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Les possibilités d'utilisation de la technologie "LiFi" en Wallonie

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 49 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 16/10/2015
    • de MARTIN Nicolas
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Monsieur le Ministre a récemment déclaré vouloir équiper les écoles de la technologie WiFi (voir Le Soir du 12 septembre 2015). Cette entreprise est au demeurant louable dans la perspective d’avancées technologiques indéniables et s’inscrit par ailleurs au cœur du plan numérique wallon qu'il porte. Dans ce cadre, la numérisation de l’économie wallonne doit logiquement passer par la formation.
     
    Certaines réticences se font malgré tout entendre au sein de la population, notamment en ce qui concerne les dangers potentiels des ondes électromagnétiques et, notamment, des ondes WiFi. J’ai récemment eu l’occasion d’être sensibilisé à cette problématique par un collectif de citoyen, et je me fais ici le relai de leur demande.
     
    Ces citoyens font ainsi état de leur inquiétude pour la santé des enseignants et des élèves. L’utilisation d’ondes WiFi, même à de très faibles intensités, pourrait avoir des répercussions physiques chez certaines personnes particulièrement sensibles. Face à cette possibilité, ce collectif propose d’utiliser la technologie LiFi qui utilise, non pas les ondes radios, mais bien la lumière pour transmettre l’information. Cette technologie en devenir pourrait selon eux, sinon remplacer, à tout le moins être utilisée en complément de la technologie WiFi là où elle peut être installée.
     
    Cette technologie en pleine éclosion pourrait également, s’il échet, représenter une opportunité économique à saisir pour la Wallonie.
     
    Ainsi, face à cette interpellation, quels éléments de réponse Monsieur le Ministre peut-il m’apporter afin de rassurer ces citoyens ?

    La possibilité de l’utilisation de la technologie LiFi a-t-elle été envisagée ?
    Sinon, cette technologie est-elle considérée comme une piste tangible par ses services ?
  • Réponse du 14/03/2016
    • de MARCOURT Jean-Claude

    La technologie LiFi est bien une technologie prometteuse qui exploite la lumière d’éclairage des locaux pour transmettre les informations numériques à une très haute fréquence, mais sans ajouter d’autres ondes électromagnétiques. Cette transmission, invisible à l'œil humain, est très efficace pour autant que l’éclairage du système récepteur ne soit pas perturbé par la lumière du jour. C’est pour cela qu’elle convient très bien dans des lieux clos où l’éclairage artificiel est dominant tels que des musées. Le Grand Curtius à Liège vient ainsi de l’adopter pour délivrer les informations aux systèmes audioguide.

    Toutefois, comme toute nouveauté, cette technologie doit encore faire ses preuves à large échelle. De plus, elle postule de remplacer systématiquement les dispositifs d’éclairage par des lampes LED adaptées à cette technologie, ce qui n’est guère concevable que pour des bâtiments neufs ou lors de rénovations conséquentes. Enfin, il n’existe encore pratiquement aucun ordinateur et presque aucune tablette numérique équipés de série du capteur LiFi, ce qui en réduit sensiblement l’utilisation à ce jour.

    Bien que possédant un potentiel intéressant, la technologie LiFi est donc encore trop peu adaptée pour une généralisation dans les écoles wallonnes. Dès l’apparition de terminaux adaptés, elle pourrait néanmoins faire l’objet d’une expérimentation dans un établissement se dotant de bâtiments neufs ou profondément rénovés. À ce jour, le WiFi reste donc la technologie de référence.

    Pour répondre à l’autre volet de la question posée, il faut savoir que de nombreuses études ont été menées sur les effets potentiels sur la santé des ondes électromagnétiques et en particulier celles émises par les réseaux de téléphonie mobile (GSM/3G/4G) d’une part et par les réseaux WiFi d’autre part.

    Il faut bien distinguer ces deux types de réseaux, car selon notamment le « Référentiel sur l’usage du WiFi en établissement et école » publié par le Ministère français de l’Éducation nationale en mai 2015, le WiFi rayonnerait en moyenne 10 fois moins à sa puissance maximale qu’un téléphone mobile. Il ajoute que selon le rapport de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), le champ électromagnétique est encore 10 fois moindre aux environs d'un mètre pour devenir rapidement négligeable en s'éloignant davantage.

    Le rapport de l'ANSES ne fait donc état d’aucun élément devant conduire à des précautions particulières concernant le WiFi et ne fait aucune recommandation à son sujet en termes d’implémentation ou d’usage, et ce, quel que soit l’âge des sujets concernés.

    L'ANSES ne préconise aucune mesure de réduction des expositions en matière de WiFi, y compris en ce qui concerne les enfants.

    Ces conclusions ne font que confirmer celles de l’étude rédigée dès 2009 par l’ISSeP (rapport 2173/2009) à la demande de l’ETNIC relativement à l’impact des rayonnements électromagnétiques produits par les infrastructures WiFi déployées par la Communauté française de Belgique dans le bâtiment de l’ETNIC et au Palais de l’Académie des Sciences. Ce rapport indiquait en effet que « les mesures faites […] démontrent la faible exposition liée à l’utilisation du WiFi ». Il poursuit : « L’énergie absorbée par les tissus étant proportionnelle au carré du champ, l’utilisation du GSM, dans de mauvaises conditions de couverture, donne lieu à une exposition maximale au niveau de la tête qui est 10.000 fois plus élevée que celle subie sous une borne WiFi » et plus loin encore « En conclusion, le risque sanitaire lié aux réseaux WiFi peut ainsi être considéré comme négligeable au vu de ces résultats et de l’état actuel des connaissances sur les effets des rayonnements radiofréquences ».

    Les avis convergent donc sur l’absence de danger objectif lié à l’usage du WiFi, mais n’excluent pas de prendre néanmoins les précautions élémentaires pour réduire au minimum l’impact potentiel.

    Ainsi, le cahier des charges du marché en cours de préparation visant à l’installation de réseaux WiFi dans les établissements d’enseignement de Wallonie dispose dès à présent que toute installation sera précédée d’une étude de site menée par des professionnels afin notamment de déterminer le positionnement optimal des points d’accès.