L'émigration des Wallons

• Session : 2015-2016
• Année : 2016
• N° : 117 (2015-2016) 1

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• Question écrite du 04/05/2016

  • de BALTUS-MÖRES Jenny
  • à MAGNETTE Paul, Ministre-Président du Gouvernement wallon
  
  Même si l'immigration est un thème préoccupant pour la Wallonie et pour toute l'Europe actuellement, il y a en même temps toujours un certain taux d'émigration de la population d'un territoire. Ceci est tout à fait normal, mais d’après le Docteur en Sciences politiques et sociales, le Professeur Marco Martiniello, la Wallonie subit actuellement un problème d'émigration. Comme il l'a expliqué lors de son discours au Parlement de Wallonie au « Forum sur la situation migratoire » du CPI (Conseil Parlementaire Interrégional), de plus en plus de Wallonnes et Wallons quittent le territoire.
  
  Monsieur le Ministre-Président partage-t-il cette analyse ?
  
  Peut-il nous donner le chiffre moyen des personnes qui quittent annuellement la Wallonie et peut-il démontrer le développement du nombre des émigrants de la Région wallonne les dernières années ?
  
  Est-il vrai qu'il y a une hausse inquiétante ces derniers temps ?
  
  Monsieur le Ministre-Président a-t-il fait une analyse plus fine pour connaître les raisons de l'émigration du public concerné ? Et a-t-il pu rassembler des données détaillées sur le(s) profil(s) des émigrants de notre territoire ?
  
  Et finalement, qu’est-ce que le Gouvernement compte entreprendre afin de garantir des perspectives pour les Wallonnes et les Wallons qui veulent émigrer et les motiver de rester ?

• Réponse du 30/05/2016

  • de MAGNETTE Paul
  
  Comme le mentionne le Professeur Martinello, si l’on regarde les seuls chiffres de l’émigration, sans les remettre en perspective, on constate effectivement que les émigrations à destination de l’étranger sont en augmentation en Wallonie depuis le début des années 1990, passant de 20 000 à plus de 30 000 personnes.
  
  Cependant, lorsqu’on considère les émigrations, il est essentiel de tenir compte également d l’évolution des immigrations pour identifier un solde migratoire et apprécier concrètement l’effet de ces mouvements sur la structure de la population visée.
  
  On constate ainsi que le solde migratoire externe de la Wallonie, comme celui de la Belgique, est largement positif. Selon les chiffres de la Direction générale Statistique fédérale (DGS), après avoir culminé à + 15 647 personnes en 2010, il est toutefois redescendu à + 5 826 personnes en 2014, dernières données disponibles. Cette diminution fait suite au durcissement des conditions de regroupement familial décidé par le Gouvernement fédéral.
  
  Selon les dernières perspectives du Bureau fédéral du Plan (BFP), établies en mars 2016, après une hausse importante due à l’arrivée des demandeurs d’asile (+ 19 384 en 2016 et 14 822 en 2017), le solde migratoire de la Wallonie devrait retomber, selon les hypothèses retenues par le Bureau du Plan, autour de + 5 000 personnes par an au cours des prochaines décennies.
  
  Toujours selon le BPF, le profil attendu de l’évolution des émigrations se calque sur celui des immigrations. Le nombre annuel des émigrations devrait se maintenir autour de 35 000 personnes, inférieur aux 40 000 immigrations attendues chaque année.
  
  En conclusion, l’émigration internationale de la Wallonie, tant dans son évolution récente que dans celle attendue par les perspectives du Bureau fédéral du Plan, ne présente pas de caractère alarmant par rapport aux autres régions. Comme celles-ci, la Wallonie bénéficie et devrait continuer à bénéficier au cours des prochaines décennies d’un solde migratoire externe positif d’environ 5 000 personnes par an. De plus, les flux migratoires en provenance des deux autres régions de Belgique sont positifs et, toujours selon les perspectives du BFP tracée à l’horizon de 2060, ils continueront à alimenter la croissance de la population wallonne jusqu’à cette date, par un apport annuel de 6 000 à 7 000 personnes.