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Les kots conteneurs

  • Session : 2013-2014
  • Année : 2014
  • N° : 304 (2013-2014) 1

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  • Question écrite du 28/01/2014
    • de FOURNY Dimitri
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Voici quelques temps déjà, Monsieur le Ministre avait commandé une étude relative aux besoins en kots d'étudiants. De celle-ci, il était apparu que le manque de logements pour étudiants était criant sur le site de Louvain-la-Neuve, modéré à Namur et que le marché rencontrait par contre les besoins, entre autres, à Liège et à Mons.
     
    Voici à présent que la presse nous expose la volonté de l'Université de Liège d'implanter des « kots conteneurs », soit des logements modulables dans des conteneurs destinés à être loués à des étudiants. L’ULg s’intéresse de près à cette formule, qui existe déjà notamment à Amsterdam et à Londres pour, nous dit-on, pallier le manque de kots estudiantins de qualité disponibles à des prix modérés …

    On apprend ainsi qu’une étude de faisabilité doit être menée par l’institution dans le courant de l’année 2014 pour confirmer ou infirmer l’opportunité que représenterait de tels « kots conteneurs », entre autres sur le plan économique. Une note a récemment été déposée au conseil d’administration à ce sujet. L’institution a déjà visité des lieux existant et étudié des catalogues. Plusieurs villes françaises, par exemple, abritent déjà des logements de ce type.

    Chaque année, l’ULg recevrait sept à huit fois plus de demandes pour la location de ses kots que le nombre de lits disponibles, soit 360…

    Selon certains, ce type de « kots » représenterait un coût moins élevé que lorsque du logement étudiant est créé dans le cadre d’un habitat « traditionnel ». Il permettrait donc, en logique, de demander aux étudiants des montants de loyer moins élevés…

    Je reste toutefois étonné que cette proposition soit avancée à Liège, dans une Ville où l’étude que Monsieur le Ministre avait commandée nous révélait que le marché arrivait à rencontrer la demande ... 

    Dans un contexte de besoins criants, de « crise du logement étudiant », je peux aisément concevoir le recours à cette formule. Par contre, dans un contexte où l’offre est suffisante, l'intérêt me semble tout relatif.  N’y a-t-il pas de nombreux immeubles à rénover sur le territoire de la Ville de Liège et la priorité ne devrait-elle dès lors pas être mise sur la création de kots étudiants par la rénovation du bâti existant ?  

    N’assiste-t-on pas actuellement à un effet de mode qui conduit à privilégier le recours à ce type de solution, sans prendre en compte l’ensemble des paramètres ? Sans parler des aspects urbanistiques de ce type de projet, mais c’est évidemment une autre question … 
     
    Le 16 décembre dernier, Monsieur le Ministre répondait d’ailleurs à une question posée par l’un de mes collègues à propos de la « réaffectation de conteneurs marins en logements ». Il expliquait que « l’intérêt majeur du concept venait de la possibilité d'empiler les modules et de les déplacer » ainsi que de « la rapidité d'installation de systèmes préfabriqués et autoporteurs ». Mais en aucun cas il ne pouvait venir, selon lui, du « prix de revient, qui, pour atteindre un confort égal (sanitaires, électricité, isolation), est quasi identique à celui nécessaire à une construction traditionnelle »...

    Par ailleurs, Monsieur le Ministre nous apprenait que la durée de vie de ces habitats n'était pas encore connue avec certitude, alors que cela importe beaucoup dans les calculs d'investissement … L’exemple - ou plutôt contre-exemple - de la résidence universitaire du Havre, inaugurée en août 2010 sous le nom « résidence à'docks », avait ainsi été pris pour étayer ses dires.

    Monsieur le Ministre vous disait en conclusion « assez réservé sur le fait de considérer que cette approche doit être utilisée pour du logement qualifié de « social ». Tant pour les raisons de coût et de technique évoqués ci-avant, que pour l'image relativement peu valorisante que ces containers peuvent véhiculer auprès des habitants ». Il souhaitait aussi défendre « l'idée que les ménages ne peuvent se sentir stigmatisés par l'architecture dans laquelle ils résident, a fortiori lorsqu'ils n'ont pas le choix de leur logement ».

    Monsieur le Ministre pourrait-il en conséquence m’éclairer sur ses réelles intentions concernant ce type de logements ? Considère-t-il que les forces vives de la Wallonie doivent investir dans les logements conteneurs et qu’il s’agit donc d’une alternative intéressante à la pénurie actuelle de logements - qu’il s’agisse de kots ou d’autres types de logements - ou, à l’inverse, estime-t-ilque le logement conteneur n’est pas une voie à retenir et à suivre en Wallonie, en tout cas pour l’heure ?
  • Réponse du 05/02/2014
    • de NOLLET Jean-Marc

    Les contacts que j’ai eus avec la Direction des Ressources immobilières de l’Université de Liège me permettent de nuancer ce que l'honorable membre a pu lire dans la presse et qu'il nous rapporte aujourd’hui. Le Conseil d’administration ne s’est pas récemment penché sur cette question. Néanmoins, la Direction en charge de la gestion immobilière est effectivement actuellement en train d’étudier la faisabilité d’un projet de création de logements pour étudiants sur le site du Sart-Tilman.

    La motivation de l’ULG est principalement de pourvoir une offre de logements à destination des étudiants, voire du personnel académique, étrangers qui rejoignent l’ULG pour de courts séjours allant jusqu’à quelques mois maximums et qui ne peuvent louer un kot à l’année. Or, l'honorable membre sait comme moi que ce n’est pas le privé qui va pouvoir répondre à ce type de demande spécifique, les baux privilégiés sur ce secteur étant d’une durée d’une année entière, sauf à rentrer dans des formules très onéreuses comme il en existe précisément déjà à Liège.

    L’ULG s’est donc engagée dans une étude visant la création de 200 kots environ, mais il est toutefois prématuré d’assurer qu’il s’agira d’utiliser des containers. On me dit qu’il s’agit bien d’envisager des logements modulaires, à construction rapide, mais rien n’est cependant décidé. De nombreux éléments doivent encore être étudiés, notamment en ce qui concerne l’implantation, le coût et l’investissement à réaliser. Il revient en effet au pouvoir organisateur de l’ULG d’analyser la pertinence du projet qu’elle envisage et la qualité du projet qu’elle voudra mettre en œuvre.

    On ne doit pas s’attendre à ce que l’Université parvienne à lancer les procédures de marchés publics avant la fin de cette année civile au plus tôt.

    L’ULG pourra ainsi voir son parc de logements largement augmenté. Il faut rappeler que les logements proposés par les universités le sont toujours à un prix inférieur au prix du marché traditionnel. Et, comme on le sait tous, les logements de bonne qualité et à prix bas étant plus rares, il est évident qu’une grande demande existe pour ces logements universitaires, d’autant que l’établissement scolaire est toujours le premier interlocuteur auquel s’adresse un étudiant qui souhaite se loger sur place. Cela ne signifie en rien qu’il s’agit là d’un aveu de pénurie de logements pour étudiants à Liège.