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L'isolement des personnes âgées

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 612 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 23/02/2016
    • de KNAEPEN Philippe
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Selon des études récentes, une personne âgée sur cinq souffrirait d'isolement social en Belgique. Cet isolement n'aurait aucun lien direct avec la situation économique de la personne puisque les personnes issues d'un milieu aisé seraient également touchées par cet isolement. Toutefois, la pauvreté renforcerait l'isolement de nos aînés.

    Cet isolement résulterait à la fois du manque de mobilité, des problèmes de santé et de la précarité financière de certains aînés bénéficiant d'une petite pension, mais serait également le fait du manque d'activité sociale de ces seniors.

    Monsieur le Ministre peut-il me présenter les actions menées par le Gouvernement pour lutter contre l’isolement des personnes âgées ?

    Sous la législature précédente, le Gouvernement avait consacré la solidarité intergénérationnelle comme une priorité et plusieurs initiatives ont été mises en place. Monsieur le Ministre peut-il tirer un bilan de ces cinq années d’actions en la matière ? La situation des personnes âgées a-t-elle sensiblement évolué ?
  • Réponse du 07/03/2016
    • de PREVOT Maxime

    Il est évident que, pour ma part, la lutte contre l’isolement des personnes âgées et par corollaire le souci d’accroître leur participation à la vie sociale, est une priorité. Il est donc essentiel de centrer la réflexion sur la personne dans sa globalité, dans son environnement et dans sa relation avec ses aidants proches, son entourage.

    L’isolement est un problème complexe, et multifacettes. Chaque situation est particulière. Il est nécessaire de l’aborder individuellement, d’en chercher les causes. Les limitations physiques, les difficultés sociales ou financières, psychologiques parfois peuvent en être l’origine.

    Il est difficile d’énumérer l’ensemble des actions qui concourent à sortir les aînés de l’isolement. Ainsi, je pense aux services d’aide aux familles et aux aînés, de conseil en aménagement, les centres d’accueil communautaire, les associations de bénévoles, ... ; mais aussi aux activités organisées à un niveau plus local, par des communes, des associations de seniors, …

    L'honorable membre connait sans doute le concept de Ville Amie des Aînés. Ce projet se développe dans un cadre fixé par l’OMS depuis une dizaine d’années. L’objectif est de réaliser un diagnostic participatif par et avec des aînés et de proposer un plan d’action. L’idée est de prendre en compte l’ensemble des déterminants de la santé sans se cantonner uniquement sur les déterminants socio-sanitaires. Pourquoi développer ce concept ? Je citerai Serge CLEMENT, psychosociologue « La participation des personnes âgées dans la cité pose sans doute des problèmes identiques à ceux de bien d’autres populations. La particularité des plus âgés d’entre eux, c’est que beaucoup de monde parle à leur place : des professionnels, des élus, des familles et les jeunes retraités ». Il est donc essentiel de travailler avec les structures locales existantes : les conseils consultatifs des aînés, les associations, les comités de quartiers, les MR(S), … pour les aider à mettre en place des actions réalisées par et pour les aînés. Il s’agira, par exemple, de former des aînés aux techniques de participation, de former un comité d’ainés qui recueille les besoins des personnes isolées et socioéconomiquement défavorisées, …

    Si des projets-pilotes ont été lancés sous la législature précédente, l’évaluation a montré certaines failles. La Région a donc décidé de financer un projet de recherche-action qui consiste à construire une méthodologie d’accompagnement des communes en s’appuyant sur les acquis de travaux internationaux, tout en l’adaptant aux contextes locaux wallons. Un comité de pilotage régional issu de nombreux partenariats, et coordonné par un chercheur vise à accompagner 5 à 10 communes pilotes, volontaires dans cette démarche. Au niveau des communes participantes, une formation de ‘référents VADA’ (personnel communal et aînés) aux méthodes de recherche participatives est prévue, afin de travailler AVEC les aînés. Une attention particulière doit être portée aux aînés qu’on voit peu, qu’on entend peu : les aînés isolés.

    L'honorable membre aborde la question de la solidarité intergénérationnelle, et des actions en la matière. La Région soutient également des projets qui tendent, soit directement, soit par l’encadrement d’autres associations, à la participation active des personnes âgées dans la société, je pense notamment aux ASBL Entr’âges (promotion des relations intergénérationnelles) et Atoutage (soutien méthodologique aux actions intergénérationnelles) ainsi que Courants d’âge qui coordonne le projet « Carrefours des Générations ». Cet événement met en valeur toute la richesse des initiatives intergénérationnelles qui existent au niveau local. Depuis les débuts de l'opération en 2009, plus de 110 communes se sont mobilisées en proposant, entre autres, des ateliers créatifs et participatifs, des rencontres, des animations, des jeux, des spectacles, des concerts et des balades.

    Il s’agit pour les différentes communes de présenter activement des projets intergénérationnels à un public désireux de « mieux vivre ensemble » entre générations.

    Cela permet d'aborder les conséquences du vieillissement dans tous les domaines de la vie sociale : l'habitat, l'urbanisme et l'aménagement du territoire, le travail, les relations sociales, la mobilité, …, et de réfléchir à la place donnée aux aînés afin de leur permettre de continuer à être actifs et de participer à la vie en société.

    Par ailleurs, ces 3 associations ont depuis 2014 décidé d’unir leurs forces au sein d’une même ASBL Intergénérations qui est soutenue financièrement par la Région et bénéficie d’une convention pluriannuelle. Cette ASBL est devenue un pôle de ressources dont les objectifs sont :
    - informer, sensibiliser c’est-à-dire promouvoir et développer les questions intergénérationnelles notamment par des animations, accompagner et soutenir méthodologiquement la mise en place, le développement et l’évaluation de projets intergénérationnels, sensibiliser le grand public ;
    - être un centre de ressources, c’est-à-dire mettre à disposition un centre de documentation, réaliser et promouvoir des outils pédagogiques, organiser des formations ;
    - développer un réseau des acteurs aux niveaux régional et international, c’est-à-dire échanger et analyser les pratiques, être porte-parole.

    Mais les citoyens eux-mêmes sont à l’origine de nombreux projets visant à réduire l’isolement. Ainsi, le nombre de projets d’habitats groupés, d’habitats solidaires ne cesse d’augmenter. Néanmoins, des freins administratifs et fiscaux existent.

    Un groupe de travail a été mis en place récemment. Il rassemble diverses structures actives dans le secteur, mais aussi les cabinets et administrations concernées par le logement et les aînés, et a comme finalité de voir aboutir des initiatives de logement partagé, et ce, en concertation avec le Fédéral et les autres entités fédérées.