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Les opérations de prévention du cancer

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 518 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 13/05/2015
    • de BALTUS-MÖRES Jenny
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Le cancer est une maladie très préoccupante en Région wallonne. Chaque année, il y a des milliers de victimes de plus et c'est donc la maladie la plus occurrente et mortelle dans notre Région. Des maladies très fréquentes sont le cancer du sein et de l’utérus pour les femmes et celui de la prostate et des testicules pour les hommes.
    Certaines femmes appartiennent à un groupe dont le risque d’un cancer du sein ou/et de l’utérus est plus élevé. Une manière de lutter contre cette maladie consiste en des opérations d’ablation, fortement soutenues et même recommandées par de nombreux experts.

    J’aimerais dès lors connaître l’avis de Monsieur le Ministre à ce sujet et lui demander si cette méthode est pratiquée en Région wallonne dans des cas bien spécifiques ? Si tel est le cas, par quels moyens la Région wallonne soutient-elle les femmes et les hommes, dont le risque d’un cancer est élevé, désirant recourir à de telles opérations préventives ?
  • Réponse du 04/06/2015
    • de PREVOT Maxime

    La décision de proposer un acte chirurgical relève de l’art de guérir et est donc une responsabilité qui incombe au médecin.
    Celui-ci doit pratiquer une « Evidence-Based Medicine » en utilisant consciencieusement et judicieusement les meilleures données actuelles de la recherche clinique dans la prise en charge de son patient.

    À titre d’exemple, la chirurgie préventive des testicules a été réalisée pour diminuer le taux de testostérone dans le cadre d’un traitement du cancer de la prostate. L’hormonothérapie a été privilégiée par la suite.

    De même qu’une chirurgie préventive peut être envisagée en présence d’une hypertrophie bénigne de la prostate ou adénome afin de diminuer les symptômes gênants ou de mettre en évidence un cancer de la prostate débutant.

    La chirurgie préventive ou prophylactique peut être utilisée pour traiter des néoplasies intra épithéliales du col utérin qui sont des lésions précancéreuses localisées au niveau du col de l’utérus, le plus souvent générées par une infection par le papillomavirus. L’ablation chirurgicale de la zone concernée, appelée conisation, permet de prévenir la transformation de ce type de lésion en cancer.

    La chirurgie prophylactique est envisagée pour certaines personnes qui sont atteintes de pathologies dont on sait qu’elles augmentent fortement leur risque de développer un cancer. C’est le cas par exemple de la polypose adénomateuse familiale. Cette maladie est liée à une mutation génétique et prédispose les personnes qui la portent à un risque accru d’être atteintes à un âge précoce d’un cancer du côlon. On leur propose dans ce cas de procéder préventivement à l’ablation du côlon.

    La chirurgie prophylactique s’adresse également aux personnes porteuses de mutations génétiques augmentant très fortement le risque de cancer. C’est le cas par exemple des femmes présentant une mutation des gènes BRCA1 ou BRCA2 qui prédisposent aux cancers du sein et de l’ovaire.
    Vu l’incidence du cancer du sein en Belgique, la plus élevée parmi les pays européens, qui représente près de 10.000 nouveaux cas et environ 2.500 décès par an, nous nous intéresserons davantage à cette pathologie et en particulier au cancer du sein génétique, héréditaire, qui représente 5 % de tous les cas de cancer du sein, les 95 % restants étant des cas sporadiques.

    La mutation du gène BRCA1 confère à la femme un risque cumulé de cancer du sein de 80 % et de cancer de l’ovaire de 40 % ainsi qu’un petit excès de cancer de la prostate à l’homme.
    La mutation du gène BRCA2 confère à la femme un risque cumulé de cancer du sein de 80 % et de cancer de l’ovaire de 20 %, un petit excès de risque de cancers de l’estomac, du pancréas, de mélanomes, de leucémies et de lymphomes à la femme et à l’homme, ainsi qu’un risque de cancer de la prostate de 20 % et de cancer du sein de 6 à 8 % à l’homme.



    Stratégies de prévention et de dépistage chez les femmes mutées 

    Il n’existe pas de stratégie de dépistage efficace du cancer de l’ovaire chez les femmes mutées, ainsi une ovariectomie prophylactique est recommandée entre 40 et 45 ans, ce qui entraine également une réduction de 50 % du risque de cancer du sein (influence hormonale).

    Pour le cancer du sein, le choix porte sur une mammectomie bilatérale prophylactique avec reconstruction immédiate ou sur un dépistage avec ou sans chimioprophylaxie.

    Chez les femmes mutées qui ont subi une ovariectomie et qui se soumettent au dépistage des femmes à haut risque, le risque de développer un cancer du sein reste élevé, mais le risque d’en décéder est quasi similaire à celui de la population en générale.

    Il semble que la population européenne préfère la stratégie de dépistage tandis que la population américaine préfère la mammectomie bilatérale prophylactique (effet « Angelina JOLIE »).

    En ce qui concerne les cas de cancer sporadique (95 % des cancers), il est bon de rappeler l’importance des facteurs de risques établis ou émergeants tels l’exposition aux œstrogènes, l’excès pondéral, la sédentarité, le traitement hormonal substitutif de la ménopause, l’alcool, le tabac, les perturbateurs endocriniens, etc.

    Quelle que soit la stratégie adoptée, ses avantages et ses inconvénients doivent être clairement expliqués à la personne concernée qui in fine prendra sa décision dans le cadre de sa relation thérapeutique avec son médecin.