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Le recul des exportations wallonnes hors Union européenne

  • Session : se2014
  • Année : 2014
  • N° : 47 (se2014) 1

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  • Question écrite du 17/09/2014
    • de BORSUS Willy
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Tout récemment, la nouvelle administratrice générale de l’AWEx et de WBI, Pascale Delcominette, a fait part dans la presse de sa préoccupation quant au recul observé en 2014 des exportations de nos entreprises wallonnes hors de l’Union européenne.

    Cette tendance à la baisse de la « grande exportation » n’est pas neuve puisqu’on la mesurait bien antérieurement.

    Le constat est donc clair : la Wallonie peine à vendre ses produits hors UE.

    Il semblerait que l’Extrême-Orient soit la région du monde la plus frileuse en la matière. Sont pointés des pays comme la Thaïlande, Taïwan, la Malaisie et la Chine dans lesquels nos exportations wallonnes ont reculé sérieusement ces derniers mois.

    Monsieur le Ministre partage-t-il ce constat et cette inquiétude ?

    Quelle politique a-t-il l’intention de mettre en place pour améliorer cette situation récurrente ?
  • Réponse du 20/10/2014
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Cette question est l’occasion de faire le point sur l’évolution du commerce extérieur wallon avec l’Extrême-Orient qui, comme l'honorable membre l’a remarqué, est en baisse récemment. Toutefois, nous considérons que cela ne constitue qu’une pause dans le développement dynamique de nos exportations sur les marchés d’Extrême-Orient depuis plus de 15 ans. En effet, de 1996 à 2013, les exportations wallonnes en Extrême-Orient ont enregistré une croissance moyenne annuelle de + 6,7 %, leur permettant de maintenant représenter près de 4 % du total de notre commerce extérieur, comparativement à 2,5 % en 1996.

    D’ailleurs, parmi les marchés à la grande exportation, l’AWEx porte une attention particulière en 2014 à l’Extrême-Orient avec 33 actions (20 % du programme). Depuis cinq ans, le nombre d’actions réalisées par l’AWEx sur les marchés d’Extrême-Orient a augmenté de plus de 60 %.

    Les exportations de la Wallonie en Extrême-Orient ont progressé de 11,1 % en 2011, puis ont régressé de 9,8 % en 2012, de 8,3 % en 2013 et de 2,4 % au premier trimestre 2014. Au niveau de la Belgique, les exportations ont progressé de 21,6 % en 2011, puis ont régressé de 0,1 % en 2012 et de 2,7 % en 2013, et ont enfin progressé de 10,4 % au premier trimestre 2014.

    Il faut néanmoins relativiser si on analyse la part de l’Asie dans le total des exportations dans le monde en 2013. Elle n’est que de 3,5 % pour la Wallonie comparé à 9,33 % pour la Belgique. Cela est principalement dû au poids très important du diamant anversois dans le commerce belge avec l’Inde, la Chine et la Thaïlande. Les demandes en diamants – que ce soit comme produit fini ou à tailler – de l’Asie traduit la montée en puissance de la haute bourgeoisie asiatique et de ses goûts de luxe.

    La Chine, qui comptait en 2013 pour 4,5 % des exportations wallonnes en Asie, est de loin notre premier client sur le continent asiatique. Les exportations wallonnes ont successivement progressé de 5,6 % puis régressé de 1,6 %, de 24,8 % et de 3,6 %. Ce résultat décevant s’explique par la chute de nos exportations de produits de la sidérurgie alors que la sidérurgie chinoise ne cesse de progresser. C’est un phénomène européen. Si on prend 2007 = 100, la production d’acier brut de l’Union Européenne est passée à 79 en 2013 alors que la Chine est passée à 157… La Wallonie a un déficit commercial avec la Chine qui s’explique en partie par le transfert de la production de pays tiers (Japon, États-Unis…) dans ce pays.

    Taiwan comptait en 2013 pour 0,14 % des exportations wallonnes. Les exportations wallonnes ont successivement progressé de 64,8 % puis régressé de 37,9 %, de 10,1 % et de 19,1 %. Les fortes variations s’expliquent par la petitesse du marché. Malgré ces résultats en baisse, la Wallonie a, depuis 2002, un excédent commercial constant avec Taiwan.

    La Malaisie comptait en 2013 pour 0,13 % des exportations wallonnes. Les exportations wallonnes ont successivement progressé de 5,4 %, régressé de 13,3 %, progressé de 27,1 % et régressé de 10,0 %. La Wallonie a un excédent commercial avec la Malaisie.

    La Thaïlande comptait en 2013 pour 0,08 % des exportations wallonnes. Les exportations wallonnes ont successivement progressé de 17,5 %, de 7,8 %, de 3,3 % puis régressé de 43,4 %. Les fortes variations s’expliquent par la petitesse du marché. La Wallonie a un excédent commercial avec la Thaïlande.

    Au-delà de ces données statistiques, il y a lieu de noter les pertes de marché de nombreuses entreprises, conséquences de la croissance technologique des produits « Made in Asia ». Si, il y a 10 ou 20 ans, les produits issus de cette zone étaient caractérisés par des entrées de gamme ou des produits à bas prix, de nombreux produits industriels, électroniques ou scientifiques ont dépassé le « Made in Asia » par le « Made by Asia »! Les marques chinoises par exemple, à technologie chinoise issus de bureaux d’études chinois, envahissent toujours davantage les marchés, non seulement asiatiques mais également occidentaux.

    La compétition devient plus exacerbée, leurs produits sont très compétitifs et de bien meilleure qualité (de l’électroménager jusqu’aux satellites, en passant par le matériel informatique et audiovisuel et les voitures de luxe …). Il faut que nos entreprises soient les meilleures pour accéder aujourd’hui aux marchés asiatiques.

    La Wallonie, au travers de l’action de l’AWEx, met aujourd’hui l’accent sur l’excellence des pôles de compétitivité pour faire face à ces pertes de marché : non seulement par la promotion des membres des pôles, mais également par la recherche de débouchés et de partenaires pour les technologies issues de ces pôles comme par exemple : les résultats prometteurs du bureau de BIOWIN à Shanghai (lors des annuels Sino-Europe Biotechs Partnership), la visibilité de Logistics in Wallonia lors de la China International Logistic Fair à Shenzhen et le sommet Vibrant Gujarat en Inde (annuels également), l’action de BIOWIN au Japon dans les cellules souches et la médecine régénérative, ou encore les partenariats de Wagralim tissés en Asie du Sud-Est ou en Corée du Sud.

    D’une manière générale, l’AWEx organise chaque année entre 40 et 50 actions dans la zone Asie-Pacifique, que ce soit des missions économiques, des participations à des foires et salons, des invitations d’acheteurs asiatiques en Belgique ou des séminaires marchés destinés à sensibiliser les entreprises wallonnes à la grande exportation. En plus de ces actions, l’AWEx se joint également aux missions princières préparées en collaboration avec l’Agence pour le Commerce extérieur et les deux autres régions. Ces missions se rendent, en moyenne, entre une et trois fois par an dans un pays asiatique.

    Le budget annuel consacré aux actions en Asie-Pacifique représente environ 10 % du budget total des actions de l’AWEx, toutes zones confondues. Alors que la part des exportations wallonnes dans la zone Asie-Pacifique par rapport au total des exportations représente environ 4 %.

    Au niveau de la répartition géographique, sur la quarantaine d’actions organisées annuellement par l’AWEx sur cette zone, environ un quart d’entre elles sont en effet concentrées sur les deux pays BRICS: la Chine (6 actions en 2015) et l’Inde (4 actions en 2015). L’AWEx organise de manière récurrente certaines missions et participations à des salons prisés par nos sociétés wallonnes, mais l’Agence est aussi attentive à mettre à son programme chaque année de nouvelles propositions, en fonction des opportunités particulières décelées par les Attachés économiques sur place et des retours d’informations obtenues des sociétés wallonnes. L’AWEx mise aussi sur les points forts de la Wallonie pour proposer des événements dans des secteurs de pointe.

    Bien entendu, les propositions de l’Agence tiennent aussi compte de l’évolution des situations politiques et économiques des différents pays de la zone : on peut citer par exemple l’organisation d’une mission annuelle depuis 2011 au Myanmar et vise aujourd’hui de nouveaux développements en Indonésie et aux Philippines, connaissant la meilleure croissance économique de la zone ASEAN. A contrario, l’Agence a réduit le nombre d’actions en Thaïlande en fonction des troubles politiques en 2014.

    Force est de constater que la crise économique subie par la plupart des pays européens depuis 2008, en plus de la compétition accrue des pays d’Asie, a un impact indéniable sur la volonté des sociétés wallonnes de se lancer à la grande exportation. L’investissement financier, la prise de risque plus importante, le temps nécessaire pour pénétrer des marchés plus difficiles, sont autant de freins pour les PME wallonnes qui préfèrent souvent se recentrer sur des marchés plus proches et moins aléatoires.

    Néanmoins, l’AWEx, en dépit des circonstances moins favorables ces dernières années, a maintenu un programme dense dans ces pays d’Extrême-Orient. Elle a en outre augmenté son travail de sensibilisation auprès des PME wallonnes sur le potentiel des marchés asiatiques moins connus en organisant au cours des 3 dernières années des missions économiques exploratoires : le Sri Lanka en 2012, la Mongolie en 2013 et le Bangladesh en 2014. Ce travail de longue haleine prendra vraisemblablement du temps à porter ces fruits et doit être considéré comme un investissement à plus long terme.

    Enfin, l’Agence attache une attention particulière à l’accompagnement des sociétés wallonnes qui abordent ces marchés asiatiques pour la première fois par une diffusion d’informations pertinentes, une préparation indispensable avant d’envisager un voyage de prospection et, in fine, un encadrement personnalisé sur place par les Attachés économiques et commerciaux.

    Ces multiples « fronts » d’actions ont finalement comme objectif ultime d’épauler les PME dans leurs démarches perçues généralement comme plus complexes et hasardeuses dans ces pays souvent méconnus.