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Le caractère inéquitable de l’espérance de vie en Belgique

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 128 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 08/05/2013
    • de MOUYARD Gilles
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des Chances
    L’espérance de vie en Wallonie est inférieure à celle qu’affichent toutes les régions limitrophes, c’est ce qu’il ressort du rapport 2012 sur la Santé en Europe, publié mercredi dernier par l’Organisation mondiale de la santé.

    « Mis à part le Brabant wallon, les provinces wallonnes apparaissent comme un îlot affichant une espérance de vie inférieure à toutes les régions contiguës ».

    L’étude montre que globalement l’on vit plus longtemps en Belgique, mais nous serions exposés plus tôt au risque de maladie chronique. Cette dernière démontre aussi le caractère inéquitable de la distribution de l’espérance de vie.

    Quelle est l'analyse de Madame la Ministre de cette étude ? Quels sont les moyens existant pour lutter contre les facteurs déterminant un mauvais état de santé en Région wallonne ? Quelles sont les nouvelles actions qu'elle compte mettre en place pour lutter plus efficacement contre les situations sociales et sanitaires inéquitables ?
  • Réponse du 17/06/2013
    • de TILLIEUX Eliane

    L'espérance de vie est un indicateur de développement humain, qui représente la durée de vie moyenne, soit l'âge moyen du décès, d'une génération d'hommes et de femmes dans un territoire donné.

    Le rapport de l’OMS-Europe que l'honorable membre mentionne donne les comparaisons par pays. Ce rapport montre que, pour tous les indicateurs utilisés, la Belgique se situe dans le peloton de tête, de même que les premiers pays de l’Union européenne et les pays scandinaves.

    Lors de l’examen des données à une échelle plus petite, des différences plus importantes apparaissent, qui sont bien souvent un reflet des conditions socio-économiques prévalentes dans la zone, mais pas uniquement. Les zones où l’espérance de vie est plus faible cumulent généralement des facteurs de vie défavorables : revenus peu élevés, ressources de mobilité réduites, accès dès lors plus difficile aux services. Au niveau de la Wallonie, ces zones correspondent aux zones traditionnellement plus pauvres, à savoir l’axe de l’ancien bassin sidérurgique, les grandes villes ainsi que dans les communes frontalières.

    Le tableau de bord transfrontalier de la santé ne montre pas de différences marquées entre zones voisines franco-belges. On ne peut en effet comparer une province à une région française, qui a souvent la taille de notre Région wallonne dans son entièreté, ce qui masque certaines disparités à l’intérieur de la région. Globalement, les indicateurs de santé (santé subjective, déterminants de santé) sont du même ordre de part et d’autre de la frontière franco-belge.

    L’espérance de vie est calculée à partir des données de mortalité. Lorsque l’on examine les causes de décès, des différences entre la France et la Belgique sont cependant visibles, la prévalence des cancers est plus importante en France tandis que les maladies cardio-vasculaires sont plus fréquentes côté Belge par exemple. Ces différences pourraient s’expliquer pour partie par une différence dans les habitudes de vie, ainsi la consommation d’alcool et de tabac par exemple, qui contribuent à une large part des décès prématurés (avant 65 ans) et qui représentent environ 30 % des décès chez les hommes wallons.

    L'honorable membre a aussi raison d’insister sur les liens entre maladies chroniques et espérance de vie, on parle aussi par ailleurs d’espérance de vie en bonne santé : les inégalités sociales de santé sont également majeures à ce niveau-là et ont un impact important sur la mortalité qui en résulte. Les différences trouvent leurs racines parfois longtemps avant la date de décès, par exemple dans le cas de la consommation de tabac.

    Une des missions de l’Observatoire wallon de la santé est de mettre en évidence les inégalités sociales de la santé pour contribuer à leur diminution ; c’est dans ce cadre qu’une action a été récemment menée en collaboration avec la Fondation Roi Baudouin afin d’accompagner les acteurs locaux dans l'élaboration, le suivi et l’évaluation de leurs projets visant à réduire les inégalités de santé, ainsi qu’à mener une réflexion sur les bonnes pratiques dans ce domaine. De plus, l’Observatoire wallon contribue par différentes actions à l’approche « health in all policies » impliquant dès lors d’autres compétences régionales telles que l’aménagement du territoire, l’environnement ou le logement.

    De nombreuses associations, soutenues par la Région wallonne, œuvrent sur le terrain pour contribuer à diminuer ces inégalités, je pense notamment aux Services de Santé Intégrés et aux Relais Santé.

    Je pense également à la prise en compte, dans la programmation des services comme les services d’aides à domiciles, les services de santé mentale ou les plannings familiaux, de la lutte contre les inégalités sociales de santé, au travers par exemple de la formation du personnel.

    Enfin, j'invite l'honorable membre à s'intéresser également aux actions de prévention et de promotion de la santé menées par la Fédération Wallonie-Bruxelles.