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La résistance aux antibiotiques

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 1078 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 06/06/2016
    • de LENZINI Mauro
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Fin 2014, le rapport du Centre européen de la prévention et du contrôle des maladies faisait le point sur la résistance de plusieurs bactéries aux antibiotiques commercialisés à ce jour.

    Cette résistance aux antibiotiques est connue depuis des décennies et l'approche scientifique pour mettre au point un antibiotique de type nouveau, échappant à la résistance des bactéries, a radicalement évolué depuis la découverte aléatoire des premiers antibiotiques.

    Identifiée il y a 6 mois en Chine, la bactérie super résistante « MCR-1 » semble avoir été localisée chez des patients européens et plus récemment aux États-Unis.
    Des cas similaires ont-ils été identifiés en Wallonie ?

    D’autres souches bactériennes, comme celle responsable de la tuberculose, sont également de plus en plus résistantes aux antimicrobiens connus. Des laboratoires wallons ont acquis une réputation mondiale en la matière, tant dans le domaine de la recherche fondamentale que dans son prolongement industriel, en particulier le Centre d'ingénierie des protéines de l'ULg, membre du consortium Enable, qui réunit 34 partenaires issus de 13 pays européens, projet à la fois académique et industriel qui a pour but de découvrir de nouveaux antibiotiques.
  • Réponse du 28/06/2016 | Annexe [PDF]
    • de PREVOT Maxime

    Aujourd'hui, nous assistons à l’émergence d’infections nosocomiales graves dues à des bactéries multi-résistantes (MDRO) à gram-négatif (Pseudomonas aeruginosa, Acinetobacter baumannii et entérobactéries comme Escherichia coli et Klebsiella pneumoniae). Ces infections sont associées à des taux élevés de morbidité et de létalité (mortalité liée à la maladie). Dans ce contexte, l’utilisation d’antibiotiques comme la colistine représente actuellement une des dernières drogues de choix en médecine humaine. Peu après son introduction dans les années 1950, l'utilisation chez l’homme de la colistine, a été principalement limitée à des usages topiques (p.ex. pommade ophtalmique) en raison de sa toxicité (d’ordre rénal) si elle est administrée par voie systémique.

    Actuellement, les principales indications de l’usage systémique (de la colistine) sont le traitement et le contrôle des infections chez les patients atteints de mucoviscidose (cystic fibrosis) et le traitement des infections systémiques sévères. Dans certains pays, la colistine par voie orale est en outre utilisée dans la prophylaxie des infections nosocomiales par la décontamination digestive sélective (SDD).

    La colistine a été utilisée régulièrement en médecine vétérinaire depuis des décennies, à la fois comme traitement curatif et pour la prévention de maladie. Elle est d'une importance thérapeutique majeure pour le traitement des infections gastro-intestinales à bactéries Gram négatives chez certaines espèces productrices d'aliments (porcs, volailles, veaux). La colistine est principalement administrée sous forme d'un traitement de l'ensemble du cheptel en utilisant la voie d'administration orale.

    La transférabilité de la résistance à la colistine, suite à la présence du gène mcr-1 sur un plasmide, a été documentée en novembre 2015 en Chine, et ensuite dans plusieurs pays européens. Aux États-Unis, le gène a été détecté pour la première fois au mois de mai 2016. Des analyses rétrospectives ont démontré que ce gène existe et circule en Asie déjà depuis les années 1980. La proportion relative de ce gène parmi les isolats cliniques humains en Europe reste jusqu'à présent assez faible (<1 %).

    L’existence de ce gène de résistance localisé sur des éléments génétiques mobiles (plasmides) facilement transférables d’une souche de bactérie à l’autre est un grand sujet de préoccupation en raison de l'utilisation croissante rapide de colistine dans les hôpitaux européens conduisant à une pression de sélection accrue. En outre, il est possible (quoique non encore prouvé actuellement) que l’utilisation d'autres classes d'antimicrobiens puisse aussi favoriser la propagation de la résistance à la colistine lorsque plusieurs gènes de résistance (i.e.beta-lactamases, y compris carbapénèmases) sont localisés sur un même plasmide. Les études ont montré qu’il existait une grande diversité de plasmides porteurs du gène mcr-1 tant chez les animaux producteurs de denrées alimentaires, les aliments, les humains et l'environnement, suggérant une transmission possible dans toute la chaine alimentaire depuis l’étable jusqu’à l’Homme. Néanmoins, la prévalence globale de la résistance colistine dans les aliments et chez les animaux en Europe reste - à ce jour - basse. Le gène mcr-1 est présent à la fois dans les isolats de cas cliniques de colibacillose vétérinaire et des cas d’infections invasives en médecine humaine. Une étude récente a montré que des souches porteuses de ce gène de résistance peuvent le perdre rapidement (dans le mois) en l'absence d'une pression de sélection (due à la prise d’antibiotiques).

    La situation en Belgique est présentée dans le tableau 1 en annexe.