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La perte de plus de 2.300 emplois en Wallonie depuis janvier

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 190 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 20/04/2012
    • de EERDEKENS Claude
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    "Plus de 2300 emplois perdus en Wallonie depuis janvier" , ainsi titrait « l'Echo» dans son édition du 12 avril 2012.

    Plus inquiétant encore, l'article publié dans ce même quotidien en page 7 qui fait état des propos de la FEB et du député fédéral Clarinval selon lequel la politique climatique pénalise actuellement les entreprises.

    Selon les critiques de la FEB et de ce député MR, les différents ministres en charge de l'énergie en Belgique et donc en Wallonie étudient la transformation complète du mixte énergétique du pays et donc de la Wallonie sans y intégrer un volet sur la compétitivité des entreprises.

    Ce reproche est-il ou non fondé?

    Selon M. Clarinval, si l'on continue une politique climatique et donc aussi une politique énergétique comme on la mène maintenant, nous allons assister à la désindustrialisation de notre pays et donc de la Wallonie.

    Monsieur le Ministre partage-t-il cette analyse particulièrement pessimiste et que, malheureusement, semblent étayer les importantes pertes d'emploi enregistrées depuis janvier 2012, alors qu'au même moment, la politique énergétique menée par le ministre wallon en charge de l'énergie aboutit à un prix sans cesse croissant de l'énergie et donc à de nouvelles factures insupportables non seulement pour les ménages, mais aussi pour les entreprises dont la compétitivité sera sans cesse altérée ?
  • Réponse du 06/09/2012
    • de MARCOURT Jean-Claude

    L’impact pour l’économie mondiale de l’augmentation des coûts énergétiques peut être significatif d’où une nécessité de prendre des mesures afin de limiter cette hausse. En effet, le coût de l’énergie augmentant, les produits devraient couter plus cher engendrant une diminution du pouvoir d’achat des gens. Il y aurait alors une réorientation générale de la consommation vers des produits à plus faible valeur ajoutée impliquant une réduction de la taille des différents marchés commerciaux. Avec notre productivité, la fabrication de produits de moindre valeur ajoutée impliquerait un volume d’emploi moins important. De manière générale, la richesse produite en Wallonie et ailleurs diminuerait significativement.

    Ainsi, une plus grande efficience énergétique et une réduction de la consommation semble indispensable. Outre le fait qu’une augmentation plus importante de cette charge en Wallonie impliquerait des pertes de parts de marché au profit d’autres acteurs plus efficace, la Wallonie, avec les autres entités fédérés et l’état fédéral, doit veiller à limiter cette hausse car le système d’indexation des salaires devrait réagir à cette augmentation du coût de l’énergie et impliquer une baisse de la compétitivité de nos industrie comme le confirme le rapport de la BNB « les marchés de l’énergie et la macroéconomie » qui explique qu’une hausse de 10% des produits pétroliers aurait pour impact sur 3 ans une diminution de 0.46 point de pourcentage du PIB contre une diminution de 0.24 point de pourcentage pour la zone euro.

    Limiter les coûts à long terme de l’énergie doit dès lors être une nécessité. Il faut dès lors, dans ce contexte, analyser l’intervention des pouvoirs publics qui a souvent pour effet d’amplifier la hausse de ces coûts pour des raisons budgétaires mais également pour d’autres raisons comme celles liées à des considérations environnementales. Toutefois, dû à l’interconnexion de notre réseau avec ceux de nos voisins, les conséquences diffèrent en fonction du stade auquel les pouvoirs publics interviennent.

    Ainsi, une taxe sur la production, par exemple la rente nucléaire, peut avoir pour conséquence d’orienter les investissements vers des sources d’énergies renouvelables mais elle a également pour effet de rendre la production chère en Belgique par rapport aux pays limitrophes et a pour effet d’être un incitant à la délocalisation vers ces pays desquels il est toujours possible de vendre aux clients finals belges tout en se garantissant une marge plus importante. Il faut donc veiller à ne pas trop imposer la production électrique avant sa mise sur le réseau.

    Une taxe ou prélèvement sur la consommation ou la distribution ne devrait pas avoir d’effet au niveau de la production - au-delà d’un effet dû à l’élasticité de la demande par rapport à une augmentation de prix sur le marché belge – mais elle affecte le portefeuille des clients finals.
    Cela peut avoir un objectif d’incitation à l’efficience énergétique mais également impliquer une perte de pouvoir d’achat et de parts de marché pour respectivement les ménages et les entreprises surtout dans un contexte de rareté des matières premières.

    S’il existe des mécanismes de soutien financier renforçant l’incitation à davantage d’efficacité énergétique notamment, pour les ménages, l’Eco-Pack et, pour les entreprises, les primes à la réduction de consommation d’énergie ainsi que les différents accords de branche, le gouvernement, dans le cadre de son soutien à la promotion des énergies renouvelables, a décidé de lancer le régime des certificats verts qui s’assimile à un prélèvement supplémentaire sur le prix payé par les clients finals. Cependant, ce prélèvement n’est pas au bénéfice des pouvoirs publics mais des producteurs d’énergie verte. Une meilleure prise en considération des intérêts financiers des ménages et de nos entreprises devrait toutefois avoir lieu. Car, à politique inchangée, les charges que fera reposer les certificats verts sur les finances du secteur privé risquent d’être trop importantes. Le fédéral, acheteur en dernier ressort, vient de confirmer ce constat en décidant de ne plus intervenir dans le régime des certificats verts pour des raisons budgétaires. Sur ce point, il faudrait interroger le Ministre de l’Energie.

    Ainsi, il faut éviter de surtaxer la production d’énergie fossile afin de ne pas être victime de délocalisation tout en l’incitant à plus d’efficience énergétique. Il faut également accompagner davantage les prélèvements sur la consommation par des mécanismes de soutien à la réduction de consommation et à l’efficience énergétique tant pour les particuliers que pour les entreprises. De manière générale, l’accent de la politique wallonne doit être encore davantage mis sur l’efficience énergétique et sur la réduction de la consommation. Car, outre les arguments précités, des marges d’amélioration existent. En effet, la Belgique a une industrie fortement énergivore due à la présence de nombreuses entreprises chimiques et pharmaceutiques. Ensuite, selon un rapport de la BNB précité, le pauvre rendement énergétique des bâtiments peut expliquer la plus grande consommation d’énergie de nos ménages par rapport à ceux de nos voisins. Il faut finalement noter que les belges font généralement plus de kilomètres que leurs voisins.


    Quant à la politique de promotion des énergies renouvelables, elle doit également être repensée afin qu’elle évite de faire de certains particuliers des producteurs nets d’énergies, d’octroyer des avantages disproportionnés à la production verte, de favoriser des sources d’énergies qui ne sont clairement pas adaptées à l’environnement wallon et de ne soutenir quasiment que les dernières étapes de la chaîne de production peu porteuses de valeurs ajoutées que sont l’assemblage et la pose d’installation productrices d’énergies renouvelables. Un nouveau système doit dès lors être mis en place qui prend en compte les considérations qui viennent d’être citées tout en étant simple, transparent et pérenne.