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L'éventuelle adaptation du mix énergétique

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 393 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 08/03/2016
    • de FOURNY Dimitri
    • à FURLAN Paul, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de l'Energie

    Suite aux incidents à répétition au cours de ces derniers mois au niveau de la sécurité nucléaire, une forme d’inquiétude au sein de la population est apparue. La question de la distribution de pilules d’iode au sein des communes était posée. Monsieur le Ministre a-t-il des éléments neufs à ce sujet ?

    Par ailleurs, il semble qu’une remise en cause de la relance du réacteur de Tihange 2 ait été formulée à plusieurs endroits, y compris d’ailleurs par la formation de la ministre de l’Énergie.

    Est-ce à dire que l’on se dirige vers une adaptation de l’approvisionnement énergétique et du mix énergétique pour notre pays, et donc notre Région ?

    Si une association des communes par rapport au risque de blackout est acquise, il nous semble également logique de prévoir une association des entités fédérées à cette question de la modification de la relance des réacteurs. Monsieur le Ministre a-t-il été consulté à ce sujet ?
  • Réponse du 23/05/2016
    • de FURLAN Paul

    Depuis de nombreuses années, la Belgique a privilégié une stratégie énergétique favorable à l’énergie nucléaire afin d’assurer la stabilité du coût de production de l’électricité, la compétitivité, la sécurité d’approvisionnement tout en arguant qu’elle répondait aux besoins en électricité décarbonée de la Belgique. Il y a peu, la prolongation des centrales de Doel 1 et 2 a été confirmée par l’autorité fédérale.

    Outre les dangers qu’elle semble représenter, la prolongation des centrales pourrait avoir des répercussions négatives, entre autres sur le développement des énergies renouvelables.

    Tout d’abord, le marché belge de production d’électricité pourrait se retrouver en situation « over capacity ». En effet, la capacité de production d’électricité en Belgique avoisine les 20.000 mégawatts (15 GW de capacité programmable : nucléaire, thermique fossile et renouvelable, hydro et 5 GW de capacité intermittente : éolien, solaire) et la capacité d’import s’élève à environ 4.500 mégawatts, tandis que dans le cas le plus extrême 14.250 mégawatts de capacité de production seraient nécessaires. Cette surcapacité de production d’électricité risque d’une part de créer un climat de méfiance auprès des investisseurs qui préparent de nouveaux projets renouvelables ; et d’autre part d’impacter le développement des centrales gaz nécessaires au back-up des énergies renouvelables.

    Le nucléaire, de par son manque de flexibilité n’apparait pas comme la solution la plus compatible avec l’optimalisation de la production renouvelable intermittente.

    En outre, la promotion des énergies renouvelables tend à faire évoluer les réseaux actuels vers des systèmes décentralisés ce qui nécessitera des investissements pour les adaptations des réseaux électriques. La prolongation des centrales nucléaires (systèmes centralisés) pourrait freiner la transformation des réseaux, indispensable pour la bonne intégration des productions d’électricité renouvelable en croissance.

    Enfin, les investissements liés au nucléaire risqueront de mobiliser d’énormes moyens financiers et humains, dont seront forcément privées les alternatives. Cet « effet d’éviction » pourra concerner la recherche, le financement par les banques et les institutions internationales, de même que les dépenses des compagnies électriques.

    Les objectifs européens en matière d’énergie ont poussé la Wallonie à soutenir financièrement la promotion des énergies renouvelables. Afin de renforcer la confiance des investisseurs, la Région a d’ailleurs fixé les enveloppes de certificats verts destinées à soutenir l’électricité renouvelable, et ce jusqu’à 2024. Dans ce contexte, la prolongation des centrales nucléaires pourrait impacter de manière indirecte ces investissements.

    Pour le reste, je n’ai eu aucun contact avec mes homologues régionaux en la matière.