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La violence faite aux femmes et l'expérience de la Maison Plurielle

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 138 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 26/10/2015
    • de PECRIAUX Sophie
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Violences conjugales, intrafamiliales et sexuelles, crimes d'honneur, mutilations génitales ou encore mariages forcés: la Maison Plurielle à Charleroi offre un accueil, mais aussi un accompagnement psychosocial individuel à toutes ces femmes qui vivent un calvaire.

    Des victimes qui sont chaque jour de plus en plus nombreuses à pousser la porte de l'ASBL. La fréquentation a ainsi doublé de 2013 à 2014. En 2015, la tendance est hélas encore à la hausse. Et encore, les statistiques peuvent être trompeuses, car les victimes présentent souvent plusieurs problèmes. 24 % cumulent des situations de détresse.

    Monsieur le Ministre a-t-il des statistiques plus précises concernant l'ensemble de ces services sur la Wallonie ?

    Quelles sont les aides fournies par la Wallonie à ces associations et plus particulièrement à la Maison Plurielle ?
  • Réponse du 16/11/2015
    • de PREVOT Maxime

    Le dépôt de cette question écrite me donne l’occasion d’aborder les mesures mises en place en Wallonie pour lutter contre les violences faites aux femmes.

    Pour rappel, il existe en Wallonie un dispositif concerté de lutte contre les violences entre partenaires qui comprend :
    - la ligne « Ecoute violences conjugales » 0800/30.030 ;
    - les services d’accompagnement ambulatoires pour les victimes de violences (notamment la Maison Plurielle) ;
    - les services d’accompagnement ambulatoires pour les auteurs de violences ;
    - les maisons d’accueil et d’hébergement spécialisées dans l’accueil des femmes victimes de violences et de leurs enfants ;
    - la concertation au niveau local entre les intervenants psychosociaux, sanitaires, policiers et judiciaires via les plateformes « violence » ;
    - la formation des professionnel-le-s.

    Comme l’a justement évoqué l'honorable membre, les femmes qui font appel à ces différents services peuvent être confrontées à plusieurs formes de violences. La Wallonie s’est d’ailleurs engagée dans le cadre du plan intrafrancophone de lutte contre les violences sexistes et intrafamiliales et du plan d’action national de lutte contre toutes les formes de violence basée sur le genre 2015-2019 à prendre des mesures spécifiques pour lutter contre les violences entre partenaires, les mutilations génitales féminines, les mariages forcés, les violences liées à l’honneur, les violences sexuelles et la prostitution.

    Sachant que l’amélioration de la récolte de données statistiques sur ces problématiques fait partie des mesures qui seront mises en œuvre avant la fin de la législature. En effet, actuellement, il n’existe pas de système harmonisé d’enregistrement des données en matière de violences entre partenaires et violences faites aux femmes. Or pour lutter efficacement contre ces violences, il est nécessaire de bien connaitre l’ampleur du phénomène.

    Je tiens à attirer l'attention sur le fait que les statistiques dont nous disposons actuellement ne sont pas représentatives de l’ensemble des victimes de violence. En effet, selon l’enquête publiée en 2014 par l’agence européenne des droits fondamentaux (FRA), 67 % des victimes en Europe n’ont pas signalé à la police ou à un autre organisme l’acte le plus sévère de violence commise à leur égard par leur partenaire. Les chiffres ci-dessous concernent donc uniquement les victimes de violences qui ont fait appel aux services d’accompagnement ambulatoire spécialisés.

    En 2014, 406 personnes ont été reçues en ambulatoire à Liège au sein de l’ASBL Collectif contre les violences familiales et l’exclusion, 126 femmes ont bénéficié d’un accompagnement à long terme en ambulatoire à l’ASBL Solidarité femmes et refuge pour femmes battues de La Louvière, 179 personnes ont poussé la porte du service « ça vaut pas l’coup » en Province de Namur. Dans ces structures, le nombre de personnes reçues reste stable.

    Les associations qui disposent d’un service spécialisé dans l’accompagnement ambulatoire des victimes de violences bénéficient actuellement de postes APE et de subventions facultatives (dans le cadre de conventions pluriannuelles pour plusieurs ASBL). Dans le cadre du plan Marshall, la Wallonie a octroyé 7 points APE à la Maison plurielle pour un poste de travail à temps plein et l’ASBL bénéficie de subventions facultatives à hauteur de 25.000,00 euros pour 2015.

    Sachant enfin que je souhaite, dans le cadre du plan intrafrancophone de lutte contre les violences sexistes et intrafamiliales, compléter et améliorer notre dispositif wallon par un décret pour les services ambulatoires : ce sera une reconnaissance de leur précieux rôle dans la prise en charge des victimes de violences et une façon de stabiliser les financements.