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La production annuelle des éoliennes on-shore implantées en Wallonie

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 599 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 07/06/2012
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Dans sa réponse à ma question N° 410 concernant la production annuelle des éoliennes on-shore implantées en Wallonie, plusieurs assertions méritent une analyse plus approfondie d'autant plus que celles-ci risquent d'avoir une influence sur le nouveau CDR notamment en ce qui concerne le contrôle du productible annoncé.

    La CWAPE confirme qu'en mesure réelle, pour les années 2009-2010-2011, sur les parcs d'une puissance installée constante sur plus d'une année de mesure, le taux de charge moyen est de 23,2%, un taux fort proche donc des mesures effectuées dans un territoire voisin comme la France.

    Cette dernière assertion est un peu étonnante car elle n'est pas conforme aux dernières données. Si on reprend la documentation sur les parcs éoliens en Picardie publiée par ADEME, le facilitateur éolien français, (http://www.ademe.fr/picardie/doc/guide parcs eoliens picardie.pdf), on peut y lire notamment :

    «En ce qui concerne le parc éolien de Nibas de 12 MW qui se situe à 9 km de la côte, production 2005 : 18326 MWh, soit un taux de capacité de 1527 h/an et un taux de charge de 17.4%.
    En ce qui concerne le parc éolien de Boulay de 10 MW, mis en service 2007, production 2008: 18000 MWh/an, production 2009: 15000 MWh, production 2010 : 13000 MWh, soit un taux de charge moyen de 17.5 %. » .

    Francis Ghigny, Président de la CWAPE, estime dans un mail adressé à Vent de Raison en date du 22 mars 2012 que «II n'y a pas, à l'heure actuelle, de document public expliquant ce chiffre. Cela pourrait intervenir, de façon agrégée pour préserver la confidentialité des données, dans notre prochain rapport spécifique. Je vous explique cependant comment nous opérons. Les données publiées, auxquelles vous faites référence, reprennent généralement la production annuelle et la puissance installée en fin d'année.
    Dans ces conditions, le rapport entre les deux amène un taux de charge diminué lié au fait que certaines éoliennes ont été mises en service seulement en cours d'année. La CWAPE a évité cet écueil en prenant pour 24 parcs, en fonctionnement depuis au moins 20 mois (les éoliennes isolées n'ont pas été intégrées), la production depuis leur mise en service ou depuis début 2009 pour les parcs plus anciens.
    Il est possible ainsi de déterminer la production annuelle moyenne de chaque parc, d'en faire la somme (production annuelle de ces 24 parcs pour une année complète) et d'en déduire le taux de charge moyen sur base de la puissance installée. On constate dès lors un taux de 23 %(2.029 h). ».

    Monsieur le Ministre peut-il expliquer pourquoi ces données essentielles à l'évaluation du productible éolien ne sont pas publiées ?

    D'autre part, il convient d'attirer l'attention sur le phénomène du flou en matière de puissance nominale.

    C'est ainsi que Enercon a dans son catalogue des turbines de 7,5 MW qui ont les mêmes spécifications que celles de 6 MW, à part la plaque signalétique. De même pour des éoliennes de 3 MW à ne pas confondre avec d'autres de 3,75 MW. Une différence de 25% sur la puissance nominale réelle fait passer le taux de charge de 18,5% à 23%.

    Signalons également que le parc de Pont à Celles (Nivelles), annoncé comme étant un parc de huit éoliennes Enercon E82 de 2 MW(1) soit 16MW, géré par Air Energy via sa société d'exploitation Sky Sweeper, s'avère, selon le bilan officiel 2009, (rapport de gestion, in fine) avoir une puissance de 22MW pour une production estimée de 38.000 MWh/an.

    A cela correspond un taux de charge de 19% et non de 27% s'il s'agissait d'une puissance nominale de 16MW.

    Dans le bilan 2010, excellent résultat, (c'est eux qui le disent) avec une production effective de 35.536 MWh ! Si le parc fait bien 22 MW comme annoncé, le taux de charge réel 2010 est de 18.4 %.

    Monsieur le Ministre a-t-il eu connaissance d'autres cas semblables? Que compte-t-il faire pour éviter cette manipulation des chiffres?

    Comme la puissance nominale devrait correspondre à la puissance maximale, il est de la plus haute importance de mesurer on-Iine cette puissance pour des vents supérieurs à 12m/s (vitesse à laquelle l'éolienne atteint sa puissance nominale).

    Non seulement pour des raisons de contrôle du productible mais également eu égard à la durée de fonctionnement des centrales de back-up et donc de leurs émissions de GES.

    Signalons par exemple que la demande de permis pour le parc éolien de La Roche ne signale pas où les compteurs seront placés. Comme le câble de transmission vers le réseau est enterré avec d'autres câbles de distribution, la possibilité de vérifier les compteurs de la puissance maximum et de l'énergie transmise peut être compromise.

    Si une éolienne de 2,1 MW a des pointes de puissance à 2,3 MW, elle n'est pas conforme aux autorisations. L'éolienne devient une éolienne de 2,3 MW. Son taux de charge décroît sauf si d'autres éléments changent. Il n'y a pas de relation linéaire entre le taux de charge et la puissance maximum.

    Cette éolienne plus puissante fait plus de bruit et perturbe le fonctionnement du réseau (surcharge des lignes HT et sollicitation accrue de la capacité de réserve lors des chutes de vent).

    Les riverains devraient avoir le droit de demander une mise en conformité ou, si le promoteur ne le fait pas, le démontage de cette éolienne.

    Faut-il rappeler que le phénomène de dépassement de la puissance nominale et du bruit à l'émission s'est effectivement produit à Estinnes ?

    Monsieur le Ministre envisage-t-il, sur le plan du nouveau cadre de référence, un contrôle de la puissance maximale réelle dans le cadre de l'exigence d'un productible minimum ?

    Et quelles seront les modalités de contrôle dont disposeraient les riverains ?


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    (1) Cfr situation Apere
    http://www.apere.org/docnum/recherche/view docnum.php?doc filename=doc35 120110 statRW public.pdf& num doc=35
  • Réponse du 28/06/2012
    • de NOLLET Jean-Marc

    Comme je l’ai déjà expliqué lors de précédentes réponses à des questions abordant le même sujet, je rappelle que le taux de charge est directement lié à la quantité d’énergie produite annuellement par une technologie. Il est exprimé par le rapport entre le nombre d’heures pendant lesquelles cette technologie aurait fonctionné constamment à sa puissance nominale pour produire la même quantité d’énergie, et le nombre d’heures total contenu dans une année (8 760 h).

    En ce qui concerne les taux de charge des parcs de Nibas et Boulay en France mentionnés par Monsieur le Député, il est difficile d’émettre un avis sur la base de deux parcs isolés. En effet, les informations sont incomplètes concernant l’historique de l’installation, l’entretien des machines, la fiabilité des données communiquées, la qualité de l’étude de faisabilité, et donc du potentiel éolien au moment de sa construction.

    La publication des données relatives au productible réel des parcs éoliens wallons est envisagée dans le projet de cadre de référence éolien. Au niveau agrégé, la CWaPE publie déjà chaque année, à l’occasion de son rapport sur les certificats verts, le productible annuel de l’ensemble des parcs éoliens. On ne peut toutefois pas en déduire le taux de charge moyen puisque certaines éoliennes sont mises en service en fin d’année.

    La variation de puissance nominale entre deux turbines n’est parfois qu’une question de réglage informatique portant sur la vitesse de rotation des pales. C’est ainsi que les éoliennes d’Estinnes, dont la puissance nominale est réglée à 6 MW, sont en fait capables de produire une puissance de plus de 6 MW sans aucune adaptation mécanique, mais par simple réglage informatique. Les machines sont en effet conçues de manière à pouvoir supporter une vitesse de rotation supérieure. La gestion de la puissance injectée sur le réseau est assurée par le responsable d’équilibre (ARP), lequel est désigné par l’exploitant du parc éolien ou le fournisseur qui en active la production. Les prescriptions relatives au respect de la puissance maximale à l’injection sont inscrites dans le règlement technique des réseaux.

    Il convient enfin d’attirer l’attention sur le fait qu’une puissance nominale plus élevée n’implique pas automatiquement plus de rendement, ou plus de nuisances sonores.