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La hausse du nombre de mamans mineures

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 149 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 03/06/2013
    • de PREVOT Maxime
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des Chances

    Les chiffres de l’ONE concernant les grossesses précoces en Wallonie et à Bruxelles révèlent qu’au cours de ces trois dernières années, 41 adolescentes sont devenues mères à 13 ans, 39 à 14 ans et 98 à 15 ans…

    Depuis 2010, quelque 1.037 mineures seraient ainsi devenues mères. Cette tendance est clairement à la hausse puisque de 317 naissances en 2010, on est passé, dans la partie francophone du pays, à 364 naissances en 2012 !

    Lorsque l’on connaît les problèmes sociaux que cela peut engendrer, pour la jeune fille bien entendu, mais également pour l’enfant à naître, ces chiffres interpellent !

    On sait que la Wallonie et ses ministres successifs de l’Action sociale ont, depuis de nombreuses années maintenant, surtout axé leur politique sur la gratuité de la première plaquette de pilules contraceptives au sein des centres de planning.

    En juillet 2010, le Gouvernement wallon approuvait un plan d'action pour les centres de planning, en vue de renforcer leur rôle. Une des actions du plan était donc de rendre accessible la contraception. Dans ce cadre, le gouvernement approuvait, en mai 2010, le projet de convention pluriannuelle qui lie la Wallonie aux quatre fédérations des centres de planning. Les subventions annuelles prévues par les conventions pluriannuelles visent, indistinctement, les stocks de pilules contraceptives, les pilules du lendemain et les préservatifs, ainsi que les frais de fonctionnement de l'association.

    Le plan d'actions mettait aussi en avant d'autres actions pour réduire le nombre d'IVG, dont notamment la généralisation des animations concernant l'EVRAS dans les écoles, mais aussi la promotion de l'action des centres de planning, notamment au travers de la création du site internet « Love attitude ». À cet égard, le Gouvernement wallon a approuvé, en juin 2012, le renouvellement de la convention pluriannuelle pour la gestion de ce site internet.

    Aussi, fin 2011, dans le cadre du Plan Marshall 2.vert, un appel à projets à destination des centres de planning familial avait été lancé pour élargir leur offre de services en matière d'animation à la vie relationnelle, affective et sexuelle en milieu scolaire.

    Douze équivalents temps plein ont ainsi pu être engagés pour augmenter le nombre de classes auxquelles ces animations pourront bénéficier.

    Récemment, Madame la Ministre nous disait encore, que « pour accroître l'offre de moyens contraceptifs, les moyens budgétaires avaient été augmentés de 33 % ».

    Quelles sont alors selon Madame la Ministre les raisons de cette évolution inquiétante des chiffres en matière de grossesse précoce dans notre région ? Peut-elle me préciser si cette évolution est comparable dans la partie néerlandophone du pays ?

    Quelles sont les marges de manœuvre dont Madame la Ministre dispose pour mieux sensibiliser les jeunes filles à ce problème et pour, de manière plus globale, mieux préparer les jeunes à la vie affective et sexuelle ?

    En conclusion, au regard de ces nouveaux chiffres, et donc de l’évolution du phénomène, Madame la Ministre ne pense-t-elle pas qu’une remise en question des politiques actuellement menées en la matière en Wallonie s’imposerait ? La réforme de la législation relative aux centres de planning familial, actuellement toujours en préparation au niveau du gouvernement, va-t-elle pouvoir mieux répondre à cet enjeu ?
  • Réponse du 25/07/2013
    • de TILLIEUX Eliane

    La hausse du nombre de mamans mineures fait l’objet d’un suivi attentif. En effet, de nombreux acteurs y ont été sensibilisés et des projets spécifiques ont été mis en chantier pour faire face à ce phénomène considéré comme une priorité en la matière.

    Mais répondre à cette situation complexe nécessite une approche globale dans laquelle les aspects sociaux, médicaux et psychologiques sont indissociables.

    Dans ces domaines, les centres de planning familial sont des acteurs incontournables.

    C’est notamment pour cette raison que j’ai souhaité renforcer et développer leur rôle. Je pense notamment à :
    - l’accessibilité de la contraception et en particulier les pilules contraceptives, les pilules du lendemain et les préservatifs via la conclusion de conventions pluriannuelles avec les fédérations de centres de planning leur octroyant des moyens budgétaires complémentaires ;
    - le renforcement des axes visant à préparer les jeunes à la vie affective et sexuelle et informer les personnes et groupes sur tout ce qui concerne la contraception, la grossesse désirée ou non, l’interruption volontaire de grossesse, les maladies sexuellement transmissibles par la généralisation des animations concernant l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle dans les écoles. À cette fin, j’ai octroyé au secteur 12 ETP supplémentaires ;
    - le nouveau dispositif décrétale relatif aux Centres de planning familial que je présenterais prochainement au Gouvernement en seconde lecture. Celui-ci devrait notamment permettre l’organisation accrue de l’offre de service et création de pôles d’activités dont les objectifs prioritaires seront l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle pour les jeunes de moins de 25 ans, l’accessibilité à la contraception, en particulier pour les jeunes et le public précarisé, la prévention des grossesses non souhaitées et le respect de la liberté de choix relatif à l’avortement.

    Je profite de la question pour souligner que pour ma part, je suis favorable à une généralisation des modules EVRAS dans l’enseignement, ceci est d’ailleurs prévu dans les déclarations de politiques régionale et communautaire. Cette généralisation n’est toutefois pas effective et à cet égard, j'invite l'honorable membre à interpeller ma collègue en charge de l’Enseignement.

    Je terminerai en soulignant que cette hausse du nombre de jeunes mamans a démontré qu’il ne suffisait pas de donner l’accès à la contraception pour contenir ce phénomène. La réalité est plus complexe. Car penser à la contraception signifie que l’on anticipe. Or, prévoir est aux antipodes du côté spontané propre à l’adolescence. Ce dont les jeunes ont besoin, c’est d’avoir un dialogue à propos de la sexualité et plus généralement du rapport à leur corps.

    Ce sont exactement les axes prioritaires sur lesquels se fonde la réforme de la législation des centres de planning familial.