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Les systèmes de transfert d'énergie par pompage (STEP)

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 191 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 11/01/2013
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    L'Allemagne constitue certainement le modèle de référence européen en matière de transition énergétique («  Energiewende »). De par l'important potentiel en énergie renouvelable et de la sortie progressive, mais décisive du nucléaire, le modèle économique de la fourniture de courant a changé qualitativement, tout en restant régi par les fluctuations offre-demande et la minimisation des coûts marginaux. Dans ce contexte, on sait que la production nucléaire, inélastique, excédentaire en période de basse consommation était absorbée par les systèmes de pompage et restituée, en pointe, par le turbinage, et ce, en fonction des besoins, mais également des prix du marché de gros, influencé par le « merit order rating » des sources de production.

    D'où l'importance du STEP hydraulique. Le nucléaire nocturne à bas prix servait à alimenter le STEP pompage, et les prix de pointe plus élevés du STEP-turbinage, assuraient non seulement une rentabilité économiquement viable, mais aussi une production véritablement « verte ».

    Ce qui ne semble plus être le cas aujourd'hui.

    L'Association fédérale des industries de l'énergie et de l'eau (BDEW) a calculé que le stockage par pompage allemand n'a fonctionné, l'année dernière, que 980 heures en pleine charge. L'année précédente, le chiffre était de 1.100 heures, ce qui correspond également à peu près à la moyenne de la dernière décennie. On pourrait supposer que les centrales - bien qu'en fonctionnement moindre - auraient présenté un rythme d'alternance pompage-turbinage supérieur en raison de l'intermittence du vent et du soleil. Mais, cela n'a pas été le cas.

    Au contraire, les vingt unités de la centrale de la Schluchsee, le plus grand complexe de pompage-turbinage en Allemagne, réalisaient, avec 35.000 alternances en une année, le fonctionnement le plus bas depuis les années quatre-vingt alors qu'en 2010, le chiffre était encore de 41.000 et que certaines années précédentes, il y en avait eu plus de 60.000(1). Cette régression importante implique une détérioration du système de fourniture d'électricité en matière de réduction des gaz à effet de serre, mais également une forte réduction de la rentabilité du STEP. Comme le formulait Ingo Stadler, professeur, Département de génie électrique de l'Université de Cologne " Das gute Geschaft der Pumpspeicher beruhte Jahrzehnte lang darauf, dass Grundlastkraftweke 24 Stunden konstant Strom erzeugen, der Bedarf nachts aber sehrgering und tags ûbersehrhoch ist " (La bonne affaire du pompage reposait depuis des décennies sur le fait que le baseload tournait 24 heures à puissance constante, alors que la nuit, la demande est très faible et en journée très élevée).

    Il faut donc s'attendre, paradoxalement, à une régression du STEP, son remplacement aussi bien en base qu'en pointe par des turbines à gaz avec des émissions de CO2 en hausse. À plus ou moins brève échéance, nous devrions donc constater une évolution semblable en Wallonie avec des émissions supplémentaires de CO2 à la clé.

    Monsieur le Ministre peut-il donner des chiffres de production, du nombre d'alternances et de rentabilité financière pour les dix dernières années, ainsi que l'évolution de la capacité en ce qui concerne les STEP wallons?


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    (1) http://www.klimaretter.info/energie/hintergrand/l1511-energiewende-paradox
  • Réponse du 01/02/2013
    • de NOLLET Jean-Marc

    Il y a en Wallonie deux « Systèmes de Transfert d’Energie par Pompage » (STEP) : les centrales de Coo (1 164 MW) et de la Plate Taille (143 MW). La puissance nette développable totale s’élève donc à 1 307 MW.

    L'honorable membre pointe à juste titre l’inflexibilité de la production issue des centrales nucléaires, qui pose un réel problème pour un système énergétique caractérisé par une montée en puissance de productions décentralisées, et à caractère variable. Le rôle des STEP doit donc évoluer également, mais ils conservent toute leur utilité. En effet, ils présentent la particularité d’être très souples, en pouvant très rapidement délivrer leur pleine puissance.

    La production nette d’énergie électrique annuelle fournie par les STEP wallons (en GWh) s’est élevée entre 1 200 et 1 400 GWh ces dernières années. Ces variations résultent notamment d’années de sécheresse ou de travaux de réfection.

    Des informations complémentaires ont été demandées à l’exploitant des centrales STEP, notamment en ce qui concerne les alternances des différentes unités.