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La précarité des agriculteurs et les conséquences alimentaires

  • Session : 2013-2014
  • Année : 2013
  • N° : 102 (2013-2014) 1

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  • Question écrite du 22/10/2013
    • de DETHIER-NEUMANN Monika
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Le 16 octobre dernier, nous célébrions la Journée mondiale de l’alimentation. L’occasion de souligner qu’encore environ 870 millions de personnes souffrent de sous-alimentation à l’heure actuelle dans le monde.

    La grande majorité de ces personnes souffrant de la faim vivent dans les pays en développement, mais 33 millions de personnes sont en risque de malnutrition dans les seuls pays d’Europe.

    Les agriculteurs des pays en développement, alors qu’ils sont à l’origine de la production, sont paradoxalement souvent les premières victimes de la crise alimentaire.

    Cependant, force est de constater que la dérégulation des marchés, la mise en concurrence des agriculteurs ainsi que la course à la productivité, qui en sont les principales causes, touchent aussi nos agriculteurs. En effet, le nombre de fermes et la main-d’œuvre associée ont diminué de plus de 60 % depuis les années 1980.

    Quelles actions Monsieur le Ministre met-il en œuvre, que ça soit dans le cadre de son futur Code de l’Agriculture, dans le cadre des réflexions relatives aux marges de manœuvre laissées par la PAC ou encore dans le cadre des discussions sur le futur Traité transatlantique avec les USA, pour essayer d’enrayer ce déclin ?




  • Réponse du 25/10/2013
    • de DI ANTONIO Carlo

    Je partage l'analyse de l'honorable membre et suis très soucieux de ne pas mettre en opposition les agriculteurs du Nord et ceux du Sud.
    Les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce et les priorités politiques des dernières décennies n’ont pas suffisamment pris en compte l’importance de l’agriculture, la particularité des marchés des matières premières alimentaires et surtout, le rôle des agriculteurs.

    Les conséquences dans les pays du Sud sont importantes pour les producteurs, avec souvent un arrêt de leur activité et une lutte quotidienne pour survivre.
    Chez nous, on ne peut que constater la difficulté de vivre de l’activité agricole, la diminution importante du nombre d’exploitations et l’inquiétude des jeunes agriculteurs en l’avenir.
    Au Sud comme au Nord, il faut orienter les politiques pour permettre une juste rétribution des agriculteurs, un commerce équitable et le maintien d’une production dans toutes les régions du monde.
    Agriculteurs du Nord et du Sud doivent pouvoir accéder aux moyens de production et en tirer un revenu décent, il en va également de notre sécurité alimentaire.

    Les choses évoluent, les Nations Unies ont décidé de proclamer l’année 2014 comme l’année internationale de l’agriculture familiale.
    Des institutions comme le FMI et la Banque Mondiale précisent dans des rapports récents la nécessité d’investir dans ce secteur, c’est dire l’évolution des mentalités.

    Au niveau wallon, j’ai veillé à ce que le concept de la Souveraineté alimentaire soit défendu par notre délégation lors du sommet Rio+20 l’an dernier.
    J’ai soutenu un projet mené par un consortium d’ONG et la plupart des hautes écoles wallonnes en agriculture afin de préparer un module de cours et de sensibilisation à la souveraineté alimentaire.

    Dans le Code wallon de l’agriculture, la fonction nourricière de l’agriculture est mise en avant, de même que le soutien à une agriculture familiale. Cela se traduira par des mesures concrètes dans la mise en œuvre de la future PAC, comme par exemple le maintien des aides couplées dans le secteur de l’élevage, le soutien aux jeunes ou encore la surprime aux premiers hectares.

    Concernant le futur traité transatlantique, j’ai demandé à mon administration d’être particulièrement vigilante sur son impact pour notre agriculture et notre alimentation, en rappelant que certains principes réglementaires et acquis agricoles au sein de l’Union européenne sont non négociables.
    Si nous avons des intérêts à retirer dans la négociation d’un partenariat renforcé, l’accès à notre propre marché ne peut être facilité que pour autant que les normes européennes soient également respectées par les Etats-Unis sous peine de s’exposer ou de créer une concurrence faussée.

    Dans le cadre des ces négociations, je m’oppose à tout nivellement par le bas des normes de qualité des produits, de protection de la santé ou de l’environnement.
    Il est important d’être vigilant à ce sujet, des journées comme celle du 16 octobre sont positives en ce sens qu’elles permettent une large mobilisation et médiatisation de ces enjeux majeurs.