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La recrudescence de la goutte

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2014
  • N° : 165 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 12/12/2014
    • de PECRIAUX Sophie
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    220.000 Belges souffriraient de la goutte. Cette maladie inflammatoire, autrefois synonyme de réussite sociale, touche, aujourd'hui, surtout les plus faibles d'entre nous, dont la malbouffe et l'alcoolisme sont les lots quotidiens.

    Psychologiquement, cette maladie liée à l'alcoolisme la rend encore plus "honteuse" ou difficile à avouer à son entourage, plongeant encore plus la victime dans le désarroi. Le houblon, présent dans la bière, n'est pas le seul coupable. La consommation abusive de sodas est tout aussi nocive, si pas plus. Les jeunes en sont particulièrement consommateurs.

    De quels chiffres dispose-t-on pour mieux circonscrire le phénomène ? Quelles politiques convient-il de mener pour enrayer ce fléau ? Comment mieux prévenir cette maladie ? Quels moyens sont consacrés à la prévention ?
  • Réponse du 24/12/2014
    • de PREVOT Maxime

    Cette question de l'honorable membre qui fait suite à la publication dans la presse d’un constat posé par un médecin rhumatologue, signalant une augmentation de la goutte. Selon ces informations, cette augmentation serait la conséquence de l’importante consommation de boissons alcoolisées, particulièrement de bière, riche en houblon, mais également de fructose, un sucre présent abondamment dans les sodas et nombre de préparations alimentaires industrielles.

    Nous n’avons pas des chiffres précis sur la prévalence de la goutte en Belgique et encore moins par Région. Le chiffre avancé de plus de 200.000 Belges qui souffriraient de goutte repose sur une extrapolation des données européennes qui parle d’une prévalence de 2 % à 4 % dans les pays les plus industrialisés. Ce qu’on peut dire, c’est qu’en tous les cas :
    - la goutte touche avant tout les hommes : il y a une prédisposition génétique ;
    - l’incidence de la goutte augmente avec l’âge et avec l’allongement de la vie, son impact est donc accru ;
    - la prévalence de l’obésité est en augmentation dans notre société, en partie pour les mêmes raisons de mauvaise alimentation qu'évoque l'honorable membre. Une relation entre ces deux pathologies peut exister, mais n’est pas systématique ;
    - au vu des habitudes alimentaires, en particulier, la consommation croissante de viande, de graisses, de sucres rapides, de bières et de sodas (qui contiennent beaucoup de purines, précurseurs de l’acide urique), on peut s’attendre à ce que ses effets comme la goutte, autrefois caractéristique des classes aisées, se répandent parmi les classes sociales les moins favorisées, où la prévalence de l’obésité est en augmentation ;
    - cependant, il faut se garder de conclusions hâtives et se baser sur des études de plus grande ampleur conduites rigoureusement.

    Le paysage de la prévention est en évolution suite aux récentes réformes de l’État et je serai donc particulièrement vigilant sur ces questions de nutrition et de consommation de boissons alcoolisées et sur les approches préventives ou de promotion de la santé à entreprendre avec d’autres entités. Il faut conjuguer nos efforts, à l’instar de ce qui se fait dans le Plan national Nutrition Santé, lui aussi transféré effectivement à la Wallonie, ce 1er janvier 2015, le tout dans le contexte du Plan Horizon 2020 de l’Organisation mondiale de la santé.

    L’Europe a, quant à elle, préparé un projet de plan d’action européen pour une politique alimentaire et nutritionnelle 2015 – 2020. L’OMS a publié un dépliant « aide-mémoire » attirant l’attention sur l’alimentation et la nutrition et introduit par le fait « qu’une mauvaise alimentation constitue le principal facteur de risque pour la santé et le bien-être dans tous les pays d’Europe » spécifiquement.

    Cet aide-mémoire incite les décideurs à :
    - instaurer des environnements propices à la consommation d’aliments et de boissons sains – ce qui restera de la compétence de l’autorité fédérale ;
    - promouvoir une conduite alimentaire saine tout au long de l’existence – je rappellerai à cet égard la dynamique enclenchée sous la précédente législature par le plan nutrition santé dédié aux aînés en maison de repos et que nous devrons élargir à l’ensemble de la population et sans doute plus particulièrement dirigées vers les populations le plus à risque ;
    - renforcer les systèmes de santé pour promouvoir une alimentation saine – le rôle des associations de santé intégrée est à cet égard primordial comme celui de toute la première ligne de soins ;
    - inciter chacun à faire évoluer la situation – ce qui doit relever d’une stratégie transversale incluant par exemple le secteur de l’agriculture ou de l’enseignement.

    Il conviendra de nous saisir de ces recommandations pour renforcer une politique de santé publique en Wallonie, entre autres dans le cadre plus particulier de cette thématique et plus largement au maintien de prévention.