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La diminution de certaines espèces de papillons

  • Session : 2013-2014
  • Année : 2013
  • N° : 5 (2013-2014) 1

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  • Question écrite du 19/09/2013
    • de PECRIAUX Sophie
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Selon l'Agence européenne pour l'environnement (AEE), les espèces de papillons ont chuté de 50% entre 1990 et 2011.

    Selon l'Agence, ces papillons sont des indicateurs représentatifs des tendances observées auprès de la plupart des autres insectes terrestres.

    Comme les abeilles sauvages et domestiques et les bourdons, les papillons sont par ailleurs des auxiliaires pollinisateurs.

    Les papillons de prairie seraient particulièrement menacés : sur 17 espèces de papillons étudiées, 8 sont en déclin, 2 sont stables et une croît. Pour les autres espèces, tendance «incertaine».

    L'Agence européenne pour l'environnement pointe l'intensification de l'agriculture et une mauvaise gestion de l'écosystème des prairies.

    Un de ses experts déclare : «  La Belgique est un pays très agricole. Et son agriculture est hyperintensive. Les prairies naturelles n'existent quasi plus. Les prairies agricoles sont en fait des prairies de fauche, enrichies avec des engrais, souvent chimiques, semées de graminées destinées à faire du fourrage. La biodiversité floristique a chuté chez nous comme en Europe occidentale. ».

    Or les papillons sont très liés aux fleurs et aux plantes. Celles qu'ils butinent, mais aussi celles sur lesquelles ils pondent (cinq espèces de papillons pondent sur l'ortie, mais ne la butinent pas) et celles sous lesquelles ils s'abritent. Les prairies fleuries, les bandes fleuries le long des champs, les plantes qu'on y sème ne sont pas spécialement favorables aux papillons. Et ceux-ci n'ont qu'une faible capacité de dispersion.

    Mais les particuliers, même en ville, pourraient apporter leur grain de sel en se détournant des traditionnelles variétés horticoles pour préférer les plantes indigènes sauvages.
    Monsieur le Ministre a-t-il eu connaissance de cette étude de l’Agence européenne de l’environnement ?

    Quelles mesures compte-t-il mettre en œuvre pour remédier à cette diminution de papillons ?
  • Réponse du 14/10/2013 | Annexe [PDF]
    • de DI ANTONIO Carlo

    Le constat tiré par l’Agence européenne pour l’Environnement concorde avec celui qui a pu être dressé en Wallonie dans le cadre du suivi de l’État de l’Environnement wallon. Plusieurs groupes d’espèces, parmi lesquels les papillons sont en effet suivis depuis plus de 20 ans en tant que bio-indicateurs dans le but de déceler les modifications de l’environnement.

    Selon la synthèse établie en 2008, sur nos 103 espèces de papillons, 49 ne sont pas menacées tandis que 52 sont vulnérables ou menacées à des degrés divers (voir sur http://environnement.wallonie.be).

    Parmi les causes de raréfaction, l’intensification de l’agriculture, notamment, est pointée du doigt. Conscients de cette tendance, mes prédécesseurs et moi-même avons soutenu et soutenons différentes mesures en faveur d’une agriculture à taille plus humaine, davantage respectueuse du patrimoine naturel. Parmi ces mesures, soulignons le soutien à l’agriculture biologique, les mesures agri-environnementales dont une mesure qui porte spécifiquement sur la préservation des prairies à haute valeur biologique ; elle concerne 21 300 hectares.

    Le même rapport 2008 met d’ailleurs aussi en évidence une amélioration du statut de certaines espèces au cours des toutes dernières années. Cette amélioration est liée aux efforts entrepris pour inverser la tendance, preuve que ces efforts portent leurs fruits.

    La mise en place du réseau Natura 2000 fixe des objectifs de préservation pour les habitats de grand intérêt biologique et les mesures de gestion adaptées bénéficient de financements dans le cadre du Programme de Développement Rural. Parmi ces habitats, les prairies extensives occupent une place importante.

    Les programmes LIFE contribuent aussi largement à la restauration des habitats y compris en milieux agricoles. Comme l'honorable membre le sait, ces programmes sont soutenus par la Commission européenne à concurrence de 50 (parfois 75) %, le solde étant largement pris en charge par la Wallonie. Tous les programmes LIFE sont favorables aux papillons puisqu’ils contribuent à la restauration des milieux naturels parmi les plus menacés, milieux qui hébergent le plus souvent des espèces rares.

    Je mentionnerais cependant spécifiquement le programme LIFE « Actions de préservation des papillons menacés », toujours en cours et qui a bénéficié d’un cofinancement de la Wallonie de 3 109 000 euros ainsi que les deux programmes plus récents axés sur les prairies maigres de fauche en Lorraine belge et en Fagne - Famenne.

    Il faut rappeler également les efforts en matière d’acquisition et de création de réserves naturelles. Comme je l’ai déjà évoqué précédemment, 7 600 ha de sites auront obtenu un statut de protection entre 2009 et 2013. En annexe, l'honorable membre trouvera la répartition de ces sites.

    Des efforts de sensibilisation des citoyens et des administrations communales sont également faits pour les inciter à réserver une place à la nature dans les espaces qu’ils gèrent.

    Ainsi, l’opération fauchage tardif des bords de route concerne actuellement 217 communes et porte sur 23 124 km représentant 4 625 hectares. Ce sont des milieux refuges pour les papillons, d’autant plus importants qu’ils sont mis en réseau.

    Enfin, l’opération « Maya » promeut les plantes mellifères et est donc favorable aux insectes butineurs. Il en est de même pour le réseau de jardins nature développé par plusieurs associations, Plans communaux de développement de la nature et parcs naturels.