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L'accroissement du phénomène de "binge drinking" chez les jeunes

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 987 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 11/05/2016
    • de NICAISE Marie-Françoise
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Selon une étude menée par l’Agence intermutualiste (AIM), de plus en plus de jeunes semblent avoir recours au « binge drinking », ce phénomène qui consiste à absorber beaucoup d’alcool en un temps limité afin d’atteindre l’ivresse rapidement.

    En 2014, près de 1 000 jeunes de 17 ans ont bénéficié d’une aide médicale en raison d’une intoxication alcoolique. Et dans le Hainaut comme dans la province de Namur, le nombre de cas dépasse la moyenne puisque ces provinces se classent en tête du classement, derrière le Luxembourg.

    Ce phénomène semble prendre des proportions inquiétantes puisque l’on observe une augmentation constante des cas au cours des dernières années.

    L’AIM fait un autre constat interpellant puisqu’elle remarque que pour la première fois parmi les jeunes de 12 ans à 17 ans, le nombre de filles concernées par ce phénomène rejoint celui des garçons.

    Quelle lecture fait Monsieur le Ministre de cette étude ? A-t-il conscience de l’étendue du phénomène, notamment concernant les enfants d’une douzaine d’années ? Des actions sont-elles déjà mises en place afin d’appréhender le phénomène du « binge drinking » ? Si oui, lesquelles ?

    À la lecture de l’étude menée par l’AIM, compte-t-il amplifier les actions menées pour contrer ce phénomène ?

    Des campagnes de préventions sont-elles déjà en place dans les écoles ? Le public concerné par l’étude de l’AIM, à savoir la tranche 12 ans à 17 ans, est-il bien rencontré à l’occasion de celles-ci ?

    Comment le jeune public, à savoir les enfants de 12 ans, est-il sensibilisé au « binge drinking » ? Les actions mises en place sont-elles adaptées à leur jeune âge ? Dans l'affirmative, de quelle manière sont-elles menées ?
  • Réponse du 01/06/2016
    • de PREVOT Maxime

    Cinq questions parlementaires sur cette thématique ont été posées très récemment par les confrères de l'honorable membre (Question orale de Monsieur André-Pierre PUGET, intitulée « Binge drinking chez les jeunes » ; Question orale de Madame Valérie DE BUE, intitulée « Binge drinking » ; Question écrite n°875 de Monsieur Nicolas MARTIN, intitulée « La prévention au binge drinking » ; Question écrite n°926 de Madame Déborah GERADON, intitulée « Le phénomène du binge drinking » ; Question écrite n°929 de Monsieur Olivier DESTEBECQ, intitulée « Le binge drinking chez les jeunes wallons ».

    Ma réponse d’aujourd’hui sera donc sensiblement semblable à celle donnée précédemment.

    L’enquête sur ce sujet réalisée par l'Agence intermutualiste à laquelle fait référence l'honorable membre met en lumière ce phénomène inquiétant. Le binge drinking connaît aujourd'hui, et il faut le regretter, une popularité certaine. Son importance reste encore difficile à mesurer objectivement.

    Cette étude a répertorié le nombre d'assurés de 12 à 17 ans qui ont été accueillis durant l'année aux urgences ou hospitalisés une nuit et pour lesquels la concentration d'alcool dans le sang a été analysée. L'enquête révèle que 2.376 jeunes en état d'intoxication alcoolique présumée se sont retrouvés à l'hôpital en 2013. En comparaison, leur nombre s'élevait à 2.209 en 2008. Il s’agit d’une variation légèrement à la hausse, mais qui n'est pas très significative. Il s’agit également de chiffres indicatifs, dans la mesure où des causes méthodologiques empêchent un comptage plus précis et exhaustif.

    La problématique de la consommation excessive d'alcool chez les jeunes reste préoccupante.

    En ce qui concerne les actions prises au niveau de la Région wallonne, je rappelle au préalable que la législation en matière de vente et de distribution d’alcool demeure une compétence du pouvoir Fédéral.

    En matière d’usage et de mésusage de boissons alcoolisées, les réponses appropriées réclament une approche multisectorielle. Dans le domaine de la santé, les actions à mener se conçoivent souvent à partir des trois piliers que sont la prévention, le traitement et la réduction des risques, d’où la nécessité d’établir des concertations entre les différents secteurs de santé.

    Sur le plan de la prévention, l'honorable membre sait sans doute que la Région wallonne subventionne l'ASBL Modus Vivendi ainsi que différents services qui bénéficient du soutien logistique de cette association, notamment dans le cadre des Quality Nights. Il s'agit d'un projet qui vise à améliorer le bien-être des personnes qui sortent dans les lieux de fête notamment en Wallonie. On y trouve divers services préventifs : distribution d'eau gratuite pour limiter les consommations de bière ou d'alcool, préservatifs et bouchons d'oreilles à prix modique, brochures d'informations sur la santé, alertes rapides en cas de circulation de drogue à haut risque, personnel sensibilisé à la réduction des risques et aux premiers secours, etc.

    Mon souhait est également de poursuivre et de consolider le soutien d’autres associations qui se destinent à la prévention, au traitement et à la limitation des risques liés à la consommation abusive d'alcool, y compris dans le cadre du Fonds le lutte contre les assuétudes. Parmi les projets soutenus par le Fonds, trois associations sont très actives sur les problématiques liées à l’alcool : l’ASBL Alpha, qui développe un site internet d'aide en ligne pour personnes alcooliques et leur entourage ; la Société Scientifique de Médecine Générale (SSMG) dont le projet porte sur la mise en place d'une démarche en médecine générale reposant sur le dépistage d’une consommation problématique ; et le projet Freedom, qui vise à l’implémentation d'un projet de sevrage à domicile de personnes alcoolodépendantes.

    N’oublions pas l’importance des services d’aide et de soins spécialisés en assuétudes agréées par la Région wallonne qui bénéficient annuellement de subventions afin de mettre en place un accompagnement spécifique destiné aux personnes sujettes à des problèmes de dépendance, en ce compris la dépendance à l’alcool. Ces services accueillant tous types de demandes d’assuétudes sont actuellement au nombre de 27 répartis sur l’ensemble du territoire wallon.

    Par ailleurs, les associations de prévention d'assuétudes offrent aux institutions qui en ont besoin – pensons aux écoles, aux maisons de quartier, etc. – des formations, des accompagnements de projets et des outils pour travailler la question des consommations avec les jeunes. La Wallonie en finance plusieurs dont l'ASBL Infor-Drogues, Citadelle, etc.

    En outre, la Wallonie soutient également le travail de l'ASBL Univers Santé qui déploie des activités spécifiquement en lien avec la consommation d'alcool par les jeunes. Cette ASBL réunit, au sein d'un réseau pilote appelé « Jeunes, Alcool et Société », 12 associations actives auprès des jeunes. Au sein de ce groupe se définissent des stratégies et des actions visant à faire connaître le problème du binge drinking et proposer des solutions.

    J'ai bien conscience de la gravité du problème, mais aussi de sa complexité. Il me semble en effet évident qu'il y a lieu (en plus de se concerter à tous les niveaux de pouvoir) de se concerter également avec les acteurs professionnels, pour être efficace. Car c’est ce terreau associatif qui est le plus à même d'être en contact avec le groupe cible concerné. Cette démarche collaborative doit permettre de développer un travail de prévention le plus efficient possible, singulièrement pour ce qui concerne la consommation abusive d'alcool chez les jeunes.

    Pour terminer, je rappelle que mon équipe et moi-même sommes membres de la Cellule Générale Politique Drogues (implémentée à partir de la CIM Drogues, réunissant plus de 20 Ministres). L'honorable membre doit ainsi savoir que, dans la lignée des conclusions rendues par le KCE dans son rapport sur la consommation d’alcool publié en 4 janvier 2016, un groupe de travail a été mis sur pied, dans le cadre de la Cellule Générale Politique Drogues, afin de réunir l’ensemble des entités fédérées et fédérale ayant des compétences en la matière, afin de commencer la construction, en 2016, d’un nouveau plan alcool au niveau national. Sachez que celui-ci est actuellement en cours et que j’y participe activement afin de m’assurer que des mesures concrètes de lutte contre les méfaits de l’alcool puissent être mises en place chez nous.