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L'enquête sur les besoins des seniors en termes de soins de santé adaptés à la culture

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2012
  • N° : 200 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 11/09/2012
    • de MOUYARD Gilles
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des Chances

    La VUB, en collaboration avec l’Université de Hacettepe d’Ankara, a mené une enquête sur les communes bruxelloises de Saint-Josse et Schaerbeek auprès des seniors de la communauté turque.

    Il en ressort que ceux-ci marquent leur préférence pour vivre leurs vieux jours à domicile plutôt que dans des maisons de repos ou des maisons de repos et de soin. Cette tendance est relativement marquante et l’enquête pointe l’augmentation démographique importante pour cette tranche de la population. Les responsables de l’enquête demande donc l’ouverture d’une réflexion sur les soins de santé des seniors adaptés à la culture. Ils pointent également du doigt le manque d’informations dispensées à l’attention des différentes communautés en termes de soins de santé et principalement à l’attention des personnes âgées.

    Madame la Ministre a-t-elle déjà été sollicitée sur cette problématique pour la Wallonie ? A-t-elle pris connaissance de cette étude ? Quelle est sa position par rapport à ces réflexions ?
  • Réponse du 03/10/2012
    • de TILLIEUX Eliane

    Je tiens d’abord à faire remarquer que l’immense majorité des aînés préfèrent rester à domicile pour leurs vieux jours plutôt que d’être hébergés dans un établissement pour personnes âgées.

    L’information sur les différentes possibilités de soins accessibles, qui doit être optimale, doit concerner l’ensemble de la population sans cibler certaines populations migrantes. Elle doit être le fil conducteur de toute politique de santé et d’aide sociale aux personnes.

    Quant à l’étude que l'honorable membre évoque, je tiens à relever que la structure démographique en Région wallonne est sensiblement très différente de celle de la Région de Bruxelles-Capitale.

    Il est vrai toutefois qu’à ce jour, les services de soins et d’aide à domicile, ou encore les maisons de repos, n’intègrent pas encore suffisamment la dimension culturelle dans leur approche de la personne âgée. Les solidarités familiales naturelles selon le pays d’origine sont difficiles à mettre en œuvre dans le pays d’accueil : en raison des charges professionnelles, familiales ou d’un autre mode d’organisation de la cellule familiale.
    Le départ en maison de repos est alors mal ressenti.

    C’est de ces constats qu’est née l’initiative de mener une recherche-action relative au vieillissement des populations immigrées du troisième âge.

    La recherche se déroule sur trois phases. La première phase a consisté en l’établissement d’un état des lieux de la population immigrée sur la région de Mons au départ des statistiques nationales et locales. Elle a été complétée par un inventaire de la situation de personnes âgées immigrées au sein des services d’aide et de soins à domicile et des maisons de repos de la même zone géographique pour identifier les freins et les leviers.

    Les différents opérateurs de l’hébergement, des services à domicile et des associations issues de différentes communautés de Mons ont été rencontrés en vue de les sensibiliser et établir un réseau de partenaires. Ce sont plus de 100 rencontres qui ont été organisées.

    Un groupe de travail, constitué de professionnels de la prise en charge des personnes âgées et d’associations issues de différentes cultures, se réunit tous les deux mois à la Maison de la Vie Associative et des Loisirs de Jemappes et invite régulièrement des personnes-ressources, toutes régions confondues.

    Le 18 mai 2010, une journée d’information et d’échange d’expériences a réuni plus de 60 professionnels de la santé et responsables d’association de Mons en ateliers : hébergement, aide à domicile, rôle des associations. Cette journée a débouché sur une demande générale de formation à la communication multiculturelle.

    La seconde phase, qui s’est déroulée tout au long de l’année 2011, a consisté à étendre l’information sur la région du Borinage, poursuivre les rencontres de sensibilisation, rechercher de nouveaux partenaires et, notamment, les CPAS des 12 communes du Borinage.

    La troisième phase en cours consiste en la formation des opérateurs de soin.

    Un projet pilote est également mené à la Maison de repos et de Soins du CPAS de Mons, la « Bonne Maison de Bouzanton », dans un premier temps et, ensuite, à la Maison de repos et de soins d’Havré, pour s’étendre à ACASA, service d’aides à domicile du CPAS de Mons. L’objectif visé est de définir et d’adopter des bonnes pratiques prenant en compte la dimension culturelle de la personne âgée immigrée.
    Une première phase de formation à la communication interculturelle a été menée avec le personnel de la « Bonne Maison de Bouzanton ». Des rencontres bilatérales et régulières se sont déroulées, avec le personnel représentant les différentes professions rencontrées dans ces institutions, pour répondre adéquatement à la demande.

    En septembre 2011, les bonnes pratiques testées et mises en place à la MRS « La Bonne Maison de Bouzanton » ont été intégrées à la MRS d’Havré.

    Dans le courant du mois d’octobre 2011, une information tout public, plus conviviale, a été organisée en collaboration avec les associations multiculturelles du groupe de travail.

    En 2012, le projet pilote avec le CPAS de Mons continue et c’est surtout le volet « formation à la communication interculturelle » des intervenants (directeurs, assistants sociaux, infirmiers, aides familiales, aides-soignants, animateurs, personnel de cuisine, …) qui est mis en œuvre (plus de 100 agents du CPAS l’ont suivie entre 2011 et juin 2012). Ce projet pilote a surtout concerné la MRS « La Bonne Maison de Bouzanton » et ACASA, service d’aides à domicile du CPAS de Mons. Le dernier comité d’accompagnement du projet pilote a eu lieu le 28 juin 2012.

    Le processus d’évaluation est en cours et un guide de bonnes pratiques est en voie d’élaboration à l’Université de Mons.
    Le projet pilote sera présenté le 24 septembre 2012 à la Commission wallonne de l’Intégration des Personnes étrangères ou d’origine étrangère. Il pourrait en être tout autant vis-à-vis de la Commission wallonne des Aînés.

    Suite à cela, une campagne de sensibilisation pourrait avoir lieu sur les questions liées au vieillissement de la population issue de l’immigration.

    Dans l’attente de l’évaluation finale de l’expérience menée à Mons et dans le Borinage, je constate que cette recherche-action s’est appuyée sur la participation volontaire des différents partenaires et donne déjà de bons résultats en termes de prise en compte de la dimension culturelle dans le vieillissement.

    La méthodologie utilisée doit certainement être privilégiée pour permettre la diffusion de ces bonnes pratiques sur l’ensemble du territoire de la Wallonie.