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La ligne "Ecoute violences conjugales"

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 763 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 03/08/2015
    • de PECRIAUX Sophie
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Depuis quelques années, "Ecoute violences conjugales" a ouvert un numéro gratuit (le 0800/30.030) afin d'écouter et de conseiller en toute confidentialité les victimes de violences conjugales.

    En plus de cette ligne, diverses campagnes de sensibilisation, à l'exemple de "Fred et Marie", ont été lancées afin de dénoncer ces violences.

    Lorsque l'on parle de violences conjugales, on pense directement aux coups, viols, menaces et autres. Les brimades, pressions psychologiques, injures, humiliations, dévalorisations, peurs pour sa propre sécurité ou celle de ses enfants, pressions religieuses, financières sont autant d'autres violences auxquelles ce service peut répondre.

    La Région wallonne, la COCOF et la Fédération Wallonie-Bruxelles ont créé ce service en collaborant avec des personnes compétentes qui apportent de l'écoute, des conseils et des orientations aux victimes.

    Ce service est ouvert de 9 heures à 20 heures du lundi au samedi.

    Monsieur le Ministre pense-t-il, sans remplacer les traditionnels services de secours, qu'il pourrait être étendu dans d'autres plages horaires ?

    Les violences conjugales sont elles mieux encadrées grâce à ce service ?

    Monsieur le Ministre a-t-il des statistiques à apporter?
  • Réponse du 18/08/2015
    • de PREVOT Maxime

    Je remercie l'honorable membre qui, au travers de sa question, me permet d’aborder encore une fois la thématique préoccupante de la violence entre partenaires.

    La ligne « Écoute violences conjugales » est l’une des nombreuses mesures du dispositif intégré de lutte contre les violences entre partenaires en Wallonie. Elle a vu le jour le 25 novembre 2009, date de la journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes. Depuis cette date, le numéro vert 0800/30 030, propose une écoute spécialisée, confidentielle et gratuite du lundi au vendredi de 9 heures à 19 heures, à l’exception des jours fériés. Elle est destinée aux victimes, aux auteurs et à leur entourage, ainsi qu’à toute personne confrontée à titre privé ou professionnel à cette problématique. La ligne a trois missions principales : écoute, information et orientation.

    L'honorable membre sait que les gouvernements francophones participent activement au Plan d’action national (PAN) de lutte contre les violences initié par l’IEFH à travers un Plan intrafrancophone. Initialement consacré à la lutte contre les violences entre partenaires, le PAN a été étendu en 2010-2014 à d’autres formes de violences de genre et intrafamiliales, comme les mutilations génitales féminines (MGF), les mariages forcés et les violences liées à l’honneur. Le PAN de lutte contre la violence basée sur le genre 2015-2019 sera étendu à d’autres formes de violences, comme les violences sexuelles et la prostitution forcée.

    Le plan d’action francophone a, lui, été adopté il y a peu. Il s’applique aux compétences des entités fédérées, ce plan est assorti de 176 mesures dont 74 impliquent la Wallonie (dont 44 en partenariat avec d’autres entités). Une des mesures de ce plan prévoit précisément d’envisager l'extension de la ligne "Écoute violences conjugales" après 19 heures ainsi que le week-end, éventuellement en synergie avec d'autres partenaires. Mes services étudient donc pour l’instant l’opportunité et la faisabilité d’étendre les plages horaires de la ligne.
    Depuis le 1er janvier 2014, cette ligne « Écoute violences conjugales », cogérée par la Wallonie, la Fédération Wallonie-Bruxelles, ainsi que la Cocof, est prise en charge par les Pôles de ressources. Pour rappel, la Wallonie octroie une subvention importante à ces pôles, constitués par l’ASBL PRAXIS (spécialisée dans le suivi des auteurs de violence conjugale), à Liège, par le CVFE (Collectif d’accueil de femmes battues) et, à La Louvière, par l’ASBL Solidarité femmes (Refuge pour femmes battues). Les pôles de ressources ont pour objectif d’établir une coopération renforcée entre les services d’accompagnement des victimes et ceux des auteurs. Ils ont également pour mission d’offrir des formations aux professionnels du secteur.

    La Llgne d’écoute « violences conjugales » rédige chaque année un rapport d’activités détaillé qui contient une évaluation de l’ensemble des missions de la Ligne ainsi que des statistiques précises des appels.

    Ainsi, en 2014, elle a enregistré 3.347 appels.

    Nous constatons un pic des appels chaque année en période de campagne relative à la lutte contre les violences entre partenaires, ce qui m’incite à renouveler dans les années à venir ces campagnes destinées au grand public.

    Néanmoins, je tiens à attirer l'attention sur le fait que ces chiffres ne sont pas représentatifs de l’ensemble des victimes de violence : le chiffre noir en la matière est particulièrement important. En effet, concernant le nombre de victimes et leur ventilation, force est de constater qu’il n’existe actuellement aucune méthode globale permettant de les comptabiliser. On peut identifier les victimes qui s’adressent à un service spécialisé en faisant état de leur situation ou encore celles qui appellent la ligne d’écoute. Cela ne représente qu’une faible portion de l’ensemble des victimes. La justice dispose de son côté de relevés statistiques faisant état du nombre de victimes pour lesquelles un procès-verbal a été dressé. Cela ne représente également qu’une partie du nombre potentiel de victimes. La violence entre partenaires reste encore actuellement le plus souvent confinée à la sphère familiale et les situations dénoncées ne reflètent que très partiellement la réalité. Mes services sont également au travail sur cette question de la collecte des statistiques.

    En conclusion, j’ai la conviction qu’on peut répondre affirmativement à la question : la ligne apporte une réponse et un soutien aux victimes et à leur entourage. Elle contribue ainsi à briser la loi du silence et à combattre le cercle infernal de la violence conjugale.