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L’équilibre des zones forestières productives

  • Session : 2012-2013
  • Année : 2013
  • N° : 587 (2012-2013) 1

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  • Question écrite du 16/07/2013
    • de de COSTER-BAUCHAU Sybille
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Voilà peu, l’un de mes contacts me relayait ses inquiétudes concernant l’évolution des zones productives de bois en Région wallonne.

    En effet, si l’équilibre général entre feuillus et résineux en Wallonie se doit de se stabiliser aux alentours d’un ratio 53 % - 47 % en vertu du Code forestier, la situation est nettement plus complexe lorsqu’on évoque les forêts productives et l’équilibre évoqué y est beaucoup plus précaire.

    Ainsi, au fil des années, la part des résineux dans la forêt productive wallonne a connu une chute vertigineuse. En effet, avec 247.653 hectares représentant 49,9 % des zones forestières productives en 1982, les résineux exploitables sont tombés en 2010 à 203.250 hectares et 42,8 % de ces zones.

    Je ne vous apprendrai rien en ajoutant que la demande en résineux est particulièrement forte. À titre d’illustration, pas moins de 123 % de l’accroissement a été coupé l’année dernière ! Cette situation étant encore plus prononcée en ce qui concerne l’épicéa, l’essence résineuse la plus commune dans nos régions. En effet, pour l’heure, c’est comme si l’on coupait 5 hectares d’épicéas chaque jour sans pouvoir les replanter.

    Du côté des feuillus, la situation est diamétralement inverse. Peu demandé pour des activités économiques locales, il est surtout exporté vers d’autres pays, comme la Chine, pour nous être ensuite renvoyé sous des formes diverses.

    Ce déséquilibre de demande m’apparaît être dangereux pour l’équilibre général prescrit par le Code forestier, mais aussi pour l’approvisionnement local en résineux.

    De ce fait, je souhaitais demander à Monsieur le Ministre quelles mesures étaient prises pour faire respecter l’équilibre entre feuillus et résineux dans ces forêts productives, mais aussi ce qu’il prévoyait pour assurer une adéquation entre offre et demande de résineux en Wallonie ?
  • Réponse du 06/08/2013
    • de DI ANTONIO Carlo

    Les chiffres de l’inventaire permanent des ressources forestières du DNF mettent en évidence une diminution des surfaces résineuses ces 10 dernières années. De 47 % de la surface forestière totale, les résineux ne recouvrent plus que 43 % de cette surface.

    La surface résineuse a diminué de 5.500 hectares dans les forêts bénéficiant du régime forestier et de 10.800 hectares dans les forêts privées. Cette situation est due principalement à la non-adéquation des espèces résineuses aux conditions locales de terrain, à certains terrains qui ne sont plus replantés, et au découragement de certains propriétaires privés face notamment aux dégâts provoqués par les surdensités de grand gibier.

    En ce qui concerne la récolte en résineux par rapport à l’accroissement, elle atteint 105 % pour les propriétaires publics et 136 % pour les propriétaires privés :

    - chez les propriétaires publics, les quantités mises en vente trouvent leur origine dans la coupe des vieux peuplements d’épicéas ayant largement dépassé l’âge d’exploitabilité. Ces opérations correspondent toujours à une gestion durable;

    - pour la forêt privée, il faut rappeler qu’il y a eu une grande vague de plantations de résineux à la fin des années 1960. Ces peuplements sont maintenant à maturité et comme il y a une forte demande de bois par les industries, les propriétaires privés ont largement coupé leurs bois ces derniers temps et délivrés des volumes importants.

    Il faut entre 40 et 60 ans pour obtenir un Douglas à pleine maturité. Les cycles de la forêt sont longs ! Nous héritons d’une situation historique et nous ne pouvons rétablir un équilibre que sur le long terme. C’est la raison pour laquelle une législation forestière doit se concevoir à très long terme, de l’ordre du demi-siècle, voire du siècle.

    Devant ce constat et afin de rétablir l’équilibre feuillus/résineux et de maintenir la capacité de production de la forêt wallonne, plusieurs pistes sont envisagées :

    1. Des actions de sensibilisation à l’intention des propriétaires privés, soutenues par la Région, sont dispensées par la Société Royale forestière et par la nouvelle Cellule d’Appui à la petite Propriété forestière privée. Le but étant d’encourager le reboisement d’anciennes mises à blanc colonisées et de décourager à effectuer des coupes prématurées.

    2. Via les plans d’aménagements des forêts des propriétaires publics, nous allons favoriser la conversion en Douglas d’une partie des chênaies de substitution de qualité médiocre pour autant, bien sûr, que ces forêts ne soient pas situées dans Natura 2000 et ne constituent pas des forêts historiques.

    3. Le DNF refusera les demandes de dérogation à l’interdiction du code forestier d’effectuer des mises à blanc supérieures à 5 hectares, lorsqu’il s’agit de coupes prématurées.

    4. Le DNF veillera à transformer certains peuplements d’épicéas en douglas dont la production est beaucoup plus importante.