ;
    - un manque d’activité des marchés à l’exportation.

    La recommandation française de réduire de 10 % les surfaces découle du manque de commerce à l’exportation.

    En Belgique, c’est la demande du secteur de la transformation qui domine largement le marché. La production de frites et des autres produits précuits surgelés ou non progresse chaque année de 5 à 10 %.

    La Belgique a franchi en 2010 le cap des 3 millions de tonnes de pommes de terre transformées (source : Belgapom) et les perspectives restent favorables, tant les transformateurs belges sont compétitifs sur les marchés européens et mondiaux.

    Cette demande croissante du secteur de la transformation a permis à la pomme de terre d’être parmi les cultures les plus rentables pour les agriculteurs wallons.

    Si la maîtrise des surfaces peut être a priori considérée comme un moyen de « réguler » l’offre, c’est surtout le rendement qui détermine l’importance de la production. Or, ce rendement peut varier de 40 % selon les conditions climatiques et n’est pas maîtrisable, sans parler de la qualité aussi très variable des productions. Tout le problème réside donc dans la maîtrise d’un développement raisonnable des surfaces afin d’accompagner la hausse de la demande (transformation et exportation) dans le respect de conditions de productions durables.

    Les producteurs sont informés des perspectives d’offre et de demande chaque année, par les estimations de surfaces, de rendement et de qualité en saison de production, mais aussi des stocks en cours de conservation, tant au niveau de la Belgique que des principaux pays producteurs européens (Pays-Bas, France et Allemagne).

    La demande du secteur de la transformation et la demande à l’exportation sont évaluées régulièrement et transmises aux producteurs. Une situation complète des marchés est établie chaque semaine. Toutes ces informations sont collectées, compilées et communiquées par la Fiwap avec la collaboration du Carah (Centre pour l’Agronomie et l’Agro-industrie de la Province de Hainaut - Ath) et du PCA (Provinciaal Proefcentrum Aardappelteelt - Kruishoutem).

    Même si quelque 50 % des productions de pomme de terre de consommation font l’objet d’un contrat de vente de pré-saison, la Belgique reste plutôt adepte du marché libre pour des raisons de variété produite (la Bintje, variété libre) de mentalité et de fonctionnement de marché.

    Les recommandations de réduction des superficies ne sont pas forcément suivies par les agriculteurs. Les éléments déterminants sont en effet externes au seul secteur de la pomme de terre, et ont trait à la rentabilité des autres cultures au travers de la concurrence pour le sol.

    C’est à chaque producteur qu’il appartient de définir sa politique de valorisation entre les contrats de pré-saison, le marché libre voire la vente directe en vue de réduire les risques, et cela en fonction de la réalité de son exploitation.