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Un centre médical pour navetteurs

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 642 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 23/06/2015
    • de PECRIAUX Sophie
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    C'est une première en Belgique : un centre médical ouvrira ses portes au coeur même de la Gare centrale de Bruxelles dans une dizaine de jours. Ce projet est une collaboration entre la Stib et le réseau de polycliniques privées Brussels Quality Medical (BQM).

    "Il faut apporter la médecine aux gens, et non l'inverse." Voilà comment le responsable d'une polyclinique BQM, résume la philosophie du projet.

    Le centre a pour vocation d'améliorer la prise en charge médicale des navetteurs et autres personnes actives. Il proposera des services de médecine générale à un public réputé pour négliger sa santé.

    Concrètement, les patients auront accès aux premiers soins, prises de sang, ordonnances, certificats médicaux, check-up rapides, etc. Par rapport aux cabinets médicaux habituels, les horaires de ce centre médical sont élargis, puisqu'il accueillera les navetteurs de 6 h 30 à 19 h.

    La démarche fait cependant grincer des dents parmi les professionnels. "C'est un peu de la médecine self-service", regrette le principal syndicat francophone des médecins généralistes en ajoutant: "Le problème, c'est que ce cabinet fera selon la demande, mais sans un suivi pourtant nécessaire."

    L'initiateur du projet affirme à l'inverse que son ambition n'est pas de se substituer au médecin traitant, mais plutôt de le décharger, puisqu'un rapport sera envoyé au médecin famille dans les 48 heures.

    Quelle est la vision de Monsieur le Ministre concernant ce nouveau service?

    Ce type de nouveau centre représente-t-il une menace pour les médecins de famille, véritables pivots dans le parcours de soins du patient?

    Le Gouvernement s'est engagé au travers de la DPR à soutenir les initiatives de pratiques groupées (maisons médicales) et à mieux articuler les différents acteurs de la première ligne.

    Ce type de centres implantés dans des gares ou lieux de passage pourrait-il être une piste retenue par le Gouvernement afin d'atteindre ces engagements ?
  • Réponse du 03/07/2015
    • de PREVOT Maxime

    Pour rappel, le centre médical ouvert récemment à la gare Centrale de Bruxelles par Brussels Quality Medical (BQM), est avant tout une initiative privée. Il s’agit d’un projet de centre médical destiné particulièrement à la population des navetteurs, très importante à Bruxelles, et qui, aux dires de BQM, néglige sa santé par manque de temps.

    Il va de soi que cet argument, à lui seul, doit déjà être soupesé avec circonspection. Plusieurs associations et syndicats de médecins se sont déjà montrés très critiques vis-à-vis de ce projet. L’Association belge des syndicats médicaux dénonce un shopping médical alors que la Fédération des associations de médecins généralistes de Bruxelles (FAMGB) et le Groupement belge des Omnipraticiens (GBO) y voient, tous deux, un self-service de la médecine générale.

    Néanmoins, la seule différence réelle entre le centre de la gare Centrale et un centre médical classique, c’est son emplacement. Les médecins et autres professionnels de santé y travaillent avec les mêmes outils que dans les polycliniques et les autres centres médicaux. Le centre se défend également de vouloir se substituer aux médecins traitants, se présentant davantage comme une ligne de soins avancée en collaboration étroite avec ceux-ci.

    Les promoteurs du projet ont déjà annoncé que le concept pourrait être étendu à d’autres grandes villes belges s’il rencontrait un succès suffisant. Aucune demande particulière ne nous a été communiquée à l’heure actuelle.

    En Belgique, les médecins, pour s’installer, sont tenus de respecter un certain nombre de règles déontologiques et ce type de pratique doit normalement faire l’objet d’une convention entre les médecins et le pouvoir organisateur, d’un écrit qui doit être soumis au préalable au Conseil de l’Ordre provincial des médecins. Ces conseils provinciaux veillent, pour leur part, à considérer si les droits des patients sont respectés.

    À moins de vouloir être reconnu en tant qu’Association de Santé Intégrée, il est donc peu probable que je sois sollicité pour un projet de ce type.

    Si une Association de Santé Intégrée souhaitait s’établir dans une station de transport en commun, je ne manquerai pas d’en évaluer pleinement l’opportunité en considération de pertinence pour la santé de la population wallonne.

    Toutefois, il est à remarquer que les réalités sociodémographiques sont différentes entre les régions du pays. Il y a en effet beaucoup plus de navetteurs à Bruxelles qu’en Wallonie.

    En Région wallonne, nous avons davantage besoin de médecins généralistes qui s’installent en zone rurale, raison pour laquelle je soutiens notamment la mesure « Impulseo » qui relève désormais de nos compétences suite à la sixième réforme de l’État.