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Le danger pour la santé de la présence de plomb dans les conduites d'eau alimentaire

  • Session : 2013-2014
  • Année : 2013
  • N° : 75 (2013-2014) 1

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  • Question écrite du 17/10/2013
    • de PECRIAUX Sophie
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    Le 25 décembre prochain, la nouvelle directive européenne sur la présence de plomb dans l’eau alimentaire entrera en vigueur. La norme actuellement tolérée de 25 microgrammes par litre sera abaissée à 10 microgrammes.

    En Wallonie, il y aurait encore 46 000 raccordements plombés.

    Les distributeurs d'eau ne contestent pas la mesure qui leur impose de réduire le taux de plomb dans l'eau.

    Chez Aquawal, on relève quand même que, dans un certain nombre de cas, les travaux entrepris ne serviront à rien si les canalisations en plomb des bâtiments ne sont pas remplacées également.

    C'est la responsabilité du propriétaire de la maison qui est engagée. « Et là, on se trouverait dans une situation absurde où il n'y a aucune obligation de remplacement. »

    Depuis de nombreuses années, les distributeurs d'eau plaident pourtant pour une telle obligation qui est d'ailleurs prévue dans le décret wallon qui transpose la directive européenne, mais l'arrêté d'application n'aurait jamais été pris.

    En Région wallonne, les contrôles pratiqués par les distributeurs ne montreraient pratiquement jamais de dépassement de la norme tolérée de plomb dans l'eau, parce que les canalisations problématiques ont été remplacées en priorité et, surtout, parce que l'eau au sud du pays est généralement très dure. Sa teneur en calcaire protège les canalisations en plomb de l'érosion.

    Mais cela n'empêche que, depuis 1998, les distributeurs wallons s'activent à remplacer leurs vieilles tuyauteries plombées.

    Si le remplacement de l'amenée d'eau potable peut, sous certaines conditions, donner accès à des primes à la réhabilitation en Wallonie, ne faudrait–il pas aller plus loin en envisageant une obligation de réhabilitation des vieilles conduites qui pourrait par exemple s'appliquer de la même manière que ce qui existe déjà pour la mise en conformité de l'installation électrique ou l'obligation de fournir un certificat de performance énergétique en cas de vente d'un bien, car effectuer des travaux pour éviter que le plomb n'entre dans une maison où il se trouve déjà n'a évidemment pas de sens ?

    Le cas échéant, les pouvoirs publics n'ont-ils pas un rôle à jouer via des incitants financiers ?

    Quels sont les mesures que Monsieur le Ministre a déjà prises, ou ses prédécesseurs, pour diminuer la présence de plomb dans notre environnement ?

    Monsieur le Ministre va-t-il encore renforcer ou prendre des mesures supplémentaires suite à la révision des normes par l’Europe.
  • Réponse du 22/01/2014
    • de HENRY Philippe

    La toxicité du plomb n’est effectivement plus une question qui porte de nos jours à discussion. À ce titre, c’est le saturnisme infantile qui reste le plus préoccupant en termes de santé publique. En effet, les manifestations cliniques du saturnisme ne sont pas spécifiques de cette intoxication et se manifestent tardivement. Il en ressort une difficulté de poser un diagnostic.

    Le plomb que notre organisme est susceptible d’absorber trouve son origine dans des sources diverses telles que les poussières présentes dans l’environnement (fumées des usines métallurgiques, vapeurs d’essence plombée par exemple), dans les anciens logements mais aussi dans la plupart des aliments et des boissons.

    Les aliments et surtout les végétaux (en particulier les champignons), peuvent contenir plus ou moins de plomb suivant leur nature, tout comme les boissons dont le vin.

    À titre indicatif, une étude menée en France a montré que, plus de 30 % de l’apport alimentaire en plomb provient des boissons, 22 % sont issus des fruits et légumes (en raison de la contamination des sols), 15 % de la viande, des produits laitiers et du poisson, et 14 % des céréales.

    Au niveau des habitations, une partie substantielle du plomb potentiellement ingérable est associé aux poussières. Il est important de rappeler ici qu’il y a un lien avec le milieu socio-économique : les poussières de logements anciens et vétustes – donc généralement habités par des populations plus précarisées – sont plus susceptibles que d’autres de renfermer d’importantes concentrations en plomb. Ce plomb peut trouver son origine dans les peintures datant d’avant les années ‘50, période où il était encore autorisé d’y inclure du plomb.

    Les distributeurs d’eau qui sont garants de la qualité de l’eau distribuée ont entrepris depuis plusieurs années un programme rigoureux de remplacement des raccordements en plomb de manière à garantir qu’aucune contamination par le plomb ne provienne du réseau public.

    Les principaux d’entre eux procèdent à une information relative au plomb et à leur programme de remplacement sur leur site internet et directement auprès de leurs associés communaux.

    Ils complètent cette information par la distribution de brochures (également téléchargeables sur leur site internet comme le propose la SWDE) contenant divers conseils et mesures de prévention pour leurs clients en insistant notamment sur le fait que le remplacement de ces raccordements en plomb ne sera efficace que si le plomb est également éliminé de toute l’installation intérieure privée qui est sous la seule responsabilité du propriétaire de l’immeuble.

    Ces travaux de réhabilitation des canalisations privées donnent droit, à certaines conditions, à la prime de réhabilitation de la Région wallonne dont les conditions d'octroi et autres renseignements pratiques sont repris sur le site internet de la Direction générale de l'Aménagement du Territoire, du Logement et du Patrimoine (DGATLP).

    La Région n’a pas souhaité aller jusqu’à l’obligation de remplacement au vu des coûts pour le particulier et l’existence d’un certain nombre de mesures alternatives qui permettent de gérer le problème avant remplacement le moment opportun, lors de travaux variés.

    En ce qui concerne la possibilité de débarrasser l’eau de consommation du plomb qu’elle pourrait contenir, il existe en effet des filtres à charbons actifs qui présentent la particularité d’absorber certains polluants dont le plomb. Mieux vaut alors acquérir des filtres certifiés qu’il faut entretenir régulièrement car ils peuvent se saturer en plomb ou devenir un nid à microbe. Les cruches à eau (de type BRITA) sont également dotées d’un filtre à charbon actif mais ne présentent à notre connaissance aucune garantie d’efficacité pour la purification d’eau contaminée en plomb. Le meilleur conseil à prodiguer outre celui de remplacer les canalisations en plomb est encore celui de purger quelques litres d’eau après une période de stagnation de celle-ci dans les conduites en plomb.