/

Les illettrés davantage exclus et sanctionnés dans le cadre du Plan d'activation des chômeurs

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 223 (2014-2015) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 15/06/2015
    • de DUPONT Jean-Marc
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Récemment, Stuart Wrathall, consultant politique pour l'ASBL Lire et Ecrire Wallonie a évoqué le fait que même s'il est tout à fait normal de contrôler le bon usage de l'argent public, la pénurie d'emplois accessibles aux personnes les moins qualifiées amène au constat que les personnes illettrées sont de plus en plus discriminées par ces politiques d'activation.

    Pour bénéficier du chômage, les services publics comme le FOREm et le CPAS réclament toujours plus d'attestations.

    Par conséquent, les 10 à 15% d'adultes illettrés, demandeurs d'emploi concernés par le Plan d'accompagnement et de suivi actif des chômeurs (PAC) ou bénéficiaires d'allocations, signent des attestations sans en comprendre un mot et les contrôles sont vécus comme des humiliations.

    De plus, la multiplication d'attestations en tous genres alourdit le travail administratif des pouvoirs publics.

    Selon des chiffres de l'ONEM, le public des personnes les moins qualifiées, voire illettrées est l'une des premières victimes de ce plan d'activation. Ce qui amène les associations s'occupant de ce public à devenir malgré elles des instruments de contrôle qui doivent justifier si les publics adoptent bien les comportements attendus.

    L'association Lire et Ecrire refuse ce rôle ne souhaitant pas instaurer de climat de méfiance ou de suspicion vis-à-vis des stagiaires en formation. C'est pourquoi il suggère aux travailleurs du service public de se solidariser avec leur démarche : à savoir refuser de reporter ces pressions sur les demandeurs d'emploi et les « bénéficiaires » du revenu d'intégration sociale et plus particulièrement, sur les personnes analphabètes.

    Madame la Ministre partage-t-elle l'analyse de l'ASBL Lire et Ecrire ? Dans l'affirmative, quelles démarches sont mises en oeuvre afin d'accompagner et de rétablir la confiance des personnes les plus fragilisées dans le cadre du Plan d'accompagnement et de suivi actif des chômeurs ? Une collaboration serait-elle possible entre les pouvoirs publics et les associations accueillant les publics les plus démunis afin de réduire la pression de ce public particulier ?
  • Réponse du 07/07/2015
    • de TILLIEUX Eliane

    Une enquête menée en 2010 par l’ASBL Lire et Ecrire sur les organismes et les apprenants en alphabétisation montre que 23 % d’entre eux sont des chômeurs indemnisés.

    Ces allocataires sont soumis à un contrôle et à la nécessité de remettre notamment des attestations de fréquentation, des justificatifs d’absences, comme ils doivent également signer un contrat de formation et prendre connaissance, par exemple, du règlement d’ordre intérieur qui s’applique aux apprenants.

    L’encadrement dont bénéficie l’apprenant dans une structure telle que Lire et Ecrire doit lui assurer la meilleure information sur ses droits et devoirs, la meilleure compréhension possible des règles, il doit l’accompagner dans ses démarches, lui expliquer la nature des documents qu’il est amené à signer et notamment attirer son attention sur les possibles conséquences d’absences répétées ou d’un arrêt anticipé d’une formation.

    Les risques de sanctions sont en effet réels. Certaines attestations remises par l’association ont pour vocation d’aider le service public à assurer ses missions de contrôle de l’allocataire. D’une manière générale, il est évident également que ces dernières années ont vu s’accroître la pression sur les allocataires sociaux.

    Le contrôle de la disponibilité des chômeurs étant transféré aux régions, le FOREm sera amené, une fois que toutes les dispositions auront été prises, à exercer cette mission au sein d’un service à gestion distincte, en articulation avec les actions d’accompagnement individualisé des demandeurs d’emploi.

    Les modalités de contrôle, que le Comité de gestion du FOREm est chargé de proposer, seront fondées sur des principes de transparence, de loyauté, d’équité, d’humanité et d’efficience.

    Une nouvelle approche du contrôle sera donc développée, cohérente avec l’accompagnement du demandeur d’emploi et adaptée tant à son profil qu’aux caractéristiques du marché du travail.

    Cette nouvelle approche ne pourra que contribuer à la nécessaire confiance dans la relation entre le demandeur d’emploi et son conseiller référent.

    Quant aux collaborations entre le FOREm et les associations accueillant les publics les plus précarisés, elles existent à travers les nombreux projets tant structurels que locaux, impliquant également les CPAS, dans le cadre de la convention entre la Région wallonne, le FOREm et la Fédération des CPAS, et que j’ai pour ambition de développer dans le courant de cette législature.