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L'usage abusif des antibiotiques

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 640 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 23/06/2015
    • de BALTUS-MÖRES Jenny
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Le 14 avril 2015, la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire du Parlement européen a adopté avec 67 voix pour, zéro contre et zéro abstention le « rapport sur des soins de santé plus sûrs en Europe » ou encore connu comme le « rapport Pedicini », du nom de son rapporteur. Un mois plus tard, le 19 mai, ce rapport a reçu les faveurs du Parlement européen en séance plénière avec 637 voix pour, 32 contre et 10 abstentions. Même si l’Union européenne ne peut qu’appuyer, coordonner ou compléter les législations des États membres en matière de santé, comme stipulé par les articles 6 et 168 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, ce rapport a le mérite de pointer du doigt une problématique qui doit être combattue avec acharnement par les États membres : l’usage abusif d’antibiotiques.

    L’usage abusif d’antibiotiques n’est pas une thématique nouvelle et fait déjà l’objet de mesures en Belgique. Toutefois, le rapport Pedicini souligne l’absolue nécessité d’agir dans ce domaine au niveau européen, voire mondial. Ce rapport indique que l’UE estime que, chaque année, au moins 25 000 personnes décèdent d’une infection causée par une bactérie résistante, ce qui coûte 1,5 milliard d’euros aux sécurités sociales nationales et que d’ici 2050, dix millions de personnes décèderont chaque année dans le monde à cause de la résistance aux antibiotiques.

    En plus de l’usage abusif et inapproprié des antibiotiques, le rapport indique que les facteurs aggravants cette situation peuvent être de mauvais conditionnements des antibiotiques qui ne permettent pas d’acheter uniquement les doses prescrites par ordonnance, l’inadéquation des prescriptions, l’utilisation excessive d’antibiotiques dans l’alimentation des animaux destinés à la consommation humaine et le ralentissement voire la stagnation des recherches sur de nouveaux médicaments de substitution.

    Dès lors, Monsieur le Ministre pense-t-il que ces causes soulignées par le rapport Pedicini correspondent à la réalité wallonne ? Que compte-t-il faire de plus dans ce domaine afin de davantage sensibiliser les praticiens et les citoyens à l’utilisation excessive d’antibiotiques ? Envisage-t-il de faire plus que de la sensibilisation dans ce domaine ?

    Monsieur le Ministre s'est-il déjà réuni avec la ministre fédérale en charge de la Santé, mais aussi ses homologues des autres entités fédérées, en vue d’adopter une position commune sur ce sujet extrêmement délicat et qui le sera toujours davantage ?
  • Réponse du 03/07/2015
    • de PREVOT Maxime

    La résistance aux antibiotiques est effectivement un réel problème de santé publique : elle entraine une morbidité accrue et représente un coût non négligeable en dépenses de santé.
    La consommation d’antibiotiques en pratique ambulatoire a diminué de 36 % par rapport à la décennie précédente. Cependant, elle reste toujours trop élevée.

    La consommation en antibiotiques pour l’usage vétérinaire est également plus élevée que dans les pays voisins. Si, sur la période 2007-2013, la consommation d’antimicrobiens pharmaceutiques a diminué, elle a par contre augmenté fortement dans le chef des antimicrobiens à usage animal.

    Le bon usage des antibiotiques est une compétence davantage fédérale, et la Belgique a réagi de différentes manières depuis 1999 : a été créée cette année-là la Commission belge de coordination de la politique antibiotique (BAPCOC) dont le but est la promotion d’une consommation d’antibiotiques rationnelle. Cette commission est composée de différents groupes travaillant sur la pratique ambulatoire, la médecine vétérinaire, la sensibilisation ou encore l’hygiène hospitalière. Ces groupes de travail ont différentes missions : sensibilisation, information (campagnes de sensibilisation,…), recommandations, collecte de données,…

    Cette Commission est constituée de membres d’horizons variés tels que des scientifiques, des médecins généralistes, des microbiologistes, des pharmaciens ou encore des vétérinaires et des responsables politiques. Elle collabore avec l’Institut scientifique de santé publique pour les aspects scientifiques.

    En 2007, des groupes de gestion de l’antibiothérapie ont été mis en place au sein des structures hospitalières aiguës ou chroniques d’au moins 150 lits. Ces groupes sont tenus à rédiger un rapport à la BAPCOC sur l’utilisation des agents anti-infectieux au sein de leur structure hospitalière.

    En 2011, les pays de la région OMS Europe ont également adopté un plan d’action pour lutter contre la résistance aux antibiotiques les engageant à promouvoir leur bon usage, à améliorer les systèmes de surveillances. Le centre européen de contrôle des maladies transmissibles (ECDC) participe par ailleurs à cette surveillance en collectant les données des états membres.

    Plus récemment, en novembre 2013, au regard de l’émergence des bactéries multirésistantes requérant une collaboration et une synergie renforcée, le plan MDRO (multidrug resistant organisms) a été signé par l’ensemble des Ministres de la Santé des entités fédérée et fédérale. Ce plan vise à proposer une meilleure coordination dans la lutte contre les bactéries multirésistantes en créant notamment une équipe de support aux épidémies nosocomiales dans laquelle se trouvent conjointement les cellules de surveillance des maladies infectieuses des entités fédérées, l’Institut scientifique de santé publique et les centres nationaux de références en microbiologie humaine.

    Finalement, chaque année, le SPF santé publique en collaboration avec la « Commission belge de coordination de la politique antibiotique » organisent une campagne nationale afin de promouvoir l'utilisation correcte d'antibiotiques. Cette campagne est lancée aux environs du 18 novembre, journée européenne d’information sur les antibiotiques et s'adresse à la fois aux médecins généralistes, pédiatres et pharmaciens et à la population générale.