/

Le bilan carbone des éoliennes

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 617 (2011-2012) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 21/03/2012
    • de EERDEKENS Claude
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    Lors d'une conférence, M. Frédéric Chomé a exposé ce qui suit :

    « Pour fabriquer une éolienne (Vestas 3 MW) il faut :

    Fondations :
    300m3 de béton ;
    45 Td'acier

    Tour de 105 m : base au moyeu: 235 T d'acier
    Pales 45 m de fibre de verre-epoxy : 18 T
    Nacelle: 70 T
    Rotor : 41 T

    Total des émissions de GES dues à la fabrication d'une éolienne : 4600 T de C02

    Bilan carbone d'une éolienne

    Elle produit 3000 KW par heure pendant 2190 heures par an (maximum 25% du temps à pleine puissance) = 6.570.000 KWh.
    Elle permet d'économiser 114 g de C02 pour 1 KWh.

    Economie total de C02 par éolienne et par an : 114 x 6.570.000 = 749 T de C02.

    Emission totale de C02 pour la fabrication de cette même éolienne : 4600 T de C02.

    Faites le calcul : il faudra six années de fonctionnement pour rembourser les émissions de C02 dues à sa fabrication.

    Une éolienne a une durée de vie de 20 ans. Les six premières années, elle compense sa pollution propre.
    Certains diront: oui, mais les 14 autres années, elle réduira le taux de C02, et ça vaut donc la peine

    Faisons le calcul.

    Sur 20 ans, économie totale de C02 par éolienne: (749 x 20) - 4600 = 10.380 T
    Sur 1 an : pour rappel, en 2004, émission totale de C02 pour la Wallonie : 54.000.000 T

    Faisons un simple calcul :

    Emissions de C02 sur 20 ans en Wallonie : 54.000.000 T x 20 ans = 1.080.000.000 T
    Nos petites éoliennes économisent sur 20 ans: 10.380 T par tête.
    Vous voyez le rapport ? L'immense impact écologique d'une éolienne !!!
    10.380 T = % ? de 1.080.000.000 T

    Une éolienne a un impact écologique sur 20 ans de 0.00096% de réduction de C02 pour la Wallonie ».

    Quelle est la réaction de Monsieur le Ministre devant cette analyse de M. Chomé ?

    Celle-ci est-elle ou non validée? Dans la négative, pour quelles raisons ?
  • Réponse du 24/05/2012
    • de HENRY Philippe

    Dette énergétique

    Le cycle de vie et le bilan énergétique des différents modèles d’éoliennes ont été rigoureusement analysés : construction, assemblage, transport par route vers le site éolien, gestion des déchets,… Ce coût énergétique a ensuite été mis en comparaison avec la production d’énergie de l’éolienne (estimation annuelle selon les prévisions météorologiques locales). En Belgique, dans les cas les plus défavorables (turbine construite dans un pays lointain et acheminée par route,…), les éoliennes remboursent leur dette énergétique en moins d’un an.

    Une étude danoise (Elsam Engineering 2004) montre par exemple que les éoliennes de 2 MW de type Vestas accumulent une dette énergétique 3 635 MWh sur toute leur durée de vie. En Espagne, cette éolienne rembourse sa dette en moins de 7 mois. Si elle est implantée sur un site wallon, moyennement venteux, elle remboursera sa dette en moins d’un an.

    Au-delà de cette période, l’éolienne produit une énergie 100% propre durant toute sa vie (20 ans en moyenne). Seules les productions d’énergies renouvelables peuvent assurer un tel bénéfice environnemental.



    Bilan carbone

    Par ailleurs, la dette énergétique (exprimée en MWh) ne donne pas une indication précise sur l’impact CO2. En effet, l’énergie nécessaire à la fabrication de l’acier qui entre dans la composition de certaines pièces de l’éolienne peut être produite à partir de différentes sources d’énergie, ce qui aura un impact CO2 fort différent.

    Le Swiss Centre for Life Cycle Inventories, créé en 2007, a mis au point une base de données appelée EcoInvent, qui est devenu une référence mondiale en matière d’évaluation du cycle de vie.

    La base de données EcoInvent est utilisée par plus de 4 500 utilisateurs dans une quarantaine de pays.

    EcoInvent cite ainsi plusieurs chiffres relatifs aux éoliennes, dont tous situent les émissions de CO2 entre 10 grammes et 20 grammes de CO2 par kWh produit par une éolienne pendant tout son cycle de vie.

    Une étude anglaise du Bureau  Parlementaire de la Science et de la Technologie (Carbon Footprint of Electricity Generation – Oct. 2006) a quant à elle chiffré les émissions de la filière du vent à 5 grammes de CO2 émis par kWh produit.

    Nous choisirons malgré tout une moyenne de 15 grammes par kWh, un chiffre très conservateur.

    Pour une éolienne de 3 MW qui produirait 6 570 000 kWh/an (chiffres de l’Honorable membre), cela donne :
    6 570 000*20 ans*0,015 kg = 1 971 000 kg de CO2 émis, soit 1 971 tonnes émises pendant tout le cycle de vie de l’éolienne, et non pas 4 600 tonnes.

    Lors de la phase de production énergétique, l’économie de CO2 d’une éolienne étant estimée à 456 g de CO2 par kWh injecté sur le réseau (la production éolienne vient éviter une production énergétique conventionnelle), l’éolienne économise donc : 6 570 000*0,456 = 2 995 920 kg de CO2/an, ou 2 996 tonnes/an.

    L’empreinte CO2 du cycle de vie de l’éolienne est donc totalement compensée après : 1 971/2 996 = 0,65 an, ce qui correspond de très près au calcul supra de la durée nécessaire au remboursement de la dette énergétique (voir point 1). Durant tout le reste de sa production, elle permettra d’éviter des émissions de gaz à effet de serre.

    Le calcul de l’économie totale de CO2, appliqué à la Wallonie, donnerait :
    1 092 000 000 kWh/an*0,456 kg = 497 952 000 kg de CO2 soit 497 952 tonnes de CO2 par an.

    Plus du quart de l’objectif belge de réduction d’émissions de gaz à effet de serre de 20% pourrait être assuré grâce à la production éolienne.