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Les dysfonctionnements dans l’organisation d’une exposition sur la Première Guerre mondiale

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2012
  • N° : 93 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 03/05/2013
    • de de LAMOTTE Michel
    • à DEMOTTE Rudy, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    À un peu plus d’un an du coup d’envoi des cérémonies de commémoration de la Première Guerre mondiale, trois grandes expositions sont prévues dans chaque région du pays. Pour la Wallonie, un appel à projets a été lancé par le SPW en date du 19 novembre dernier et une enveloppe fermée de 600.000 euros est prévue pour le financer.

    Or, à la clôture de l’appel à projets, on apprend que deux candidatures ont été rentrées : l’une située à Bruxelles et l’autre à Liège. On peut s’étonner qu’un projet entièrement financé par la Wallonie puisse se tenir sur le territoire d’une autre région.

    Par ailleurs, début janvier, le jury, composé des représentants de Monsieur le Ministre-Président, des vice-présidents et de quatre experts scientifiques désignés par le Gouvernement wallon, a perdu sa présidente suite à la démission de cette dernière en raison de son implication dans le projet bruxellois. On s’étonne que personne ne se soit ainsi aperçu de cette incompatibilité.

    Enfin, les membres du jury n’ont reçu les argumentaires que la veille de l’audition des deux candidats.

    Le Gouvernement wallon est appelé à se prononcer fin de ce mois sur les candidatures. Au vu du financement wallon du projet, de l’expertise reconnue dans l’organisation d’expositions majeures de l’ASBL Collections & Patrimoines, du rôle historique majeur de la région liégeoise dans le conflit et de la présence confirmée de nombreux chefs d’État le 4 août 2014 à Liège, il m’apparait que le projet liégeois doit être retenu sans compter que ces manifestations.

    Monsieur le Ministre peut-il clarifier ce dossier et notamment les problèmes entourant la composition du jury, notamment dans le chef de sa présidente et de son éventuel conflit d’intérêts ?
    Confirme-t-il la prise d’une décision fin de ce mois ?
  • Réponse du 07/05/2013
    • de DEMOTTE Rudy

    La Wallonie et Bruxelles ont de multiples raisons de participer dignement aux commémorations de la Grande Guerre, sans haine envers l’Allemagne et sans concurrence avec les Flamands, mais en revendiquant un passé qui est aussi le leur.

    Faut-il, en effet, rappeler que les premiers tués tombèrent en province de Liège et que la Belgique fut le seul pays d’Europe occidentale à avoir connu une occupation militaire quasi totale de son territoire.

    Dès 2010, le Conseil de la Transmission de la Mémoire a ainsi rédigé, à ma demande, une note d’information sur l’organisation du centenaire.

    Cette note a débouché sur l'adoption, en mars 2012, par les deux gouvernements, d'un ambitieux plan opérationnel conjoint. Un plan qui reprend à la fois les valeurs et les objectifs qui seront affirmés à cette occasion, des initiatives concrètes et un cadre budgétaire de 37 millions d'euros, dont 9 millions de moyens nouveaux.

    Ce plan s’inscrit aux côtés des nombreuses initiatives déjà engagées par les Ministres Di Antonio pour le Patrimoine, Nollet en matière de Recherche, Simonet au niveau de l'Enseignement et Furlan dans les domaines du Tourisme et des Pouvoirs locaux.

    Il vise à développer des projets destinés à ancrer les commémorations dans l'esprit du grand public.

    On pense :
    * à la réalisation de documentaires par la RTBF sur la vie quotidienne à l’heure de l’occupation allemande ;
    * à l’organisation d’événements de grande envergure présentant un intérêt majeur et symbolique pour la Wallonie ; un appel a été lancé en ce sens fin 2012 et est actuellement en cours d’analyse par le jury ;
    * à l’appel à projets lancé dans le cadre du décret du 13 mars 2009 relatif à la transmission de la mémoire, où nous attendons également les propositions du jury.

    Les gouvernements se sont pleinement engagés pour rendre hommage à ceux qui se sont sacrifiés pour les valeurs que nous revendiquons toujours comme fondamentaux pour notre société d’aujourd’hui.

    C’est aussi dans cet esprit que s’inscrit l'appel à projets pour la réalisation d'une exposition de grande envergure dont voici les éléments d'information que je puis apporter à ce stade, étant entendu que la décision d'attribution n'a pas encore été prise par le Gouvernement wallon qui attend l'avis de l'inspection des finances avant de statuer.
    * En juillet 2012, le plan d’action « 14-18 » de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles est rendu public. Il annonçait, notamment, l’organisation d’une exposition de grande envergure. Dès ce moment, tous les promoteurs capables d'organiser ce type d’événements ont pu avoir connaissance du cadre, des axes et des thématiques à respecter pour obtenir une reconnaissance et un financement.
    * Le 8 novembre 2012, les deux gouvernements ont approuvé l'appel « grande exposition » qui précise que l'exposition doit être présentée dans au moins un lieu situé sur le territoire de langue française ou de la Région de Bruxelles-Capitale.

    Ce choix découle de la volonté des deux gouvernements de collaborer efficacement afin de présenter non pas deux, mais un seul projet ambitieux de commémoration.
    * L’appel à projets a été ouvert du 19 novembre au 31 décembre 2012.
    * Début janvier 2013, comme prévu dans la procédure, Démocratie ou barbarie a vérifié la recevabilité des dossiers de candidature. Dans ce cadre, il a mis en évidence un possible conflit d’intérêts dans le chef de Laurence van Ypersele, membre du comité scientifique du projet Tempora.
    * Le 10 janvier 2013, sur avis du Centre d’expertise juridique du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Laurence van Ypersele a été écartée du jury. Elle ne l’a donc jamais présidé et n’a pas participé à ses travaux.
    * Le 14 janvier 2013, Monsieur Olivier Plasman, membre du Groupe de pilotage « Commémorer 14-18 » fut désigné pour remplacer Madame van Ypersele à la présidence. On est donc très loin d’une « désignation à la hâte » comme on a pu le lire dans la presse. Cette désignation a été avalisée par les membres du jury le 6 février.
    * Ce 6 février, le jury s’est réuni pour auditionner les candidats. Il était constitué d’experts scientifiques, d’un représentant de la cellule Démocratie ou Barbarie, d’un représentant du Service général de l'inspection et des représentants des cabinets de la Présidence et des vice-présidents des gouvernements.

    Contrairement à ce qui est affirmé dans l’article évoqué, les membres du jury ont reçu les dossiers, en version électronique et papier, bien avant la veille de la réunion, sauf pour deux représentants des vice-présidents dont la désignation fut tardive.

    Après audition des candidats, les membres du jury ont évalué les projets sur base d’une grille chiffrée, intégrant les différents critères.

    C’est au Gouvernement qu'il appartient maintenant de se prononcer sur l'attribution de la subvention pour l'organisation de cette grande exposition, sur base des avis du jury, du service juridique et de celui de l'inspection des finances.

    Compte tenu de cela, je ne puis donc que contredire les propos de la presse quant à un quelconque parti pris dans mon chef, car cela reviendrait à mettre en cause l’impartialité des membres du jury.

    Enfin, je préciserai en ma qualité de représentant de tous les Wallons et des Bruxellois francophones que j’accorde une égale attention à l’ensemble de nos villes et communes dont beaucoup furent particulièrement affectées par les combats de « 14-18 ».

    Liège, bien évidemment, qui a joué un rôle majeur dans les combats de 1914 et recèle une valeur symbolique « héroïque », par des éléments comme l’explosion du Fort de Loncin ou la remise de la Légion d’honneur.

    Mais aussi d’autres villes et régions de Wallonie qui peuvent également mettre en avant leur implication dans les combats de 1914 :
    - les villes et villages martyrs, bien entendu ;
    - Namur et ses forts qui ont subi de douloureux bombardements,
    - Mons, qui fut le théâtre des combats impliquant les forces britanniques ;
    - ainsi que les localités témoin des combats de la bataille des frontières (du Luxembourg à la Sambre et Charleroi) qui illustrèrent l’héroïsme des Français.