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Les campagnes de sensibilisation en faveur de la chirurgie préventive pour lutter contre l'occurrence de certains cancers

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 750 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 27/07/2015
    • de BALTUS-MÖRES Jenny
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Monsieur le Ministre indiquait à ma question écrite du 13 mai dernier que la population européenne semble préférer la stratégie de dépistage tandis que la population américaine préfère la mammectomie bilatérale prophylactique. Monsieur le Ministre est-il en possession de chiffres pouvant corroborer cette affirmation ?

    Pour finir, Monsieur le Ministre peut-il me donner sa position sur la mise en place de campagnes de sensibilisation en faveur de la chirurgie préventive pour lutter contre l’occurrence du cancer du sein, des ovaires, de la prostate et des testicules ? Il est bon de savoir que certains médecins recommandent fortement aux personnes ayant deux proches en lignée directe qui ont elles-mêmes toutes deux souffert d’un cancer mentionné ci-dessus de procéder à l’ablation de ces organes avant l’âge de 40 ans.
  • Réponse du 12/08/2015
    • de PREVOT Maxime

    Lors de ma réponse à la précédente question relative aux opérations de prévention du cancer, j’ai effectivement mentionné que, dans le cadre des stratégies de prévention et de dépistage chez les femmes présentant une mutation des gènes BRCA1 ou BRCA2, la population européenne semble préférer la stratégie de dépistage tandis que la population américaine préfère la mastectomie bilatérale prophylactique (effet « Angelina Jolie »). Je ne possède pas de chiffres précis concernant la population américaine et je souhaiterais insister sur la nuance formulée quant à la « préférence » de la population européenne relative à une stratégie de dépistage. Il semble en effet qu’en Europe même, il existe de grandes divergences d’attitude d’un centre d’expertise à l’autre, d’un pays à l’autre et dans un même pays. Selon le Docteur Nicolas Janin, chef de Clinique au Centre de Génétique de l’UCL, ces divergences d’opinions sont liées à une évolution extrêmement rapide dans le domaine de l’oncogénétique et ont un impact sur la prise de décision des femmes concernées. Cette évolution est illustrée par le cas de Rotterdam où le nombre de femmes se soumettant à une mastectomie bilatérale préventive est passé de 50 % dans les années 90 à moins de 20 % actuellement.

    Il n’existe pas de chiffres comparatifs entre l’attitude de l’Europe et des États-Unis en termes de mammectomie préventive. Partout, les attitudes évoluent au gré d’exemples frappants tel le cas d’Angélina Jolie qui a opté pour une mammectomie préventive, et au gré de l’évolution scientifique.

    Je ne suis pas favorable à la mise en place de campagnes de sensibilisation en faveur de la chirurgie préventive pour lutter contre l’occurrence de certains cancers, et ce, pour les raisons suivantes :

    Si je suis bien compétent pour organiser la prévention des cancers, les traitements chirurgicaux et les soins curatifs restent de la compétence du pouvoir fédéral.

    En effet, je me permets de rappeler que la décision de proposer un acte chirurgical relève de l’art de guérir. La mammectomie prophylactique est d’ailleurs assortie d’un code de nomenclature de l’INAMI.

    Il s’agit donc d’une responsabilité qui incombe au médecin. Celui-ci doit pratiquer une « Evidence-Based Medicine » en utilisant consciencieusement et judicieusement les meilleures données actuelles de la recherche clinique dans la prise en charge de son patient.

    À cet égard, nos médecins oncologues suivent de près la littérature scientifique la plus récente.

    Mes services ont d’ailleurs contacté le Professeur JM Nogaret, responsable du Service de chirurgie mammaire et pelvienne à l’Institut Jules Bordet à Bruxelles.

    Le Professeur Nogaret a confirmé que l’attitude généralement suivie concernant les femmes présentant une mutation génétique est la surveillance régulière à une fréquence de six mois par mammographie, échographie et/ou RMN (résonance magnétique nucléaire). Cette surveillance serrée permet une détection précoce et donc qu’un cancer soit diagnostiqué à temps. La mammectomie préventive diminue le risque de développer un cancer du sein de 90 %, elle n’est donc pas efficace à 100 %.

    Le Professeur Nogaret estime donc qu’au vu de l’évolution rapide des méthodes de détection et thérapeutiques, la mammectomie prophylactique d’emblée ne se justifie plus. La situation doit toujours être analysée au cas par cas avec la patiente qui, correctement informée, a toujours le libre choix.