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Les exportations de bois

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2014
  • N° : 22 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 23/10/2014
    • de KNAEPEN Philippe
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Des données sont particulièrement interpellantes dans un rapport d’enquête réalisée par Hout Info Bois en collaboration avec l’Office économique wallon du bois et le Centre de formation bois et soutenu par l’aide financière de la Région wallonne en janvier 2013.

    En effet, des disparités entre la Flandre et la Wallonie sont pointées en matière d’utilisation de bois indigène.

    En effet, l’origine des bois que les sociétés utilisent pose question : il existe une énorme différence entre la Flandre, qui ne consomme que 5 à 6 % de bois indigènes, alors que la Wallonie en consomme près de 60 % !

    Les auteurs soulignent que la barrière linguistique est certainement un frein commercial entre cette même Wallonie et la Flandre …

    Toujours selon ce rapport, peu de scieries wallonnes offrent un service commercial néerlandophone en Flandre.

    Vu le regain d’intérêt de l’usager pour une valorisation de la ressource locale afin de limiter les coûts énergétiques, d’une part, et environnementaux liés au transport des matériaux, d’autre part, il y a là un terrain fertile dont les transformateurs wallons devraient profiter.

    Il y est aussi relevé que les entreprises wallonnes, principales productrices de bois de structure devraient impérativement s’ouvrir commercialement au marché néerlandophone. Depuis l’obligation de classer les bois de structure et d’y apposer la marque CE, l’argument d’une hypothétique différence de qualité entre les sciages scandinaves et les sciages belges n’a plus aucune raison d’être. Ce service commercial passera également par un développement de la transformation assurée par les scieries wallonnes, à savoir : le séchage, le rabotage, l’emballage... Ce dernier pourrait être à nouveau encouragé au sein des entreprises de première transformation, comme cela avait été le cas à la fin des années 1990.

    Mes questions sont les suivantes.

    Monsieur le Ministre est-il au courant de ce rapport ?

    Si oui, quelles sont les démarches initiées par ses services pour aider nos entreprises wallonnes à accroître la présence wallonne sur le marché flamand ?

    À l’instar de ce qu’il se fait avec le label « kilomètre zéro en Italie » afin de promouvoir des produits fabriqués et vendus dans la même région, Monsieur le Ministre ne pense-t-il pas développer un label de qualité pour ce produit belge ?

    A-t-il des contacts réguliers avec les responsables de cette filière si importante pour et en Wallonie ?

    Quel est le bilan de l'Office économique wallon du bois depuis sa création ?

    Ce type d’enquête a-t-il été réalisé dans d’autres secteurs ?
  • Réponse du 15/01/2015
    • de MARCOURT Jean-Claude

    La filière bois wallonne est importante au sein du tissu économique wallon : 33 % du territoire wallon sont constitués de forêts ; 7.800 entreprises en Wallonie prennent en charge la gestion de la forêt et surtout la valorisation des produits forestiers ; 19.000 emplois sont générés par cette activité.

    Elle dispose d’un potentiel de développement considérable, particulièrement dans une perspective de développement durable. C’est pour tirer pleinement parti de ce potentiel de développement que le Gouvernement wallon a pris l’initiative de créer l’Office économique wallon du bois, opérationnel depuis le 1er janvier 2012.

    L'Office économique wallon du bois a pour mission essentielle de créer les conditions propices au développement économique de la filière bois en Wallonie.

    Depuis sa création, l’Office a travaillé sur plusieurs axes pour répondre aux priorités dictées par la conjoncture d’une part, et pour préparer l’avenir de la filière bois d’autre part.

    Dans cette perspective, l'Office a créé un certain nombre de groupes de travail sur lesquels il s’appuie pour concevoir les actions à mener.

    Ces groupes de travail impliquent les entreprises de la filière, les Fédérations professionnelles, les pouvoirs publics, les opérateurs économiques ainsi que les universités et centres de recherche. À titre d’exemple, il existe un groupe de travail « Actions sectorielles » qui a pour objectif de concevoir et mettre en œuvre des mesures de soutien pour les secteurs de la filière en situation de crise.

    Parallèlement au fonctionnement des groupes de travail, l'Office mène un certain nombre d’actions de base nécessaires à l’atteinte de ses objectifs. Il s’agit notamment de récolter les chiffres et données statistiques relatifs à l’économie de la filière bois ; d’assurer, par des actions de communication, la visibilité de l'Office ; de répondre aux demandes d’avis et de conseils adressées à l'Office ; de prendre part à toute action d’animation de la filière bois wallonne pour qu’un cap puisse être gardé.

    Une Cellule d’appui à la petite forêt privée a en outre été constituée au sein de l’Office afin d’aider les petits propriétaires forestiers privés intéressés à améliorer la valorisation économique de leurs ressources forestières, dans le respect de leurs droits et de leurs libertés et en accord avec la politique forestière wallonne. Cette cellule doit contribuer ainsi à mobiliser et à valoriser au mieux les ressources forestières privées.

    Dès sa mise en place en janvier 2012, la Cellule d’appui à la petite forêt privée s’est dotée d’un contrat de gestion définissant de façon précise ses missions et négocié au sein d’un comité de suivi composé des différentes parties prenantes (administration forestière, représentants des propriétaires, représentants des professionnels, représentants du monde académique, commissaire du Gouvernement).

    Ce contrat de gestion a défini les différentes missions de la Cellule d’appui à la petite forêt privée qui se traduisent après deux années d’activités par les résultats suivants :

    - 507 actions prestées par la Cellule via son guichet d’information pour les propriétaires de petites parcelles boisées ;
    - 292 demandes aboutissant à la redirection vers des organismes spécialisés ou vers des professionnels (330 entreprises de gestion et exploitation forestières répertoriées) ;
    - 118 visites de diagnostic réalisées sur le terrain avec les propriétaires pour les aider dans les choix de gestion à opérer ;
    - 97 accès à un portail cartographique spécialement conçu pour les propriétaires pour leur fournir l’information cartographique personnalisée et leur donner la possibilité d’établir un « parcellaire de gestion » assurant la transmission des connaissances sur leur parcelle.

    Différentes actions de communication (newsletter électronique mensuelle, articles dans la presse et dans des bulletins communaux, permanences dans les principales foires forestières) permettent en outre d’informer les propriétaires de petites parcelles boisées sur les services disponibles et sur le contexte actuel (marché du bois, santé des forêts, …)

    Au-delà de ces services individuels, la Cellule d’appui à la petite forêt privée a lancé dès février 2013 ses premières actions de « mise en valeur de massifs forestiers morcelés » qui se traduisent par la proposition faite aux propriétaires de participer à des ventes de bois groupées et à des bourses de travaux groupés. Ces actions se déroulent en partenariat avec les communes concernées, les acteurs locaux et les professionnels (gestionnaires forestiers, entrepreneurs et exploitants).

    Les quatre premières actions se traduisent par les résultats suivants :

    - Meix-devant-Virton : 811 ha, 588 propriétaires contactés, 62 visites, travaux groupés sur 7 ha et vente de bois groupée de 3600 m³ ;
    - Vielsalm (massif d’Ottré-Provedroux) :500 ha, 340 propriétaires contactés, 34 visites, vente de bois groupée de 1000 m³ ;
    - Manhay (massif de Grandmenil) : 89 ha, 142 propriétaires contactés, 25 visites, travaux de reboisement sur 8 ha et vente de bois groupée de 600 m³ ;
    - Bertogne (massif de Compogne) : 489 ha, 413 propriétaires contactés, visites et opérations groupées en cours.

    De plus, pour être capable d’agir quand il faut et où il faut, l'Office doit continuellement observer la filière, et en établir régulièrement le bulletin de santé, ce qui n’avait jamais été fait auparavant en raison sans doute du nombre et de la dispersion des données à collecter puis à traiter. L'Office s’est résolument engagé dans cette voie :

    - il a identifié les entreprises de la filière bois (définition de la filière sur base des codes NACE 2008 et création de la base de données des entreprises de la filière. Récolte des données via les différentes sources officielles : BCE, BNB, TVA, Fédérations professionnelles, Commissions paritaires…) ;
    - il a réalisé et édité la première brochure de synthèse présentant la forêt et la filière bois wallonne et son environnement : PanoraBois 2012-2013;
    - l’édition 2014-2015 du PanoraBois est en cours de préparation.

    En matière de soutien aux secteurs de la filière en situation de crise, l’aide au secteur du sciage de feuillus, particulièrement malmené depuis plusieurs années, a été jugée prioritaire par le CA. Dès lors, l’Office a :

    - analysé la situation des scieries de bois feuillus;
    - analysé la possibilité de vendre des feuillus en gré à gré dans les forêts publiques pour assurer un approvisionnement partiel des scieries de bois feuillus ;
    - la DNF a élaboré un projet de décret pour la vente de feuillus en gré à gré, et définition des modalités d’application du décret ;
    - préparé l’opérationnalisation des ventes de gré à gré : un questionnaire pour l’établissement de quotas et cahier des charges a été mis sur pied.

    En matière de réduction des surfaces productives en résineux, l’approvisionnement des scieries de résineux pose des problèmes majeurs qu’une réduction des surfaces productives risque encore d’aggraver. A ce niveau, l’Office a :

    - établi un état des lieux via l’IPRFW et analysé les effets sur l’activité économique en aval dans la filière ;
    - élaboré des mesures destinées à bloquer le processus de désenrésinement de la forêt wallonne et visant à restaurer l’équilibre feuillus/résineux prescrit dans le nouveau code forestier ;
    - formulé des recommandations au Gouvernement wallon.

    En matière d’utilisation rationnelle de la biomasse : il existe une forme de concurrence ou de complémentarité entre le bois d’industrie et le bois énergie. Les fabricants de pâte à papier et de panneaux s’inquiètent du développement du secteur bois énergie, qui s’alimente à la même source.


    Dès lors, l’Office a :

    - récolté des informations à propos notamment des capacités de production, des flux de matière première, des prix…
    - établi un plan de travail pour la conciliation des points de vue.
    - participé au groupe de réflexion Bois/Énergie mis en place sous la précédente législature.

    En matière de recherche et d’innovation, les premières informations récoltées et les analyses auxquelles elles ont conduit ont profondément convaincu l'Office que la filière bois devait innover. Dès lors, l’Office a :

    - mis en place une concertation entre les différents acteurs de la recherche et de l’innovation : centres techniques sectoriels, universités et hautes écoles, DGO6 ou encore l’AST ;
    - défini les domaines d’actions prioritaires comme le bois de menuiserie traité à haute température et le bois feuillu en structure dans la construction ;
    - analysé la faisabilité d’une plateforme technologique wallonne pour l’accompagnement des entreprises dans la conception et la fabrication pilote de produits innovants ;
    - accompagné des TFE, doctorats et autres activités de recherche.

    En matière de développement économique, l'Office contribue à la dynamisation de l’activité économique dans la filière bois par un certain nombre d’actions à effets immédiats :

    - l’évaluation de la faisabilité de projets sur la base de la disponibilité en matière première à la demande d’opérateurs économiques (AWEx/OFI…)
    - l’accompagnement de projets d’investissement ;
    - la structuration de l’offre et mobilisation d’entreprises wallonnes pour l’accès à des marchés publics et privés via des opérateurs économiques locaux. Notamment le projet « Bois de Péronne », budget : 200 millions euros, 800 maisons bois, le marché revient à 6 entreprises wallonnes (consortium créé par l’Office) ;
    - l’élaboration d’un projet de centre de valorisation des bois résineux de structure ;
    - l’organisation d’un workshop scieries – entreprises de transformation – négoce ;
    - l’analyse de sous-secteurs en cours :

    1. secteur du sciage de résineux (en lien avec biomasse énergie);
    2. secteur des pépinières forestières (en lien avec reboisement) ;

    - l’étude de marché des terrasses extérieures en bois en lien avec la valorisation des bois locaux ;
    - la recherche en vue de la mise en place d’un label promotionnel pour les produits bois fabriqués par des entreprises wallonnes ;
    - l’organisation de formation/coaching entreprises bois en matière de communication interne, gestion administrative et vente ;
    - l’étude du positionnement du secteur de la transformation du bois dans le plan Air-Climat de la Région wallonne.

    Par ailleurs, l'Office est, en matière d’avis et de conseils, régulièrement sollicité par les administrations publiques et les opérateurs économiques. Dès lors, celui-ci assure :

    - la diffusion de données chiffrées sur la filière bois, notamment pour la rédaction du PWDR ;
    - la participation à diverses commissions : SDER, Peuplier, comités techniques… ;
    - l’information et conseils ponctuels (environ 300 interventions par an) relatifs à la filière bois.

    Enfin, en matière de communication, l’Office assure :

    - de nombreux articles et interviews dans la presse écrite, dans des émissions radio et TV ;
    - de nombreuses interventions dans des conférences ou séminaires régionaux, nationaux et internationaux ;
    - la participation à des foires et salons (Bois & Habitat 2012 et 2013, Wood2build 2013, Foire agricole et forestière de Libramont 2013) ;
    - la réalisation du site web de l’Office ;
    - l’envoi de newsletters ;
    - la co-organisation des Rencontres filières bois 2012 et 2013 ;
    - la reprise du site Woodnet.

    L’ensemble de ces éléments permet de dresser un premier bilan des activités menées par l’Office économique du bois.

    En ce qui concerne le rapport dont il est fait mention dans la question de l’honorable membre, le ministre de l’Économie souhaite attirer l’attention de ce dernier sur le fait que cette étude porte uniquement sur le secteur de la construction de maisons en bois en Belgique et non sur l’ensemble du secteur du bois. L’objectif de l’enquête est de déterminer de la manière la plus précise possible quelle part de marché occupe la construction de maisons résidentielles dont la structure est en bois au sein du secteur de la construction.

    Cela n’aura sans doute pas échappé à l’honorable membre : les données présentées dans ce rapport sont celles couvrant la période 2011 et 2012. Une actualisation de ces données est actuellement en cours de rédaction au sein de l’Office économique wallon du bois.

    Les conclusions de ce rapport ont retenu toute l’attention du ministre de l’Économie. Comme indiqué dans celui-ci : « Le secteur de la construction bois se porte bien ! Le nombre de permis de bâtir entre 2010 et 2011 a diminué de 13,19 %. Il est évident que la crise économique en est, en grande partie, la raison. Il n’en va pas de même pour la construction en bois qui, pour sa part, enregistre une augmentation de 2,16 % entre 2011 et 2012. Le bois est à la mode, il répond à des préoccupations environnementales, il est performant, la construction bois est l’interface entre l’Homme et la Nature ».

    Outre ces résultats, il convient de ne pas perdre de vue que la notion de « bois indigène » désigne le bois produit sur le plan local. Ainsi, il est normal de constater, dans ce rapport, qu’il existe une différence entre la consommation de bois indigène en Flandre (5 à 6 %) et en Wallonie (60 %) puisque, de tradition, la Wallonie est un gros producteur de bois alors que la Flandre est, de son côté, un gros importateur, notamment via le port d’Anvers.

    Actuellement, et c’est une bonne chose, les entreprises wallonnes actives dans la construction de maison en bois se spécialisent de plus en plus, si bien qu’il est possible de constater une augmentation de la consommation de bois indigène en Wallonie et donc, par voie de conséquence, l’émergence de circuits courts, avec l’impact durable positif sous-jacent à celle-ci.

    L’Office économique wallon du bois développe un label dont le nom n’est pas encore arrêté et qui a pour objet de certifier l’origine du bois produit en Wallonie. Cette initiative permettra de reconnaitre l’existence de circuits courts dans le secteur du bois.

    Si les sociétés wallonnes ne sont, pour l’instant, pas présentes en masse sur le marché flamand, il convient de constater que l’inverse est également une réalité : les sociétés flamandes ne sont pas non plus présentes en masse sur le marché wallon. Ce constat ne doit cependant pas nous inciter à l’immobilisme. Si la construction de maisons unifamiliales en bois est, aujourd’hui, un secteur porteur au sein du secteur de la construction, il convient de soutenir son développement.