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La dernière étude controversée mettant en cause la cigarette électronique

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 259 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 03/02/2015
    • de PECRIAUX Sophie
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Une nouvelle étude de l'Université d'État de Portland aux États-Unis a mis en émoi le monde scientifique.
    En effet, selon les résultats de cette étude, l'E-cigarette produirait une substance cancérigène, le formaldéhyde. Cette substance est particulièrement produite quand la résistance de l'E-cigarette fonctionne avec une tension trop importante

    Cette substance est 5 à 15 fois plus cancérigène que la cigarette traditionnelle.

    Nous savons également que cette E-cigarette est disponible partout et souvent sans contrôle médical ni pharmaceutique. Quelques clics suffisent pour s'en procurer.

    Quelle est la position de la Région wallonne vis-à-vis de cette cigarette? Monsieur le Ministre a-t-il connaissance de chiffres de consommateurs de l'E-cigarette en Région wallonne? Le sevrage du tabac est-il plus efficace par le biais de l'E-Cigarette ?

  • Réponse du 25/02/2015
    • de PREVOT Maxime

    L’étude qui a mis le feu aux rédactions des grands quotidiens est une étude qui a porté sur le formaldéhyde libéré par une cigarette électronique, lorsqu’un haut voltage est porté sur le filament de la résistance chauffante. Dans ces conditions exceptionnelles, l’apport quotidien de formaldéhyde est de moitié inférieur à celui induit par les cigarettes conventionnelles. Par contre, toujours dans ces conditions, il y a génération d’hémiacetals, molécules qui peuvent produire du formaldéhyde.

    D’après le Professeur BARTSCH, Président du Comité scientifique du FARES, des critiques sévères ont attaqué immédiatement cette «Lettre à l’Editeur » pour plusieurs raisons :

    Méthodologie : le rythme et l’intensité des émissions et, par conséquent, d’absorption par la machine utilisée ne sont pas mentionnés par les auteurs. Par ailleurs, ils ne citent que le voltage utilisé, alors que l’émission et la température de la vapeur produite, dépendent de la puissance apportée au filament chauffant dont il faut, par ailleurs, connaître la résistance. Dans ces conditions, la puissance développée pourrait atteindre 15 W et la température 600 °C alors que les cigarettes électroniques classiques fournissent environ 5 W et une température de 200 à 260 °C. Les auteurs admettent par ailleurs que dans des conditions normales de voltage, ils n’identifient ni formaldéhyde ni FRA.

    Les conditions utilisées sont-elles rencontrées dans le monde réel ? Ces conditions peuvent survenir accidentellement lorsque le niveau de liquide dans la cartouche est très bas ; ceci donne à la vapeur un goût exécrable et une sensation d’irritation insupportable.

    Les conclusions tirées sont-elles vraisemblables ? Le calcul qui amène à considérer un risque carcinogène de 5 à 15 fois plus grand que lors de la consommation de cigarettes ordinaires est totalement erroné dans la mesure où personne ne connaît la part attribuable du formaldéhyde dans l’apparition de cancer pulmonaire au milieu des 16 carcinogènes de la fumée de tabac dont certains sont à l’évidence beaucoup plus puissants.

    Le Ministre de la Santé US rappelle que le formaldéhyde et l’acétaldéhyde sont largement présents dans l’environnement humain et sont des métabolites endogènes trouvés dans le sang de l’homme. Les réactions indignées de nombreux scientifiques à travers le monde n’ont pas tardé, mais ne figurent pas encore dans la presse scientifique puisque la publication incriminée date du 22 janvier dernier.

    Quel que soit le caractère erroné et caricatural de cette étude, celle-ci a le mérite de souligner à nouveau qu’il importe d’imposer, à travers les instituts de normalisation, des dispositifs techniques qui permettent d’éviter la surchauffe des filaments dans toutes les conditions d’utilisation, même les plus marginales par les vapoteurs.
    Certaines cigarettes électroniques sont déjà munies de tels systèmes. En attendant la publication de normes nationales et internationales, il faut que les vendeurs et leurs clients privilégient les marques munies de ce type de dispositif, parmi les centaines de « e-cig » présentes sur le marché. Les associations de vapoteurs et leurs forums sont des interlocuteurs à ne pas négliger.

    L’enquête « Comportement de santé et style de vie » (données 2013) de l’Institut de Santé publique mentionne que : la pipe à tabac, la pipe à eau et la cigarette électronique ne sont rapportées que par quelques fumeurs quotidiens (moins de 0,5 %) en Belgique. Une enquête de 2014, réalisée pour la Fondation contre le Cancer relève que 1 % de l’échantillon total interrogé fume occasionnellement ou fréquemment des cigarettes électroniques. Les jeunes et les répondants de classes sociales inférieures (7-8) ont plus fréquemment déjà fumé une cigarette électronique.

    Je resterai très vigilant aux informations scientifiques et à celles du terrain qui me parviendront concernant la cigarette électronique. Elles me permettront d’intensifier les campagnes de sensibilisation aux effets néfastes du tabac et d’encourager de nouvelles initiatives pour encourager la lutte contre le tabagisme dans le souci du bien-être de la population.