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Les grèves sauvages au sein des TEC

  • Session : 2013-2014
  • Année : 2013
  • N° : 263 (2013-2014) 1

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  • Question écrite du 11/12/2013
    • de GAHOUCHI Latifa
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    Les récentes grèves sauvages des TEC qui ont eu lieu à Liège et Charleroi posent plusieurs questions.

    D'abord sur l'usage de ce droit de grève. Le droit de grève est et doit rester un droit inaliénable des travailleurs, néanmoins, dans le cas qui nous occupe et trop souvent ces derniers mois ce droit est et a été utilisé sans aucune retenue ni modération. Les TEC sont des entreprises au sein desquelles la concertation sociale existe avant de déclencher un tel mouvement, il faut en avoir épuisé toutes les étapes. Manifestement, dans ce cas-ci, ce n'était pas le cas.

    Ensuite, la nécessité de préserver le service aux usagers et l'image de l'entreprise. Ce genre de mouvement d'humeur n'est pas de nature à améliorer ni l'image ni le service qu'on se doit d'apporter aux citoyens.

    Nous ne pensons pas qu'il faille remettre en cause le droit des travailleurs ni l'opposer aux droits des usagers. Nous croyons en la pertinence du dialogue social, mais, pour cela, il faut également que certaines pratiques évoluent notamment le vote à bulletin secret lors des assemblées générales des travailleurs. Nous ne reviendrons pas sur le refrain habituel du service minimum, ce n'est pas la réponse que nous souhaitons apporter aux travailleurs et aux usagers.

    Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre de la situation ? Quelle stratégie entend-il mettre en oeuvre afin de renouer le dialogue social avec une partie des travailleurs qui estime que la grève est son seul moyen d'expression? Qu'en est-il de l'augmentation de concession de lignes à des sociétés privées?

    Monsieur le Ministre envisage-t-il de revoir le décret qui faisait du Groupe TEC l'opérateur de transport public en Wallonie ?
  • Réponse du 19/12/2013
    • de HENRY Philippe

    Je ne peux que me rallier au constat de l'honorable membre : cette grève sauvage est la grève de trop, totalement injustifiable auprès des usagers, de la direction du groupe TEC, de l’opinion publique, comme des responsables politiques. Elle est désastreuse pour l’image du service public, de l’entreprise TEC et de ses travailleurs. Elle a créé une plaie qu’il faudra du temps pour guérir.
    Dans le cadre du contrat de service public actuel, fondé sur la désignation du groupe TEC comme opérateur régional interne de transport public, la sous-traitance au privé autorisée par l’Union Européenne est d’au maximum 50 %. Or, nous y sommes quasi à ce maximum, à 48 % pour être précis puisqu’il faut prendre en compte l’ensemble de l’offre en ce compris le transport scolaire. Davantage de privatisation correspondrait à une remise en question lourde du système en place dans sa totalité, avec des conséquences donc aussi pour les autres TEC que le TEC Liège-Verviers.

    Or, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain en vantant les mérites présumés d’une privatisation du groupe TEC. Trois voire quatre TEC sur cinq ne connaissent pas les problèmes du TEC Liège-Verviers. On constate la plupart du temps une absence de grève aux TEC Brabant-wallon, Namur-Luxembourg et Hainaut (hormis la participation à certains mouvements nationaux ou des réactions face à des agressions), tandis que, même si la grève du TEC Charleroi de vendredi dernier était « on ne peut plus injustifiée et donc insupportable pour les usagers », le climat social évolue là aussi positivement, selon la SRWT.

    Je rappelle en outre que la Wallonie vient de signer un contrat de service public avec le groupe TEC dans son ensemble, valable jusque fin 2017. La conclusion de ce contrat est le résultat d’un combat de longue haleine pour le refinancement des transports en commun wallons. Il ne serait ni juste, ni opportun, de remettre en question une telle avancée qui aura des effets bénéfiques tant pour les usagers des TEC que pour les structures et leurs travailleurs sous prétexte de cette grève absurde.
    En tant que Ministre de la Mobilité, je trouve juste que le TEC soit pénalisé financièrement du fait de cette grève sauvage : les obligations de service public convenues dans le contrat n’ont pas été respectées. Au cours de mes démarches diverses qui ont eu pour objectif premier une reprise du travail dans les délais les plus brefs possible, j’ai appelé mes divers interlocuteurs à prendre leurs responsabilités comme le Gouvernement wallon a pris les siennes en faisant le choix du service public et de son refinancement.
    Je veux croire que les différentes parties tireront les leçons des excès de la semaine dernière pour mettre en place le climat nécessaire à ce qu’ils ne se reproduisent plus. Je continuerai pour ma part à les encourager dans ce sens et à entretenir les contacts nécessaires à différents niveaux à cet effet.