/

Les panneaux photovoltaïques qui disjonctent

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 558 (2011-2012) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 21/05/2012
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Les panneaux photovoltaïques disjonctent, « Vers l'Avenir» dans son édition du 10 mai 2012 a consacré 3 pages à cette situation vécue à Fosses.

    Selon cet article signé Pierre Wiame, «Historiquement, les réseaux électriques n'ont en effet pas été conçus pour recevoir ces nouveaux flux d'énergie photovoltaïque, qui tendent à se multiplier. Si la consommation est répartie entre les ménages (tout le monde ne fait pas des frites au même moment), il n'en va pas de même pour la production)».

    Selon le responsable d'Orès : «Le soleil brille pour tout le monde, l'injection dans le réseau se fait donc au même moment, en même temps. Cette injection de puissance dans un réseau sous-dimensionné, ce qui semble être le cas ici, produit une surtension de sortie. Si les 253 volts, la limite de sécurité, sont atteints, l'onduleur déclenche. Si ce dernier ne se déconnectait pas, les appareils électriques de l'utilisateur et même ceux du voisin grilleraient».

    Très clairement, l'anarchie actuelle dans l'implantation de panneaux photovoltaïques un peu partout, parfois à raison et parfois à tort et à travers, a des conséquences imprévues.

    Si le réseau doit être adapté, cela va générer des coûts additionnels extrêmement importants pour les GRD qui les répercuteront sur la facture de ceux qui ont des panneaux photovoltaïques, comme de ceux qui n'en ont pas.

    Bref, cela voudra dire que l'énergie coûtera encore un peu plus cher pour tout le monde.

    Monsieur le Ministre peut-il confirmer qu'une inflation de panneaux photovoltaïques dans un quartier peut avoir des effets épouvantables pour tout le monde, pour ceux qui n'en ont pas comme pour ceux qui en ont installés ?

    Monsieur le Ministre compte-t-il recommander ou exiger que les panneaux photovoltaïques ne soient installés que là où ils peuvent être utilisés sans connaître les inconvénients vécus à Fosses-la-Ville ?

    Il s'agit d'une question de sérieux vis-à-vis des gens qui voulant sauver la planète ont investi beaucoup d'argent pour installer des panneaux photovoltaïques et qui en « apprécient » maintenant certains inconvénients.

    D'autre part, n'est-il pas temps enfin et en urgence pour la Wallonie d'envisager de créer des champs photovoltaïques à proximité de sous-stations de façon à éviter des surcoûts pour les GRD et des surcoûts à venir en sus d'autres inconvénients pour les citoyens ?
  • Réponse du 11/06/2012
    • de NOLLET Jean-Marc

    L’adaptation des réseaux en vue de la bonne intégration des productions décentralisées constitue une priorité pour moi. J’en veux pour preuve le lancement à mon initiative, et sous l’égide de la CWaPE, du groupe de réflexion sur le développement des réseaux électriques durables et intelligents (REDI). Ce groupe a réuni l’ensemble des parties prenantes tout au long de l’année 2011 et a abouti à un rapport final de plus de 100 pages le 23 janvier 2012. La réflexion pointue que suggère Ores a donc bien été menée à travers REDI. Il s’agit maintenant de la concrétiser, et c’est tout le sens de l’avant-projet de décret modificatif du décret électricité que je présente actuellement à mes partenaires gouvernementaux.

    Les avancées de REDI sont impressionnantes et s’avèrent robustes. Les coupoles d’acteurs des marchés de l’énergie associant directement les gestionnaires de réseau s’en emparent progressivement, ce qui nous garantit que les mesures préconisées dans le rapport REDI pourront se développer (gestion active de la demande au profit des GRD, compensation financière, accès flexible au réseau, …). Des tests in situ de gestion sont en cours d’élaboration par les GRD.

    Sur le terrain, les gestionnaires de réseau répondent actuellement au cas par cas. Ayant désormais compris qu’une indemnisation pourrait leur être réclamée, ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour résoudre le problème dès qu’il leur est signalé. C’est la multiplication des cas qui sera le moteur de leur évolution vers le « smart grid » et la gestion active.

    Les techniques envisageables pour régler les problèmes d’injection d’unités photovoltaïques dans le réseau sont les suivantes :
    - modifier le raccordement par « phase électrique » des maisons ;
    - passer en triphasé 400 volts là où c’est encore en triphasé 230V ;
    - diminuer la tension de départ au transformateur en cabine ;
    - renforcer par une ligne provisoire ;
    - renforcer le câble existant.

    Il ne faut donc pas craindre, comme l’évoque l'honorable membre, « des effets épouvantables pour tout le monde » puisque des solutions existent et sont appliquées. Quant à la suggestion de n’autoriser le placement d’installations photovoltaïques qu’à certains endroits, elle est contraire à la directive 2009/28 relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables. Celle-ci prévoit que les gestionnaires de réseau doivent garantir le transport et la distribution de l’électricité produite à partir de sources renouvelables ; plus, elle prévoit l’accès prioritaire au réseau ainsi que l’injection prioritaire de l’électricité renouvelable. Il incombe donc aux gestionnaires de réseau d’adapter leurs infrastructures, ponctuellement ainsi que par le biais de leurs plans d’adaptation de réseau.

    La création de champs photovoltaïques à proximité de postes de transformation est déjà possible à l’heure actuelle. En fonction de la puissance envisagée, une autorisation du GRD et/ou d’Elia sera requise.