/

La menace des grands industriels de quitter la Belgique à cause du prix de l'énergie

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 430 (2012-2013) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 11/04/2013
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    “Prix de l'énergie : le grands industriels menacent de quitter la Belgique”, ainsi titrait « L'Écho» du jeudi 28 mars 2013 en page 18.

    Quatre groupes industriels ont dénoncé en commun le coût de l'énergie en Belgique dont Solvay.

    Ces quatre poids lourds du paysage industriel belge demandent au gouvernement des mesures urgentes pour amener une certaine compétitivité au niveau du prix de l'énergie en Belgique et aussi en Wallonie par rapport à ceux en vigueur dans les pays voisins. En soi, leur inquiétude est tout à fait normale,

    Monsieur le Ministre peut-il confirmer que le prix de l'énergie est en Belgique bien supérieur au prix facturé aux industriels des pays voisins?

    Il y a peu, c'était le 15 février 2013, déjà dans « L'Écho », le nouveau CEO de Solvay Belgique exprimait que le prix de l'énergie était en Belgique 20% plus cher qu'en Italie et que dans la production d'une tonne de PVC, les dépenses de personnel étaient maintenant moindres que les dépenses énergétiques,

    Pour l'heure, il y a une véritable catastrophe pour l'emploi wallon qui vient de subir toute une série de fermetures d'entreprises. Force est de constater que le consultant Deloitte, sur base d'une étude commandée par la Fédération des consommateurs industriels d'énergie en Belgique, exprime ce qui suit: « En 2013, nous observons pour des clients industriels des prix (prix de marché + taxes + coûts de réseau) variant de 48 euros par MW/h en France à 66 euros en Flandre et même jusqu'à 81 euros en Wallonie. Ce résultat montre qu'un industriel basé en Wallonie paie entre 7 et 25 euros de plus par MW/h par rapport à ses concurrents situés dans les pays limitrophes. La différence varie entre 6,5 et 10 euros pour un industriel situé en Flandre. " .

    À cause du mécanisme suicidaire des certificats verts mis en place en Wallonie, le prix de l'énergie est donc plus élevé en Wallonie qu'en Flandre.

    À terme, avec l'explosion des bulles financières photovoltaïques et éoliennes, la Wallonie aura l'énergie la plus chère dans le monde civilisé. Elle sera considérée comme un paradis écologique dans un désert économique et social.

    Quelles sont les dispositions que Monsieur le Ministre compte prendre pour mettre fin à une situation qui peut être qualifiée de suicidaire pour l'emploi wallon ?

    La sonnette d'alarme a été tirée par le monde industriel belge et wallon dès lors qu'il a été exprimé, en tirant la sonnette d'alarme : « Des mesures urgentes sont indispensables en vue de garantir l'avenir industriel ... » !

    Les propos les plus dramatiques sont ceux du haut responsable en énergie de chez Solvay qui martèle: «Nous rencontrerons des véritables problèmes de compétitivité sur notre site de Jemeppe ».
    On ne peut être plus clair.

    Quelles sont les dispositions que Monsieur le Ministre compte prendre pour mettre fin à ce mécanisme infernal de certificats verts, car si l'on maintient un tel système, on va aboutir au départ ou à la fermeture de la plupart des industries wallonnes?

    Comment un problème d'une telle importance n'a-t-il pas été perçu dès sa formation à sa juste valeur par le gouvernement tout entier et surtout par le ministre en charge de la politique énergétique wallonne qui peut être qualifiée de suicidaire ... ?
  • Réponse du 03/05/2013
    • de NOLLET Jean-Marc

    J’ai également pu prendre connaissance de l’étude de Deloitte évoquée par l'honorable membre.

    Avant toute chose, il convient de rappeler que les industriels, dans leur grande majorité, soutiennent le développement des sources d’énergie renouvelable. Pour ce qui les concerne, ils sont parfaitement conscients qu’à l’heure actuelle, l’Europe est très dépendante des importations de sources fossiles pour produire son énergie. L’augmentation de coûts de ces énergies fossiles constituera tôt ou tard un frein à la compétitivité des entreprises européennes.

    Venons-en maintenant aux chiffres. Selon la dernière enquête Eurostat du 15 avril 2013, le prix de l’électricité pour les industriels belges, hors taxes, s’élève à 0,095 euro/kWh en 2012. La Belgique se situe donc juste en dessous de la moyenne des prix de l’Union des 27. Le prix de l’électricité belge est par exemple 21 % moins élevé qu’en Italie. Il s’agit là de moyennes, et il convient de ne pas perdre de vue que le prix de cette électricité fait l’objet de négociations entre l’industriel et son fournisseur.

    En Belgique, le prix de l’électricité est composé d’un prix de commodity (production d’énergie), de transport, de distribution, de commercialisation et diverses contributions (cotisation fédérale et taxes diverses). La part de prix liée à la production d’énergie représente environ 50 % de la facture et est négociable, tandis que la part non négociable (réseau, distribution, taxes) représente environ 50 % de la facture électrique.

    Actuellement en Wallonie, un problème conjoncturel se pose pour un certain nombre d’entreprises raccordées à un niveau de tension inférieur ou égal à 70 kV. Ces entreprises doivent payer la charge liée à la répercussion par Elia de l’obligation de service public d’achat de certificats verts au prix minimum garanti. Comme j’ai déjà pu l’expliquer à plusieurs reprises, cette charge est provoquée par l’excédent de certificats verts sur le marché des CV, lui-même généré par la crise économique (affectant le volume de CV repris par les quotas imposés aux fournisseurs) et par la bulle des installations Solwatt (afflux massif de CV ne trouvant pas preneur sur le marché).

    C’est pourquoi, le 7 février 2013, le Gouvernement wallon a décidé d’exonérer partiellement les entreprises de cette charge, de manière différenciée notamment en fonction de leur consommation. Il s’agit effectivement d’un souci permanent de préserver la compétitivité de nos entreprises. Cette décision doit être mise en œuvre, dans le cadre de la gestion des CV Solwatt telle que balisée par le gouvernement le 28 mars dernier.

    Pour terminer, je rappelle que les industriels raccordés directement à la haute tension (> 70 kV) ne sont pas impactés par la charge susvisée. Il s’agit pour la plupart de grands industriels qui sont directement exposés à concurrence internationale. Par ailleurs, l’ensemble des industriels bénéficie d’une réduction de quotas de certificats verts, qui a été directement négociée avec l’UWE et ses fédérations. Enfin, la baisse du prix des certificats verts sur le marché est également une occasion pour les industriels consommateurs de revoir à la baisse les prix de CV qui les lient à leurs fournisseurs d’électricité. Il est d’ailleurs prévu, dans le cadre de la réforme globale du mécanisme des certificats verts, de permettre aux industriels de s’approvisionner eux-mêmes en certificats verts et de les remettre directement à leur fournisseur.