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La persistance de la crise du secteur laitier

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2012
  • N° : 59 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 19/11/2012
    • de PREVOT Maxime
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    La crise du secteur laitier secoue le monde agricole depuis plusieurs années. À plusieurs reprises par le passé, j’ai déjà pu relayer la détresse de nos producteurs confrontés à des prix d’achat 50% inférieurs à leurs coûts de production. Il en résulte une augmentation des dettes et le développement d’un cercle vicieux qui pousse à la faillite de nombreux exploitants. De moins en moins de jeunes décident de se lancer dans la profession. On ne recense plus que 170 fermiers de moins de 35 ans en Wallonie.

    Je sais tout l’intérêt que Monsieur le Ministre et son prédécesseur portent aux soutiens à nos producteurs. La Wallonie a lancé plusieurs initiatives afin de stimuler la consommation locale et d’initier des circuits courts du producteur au consommateur.

    Monsieur le Ministre peut-il nous indiquer s'il envisage de nouvelles mesures afin de soutenir nos producteurs ?

    Pouvons-nous espérer un geste de la part de l’Europe ou, à défaut, une initiative commune de pays européens ?

    Monsieur le Ministre peut-il nous faire part de l’état des initiatives prises afin de stimuler la consommation régionale ?
  • Réponse du 10/12/2012
    • de DI ANTONIO Carlo

    Cette question a fait l’objet d’un large débat suite aux questions et interpellations de messieurs Borsus, Wesphael et Stoffels lors de la séance de la Commission des travaux publics, de la ruralité et du patrimoine de ce lundi 3 décembre 2012.

    J'invite l'honorable membre à relire le compte rendu intégral.

    Évolution des marchés (données au 14 novembre 2012)

    * Ralentissement de la hausse de la production dans l’UE : la collecte de lait est en hausse de 1,3 % pour les 8 premiers mois (janvier à août) de 2012 comparée à la même période en 2011;
    * Réduction de la production en Belgique : diminution de 0,5% pour les 9 premiers mois de l’année comparée à la même période en 2011. La diminution est de 1,7 % d’avril à septembre 2012 par rapport à la même période en 2011.
    * Amélioration du prix du lait à la production dans l’UE avec un prix moyen supérieur à 32 euros/100kg en septembre, avec un niveau de 29,9 euros/100kg observé en Belgique.
    * Les derniers chiffres récoltés par mon administration auprès de la Confédération belge des laiteries (CBL) font état d’un prix payé à 33,20 euros pour 100 L en octobre 2012. Les estimations pour novembre et décembre font état de 34 euros et 34,20 euros.
    * Les prix du beurre et de la poudre de lait sur le marché UE restent élevés, largement au-dessus du prix d’intervention (157 % du prix d’intervention pour la poudre et 146 % pour le beurre). Nouvelle situation interpellante : c’est en Belgique que le prix de la poudre de lait est actuellement le plus élevé. Pourquoi ces prix élevés ne se traduisent-ils pas dans les prix à la production ? Par ailleurs, les produits industriels beurre et poudre sont les plus exposés aux fluctuations du marché mondial. Là où la valorisation du lait s’opère principalement sous forme de beurre et de poudre, et c’est le cas en Wallonie, l’exposition à la volatilité des prix sera donc la plus grande (parfois on gagne, souvent on perd).



    Activités au niveau européen

    La demande de la Belgique et de plusieurs États membres d’actualiser les prix de référence et les prix d’intervention pour tenir compte de la hausse des prix de revient a rencontré une fin de non-recevoir de la Commission et d’autres États membres. C’est une revendication à maintenir dans le cadre de la PAC 2020.

    La crise laitière de 2009 et celle que nous connaissons actuellement ont fait ressortir le besoin d’une régulation des marchés et de maintenir des mécanismes régulateurs des marchés qui contribuent à la stabilité des prix et revenus agricoles. C’est la position que la Belgique et la Wallonie en particulier défendent à chaque fois qu’il est question du marché des produits agricoles, notamment dans les discussions sur la PAC 2020. Plus inquiétant est le constat qu’au niveau européen, il existe au minimum une minorité de blocage pour aller dans la voie de la dérégulation, pudiquement rebaptisée « poursuite de l’orientation vers le marché ».

    À mon initiative, la délégation belge a plaidé lors du Conseil Agriculture pour l’adoption dans la nouvelle PAC en discussion, de mesures visant à améliorer l’autonomie alimentaire des exploitations d’élevage et pour encourager les productions en circuits fermés.

    Nous avons particulièrement mis en avant la possibilité, dans le cadre des mesures de verdissement des aides directes, d’inclusion de cultures de protéagineux à faible usage d’intrants dans les surfaces d’intérêt écologique. Ces cultures présentent le double avantage de réduire la dépendance aux importations de protéines végétales tout en respectant un maillage en faveur du développement de la biodiversité.



    Stimulation de la consommation wallonne

    Il faut mobiliser les consommateurs wallons à acheter du lait et des produits laitiers wallons pour soutenir les producteurs.

    J’ai toujours plaidé pour la mise en place de partenariats avec les chaînes de distribution pour créer de plus en plus d'espace de ventes réservé aux productions locales.

    J’ai développé une action de promotion des produits laitiers wallons en presse écrite et sur Facebook. L’opération « Voyage au cœur de nos saveurs » a pour objectif de soutenir la production locale en Wallonie en incitant les citoyens à redécouvrir les points de vente locaux et à modifier progressivement leur comportement et leurs lieux d’achats.

    La semaine dernière était consacrée aux produits laitiers.

    La Wallonie se dotera dans les prochains mois d’une centrale de marché « Produits locaux » à destination des écoles et des pouvoirs publics. La concentration et la visibilité de la demande en produits au travers de cette centrale de marché auront indéniablement pour effet de doper l’offre au niveau des producteurs.