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La grogne des éleveurs suite à la communication sur le Plan nutrition 2012-2020

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 536 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 06/06/2012
    • de MOUYARD Gilles
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    La ministre fédérale de la santé a présenté à la fin du mois d’avril 2012 son Plan nutrition 2012-2020.

    Ce plan appelle notamment à une réduction importante de la consommation de viande chez les consommateurs, argumentant que celle-ci peut-être nuisible à la santé.

    Cette campagne de communication a provoqué l’ire des éleveurs belges qui, outre le fait que les arguments ne reposent pas sur des arguments scientifiques, considèrent ce plan comme une attaque contre leur secteur.

    Quelle est la position de Monsieur le Ministre dans ce dossier ? Partage-t-il les inquiétudes des éleveurs ? A-t-il réagi suite à la manifestation des représentants des agriculteurs du 6 mai dernier ?
  • Réponse du 27/06/2012
    • de DI ANTONIO Carlo

    Dans sa présentation du Plan national Nutrition Santé (PNNS) 2012-2020, Mme Onkelinx a dit exactement que « Nous mangeons trop de protéines animales et que ce n’est bon, ni pour notre santé, ni pour notre environnement ». Elle a ajouté qu’il était impératif de diminuer cette consommation. »

    Quant à Mme Doughan, coordinatrice du Plan National Nutrition santé (PNNS), elle n’a pas dit autre chose : « Nous surconsommons des protéines animales (…). La production d’un kg de viande rouge est lourde sur le plan environnemental. Cette surconsommation est donc mauvaise pour l’environnement et la santé. ».

    Du point de vue de la consommation, il y a loin du mythe à la réalité : le mythe, voudrait que le Belge consomme en moyenne 100 kg de viande par an, soit environ 270 g par jour. Or, ce chiffre représente un poids équivalent-carcasse  et à cela s’ajoutent les pertes à la cuisson. Il s’ensuit que la consommation réelle, mesurée au niveau de l’assiette du consommateur, sans tenir compte des écarts de tri et du gaspillage propre à chaque consommateur, se situe à 119 g de viande cuite par personne et par jour.

    Il faut en outre bien garder à l’esprit qu’il s’agit ici de consommation de viande, toutes viandes confondues (blanches et rouges). Pour ce qui est de la viande rouge - en gros la viande bovine -, la plus décriée, elle n’en représente que 20 %, soit 20 kg équivalent carcasse par an, 39 g par jour de viande crue ou 27,5 g de viande cuite (192,5 g par semaine).

    Pour en venir à la santé et à la nutrition, il va de soi que les recommandations nutritionnelles ne sont pas basées sur des aliments (la viande par ex.) mais sur des nutriments (protéines, lipides, fer, etc.).

    En ce qui concerne les protéines, les besoins sont estimés entre 9 et 11 % de l’apport énergétique total (AET). En Belgique, la consommation moyenne de protéines, toutes sources confondues, est de 16 % de l’AET, dont seulement 36,5 % sous forme de viande. La limite supérieure en-dessous de laquelle aucun effet dommageable sur la santé n’est constaté est de 25 %. La consommation belge est donc supérieure aux besoins mais est loin d’être alarmante du point de vue nutritionnel.

    Quant aux lipides, le raisonnement en terme d’impact de la viande sur la santé est souvent réducteur : constatant que le Belge mange trop de lipides totaux et d’acides gras saturés, que l’excès de lipides est mauvais pour la santé, que la viande est considérée comme grasse et contenant beaucoup de lipides saturés, on en déduit que la viande est mauvaise pour la santé...

    Or, en réalité, la viande, y compris les charcuteries et les abats, ne contribue qu’à hauteur de 18 % aux lipides totaux de l’alimentation ; la viande seule n’en représente que 11 %.

    Il est à noter que notre viande de Blanc Bleu Belge, majoritairement consommée par les Belges, est particulièrement maigre, avec une grande majorité de morceaux ayant un taux de graisse intramusculaire allant de 1 à 3 % pour les jeunes taureaux, contre parfois 10 à 20 % dans d’autres races.

    Enfin, la viande est riche en fer héminique, hautement assimilable. Les femmes, de la puberté à la ménopause, ont des besoins particulièrement élevés en fer (20 mg/j contre 9 pour les hommes). Paradoxalement, alors que 96 % des besoins des hommes de 19 à 59 ans sont couverts, pratiquement aucune femme dans la tranche d’âge de 15 à 59 ans n’atteint les recommandations. Les apports sont donc déficients et pourraient être mis en relation avec une plus faible consommation de viande.