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La consommation de médicaments par les étudiants en période d'examen

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 1138 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 14/06/2016
    • de MARTIN Nicolas
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Une nouvelle étude publiée dans le magazine scientifique « Médecine » affirme qu’environ un tiers des étudiants français en médecine auraient recours à des stimulants pour rencontrer leurs objectifs en termes d’étude.
     
    Si les boissons énergisantes sont au premier rang des substances susnommées, les médicaments et les drogues dures, telles la cocaïne et les amphétamines, font de plus en plus d’adeptes (respectivement 6,7 % et 5,2 % des sondés). Par ailleurs, il apparaît que ce type de comportement s’accentue largement en période d’examen.
     
    Il est inutile d’insister ici sur la dangerosité de telles pratiques et sur leurs conséquences.
     
    Ainsi, face à ce phénomène inquiétant, des chiffres concernant la Wallonie sont-ils disponibles ?

    Par ailleurs, si certaines ASBL ont déjà intégré cette dimension au cœur de leur dispositif de prévention, le Gouvernement dispose-t-il d’un plan spécifique de prévention à cet égard ?
  • Réponse du 01/07/2016
    • de PREVOT Maxime

    Plusieurs collègues députés m’ont récemment adressé des questions semblables à celle-ci, notamment Madame Patricia POTIGNY dans sa question écrite n° 1181. Je me permets donc de reprendre une grande partie de la réponse que j’ai préparée à ce propos.

    « Des substances psychostimulantes sont parfois utilisées par les étudiants pour doper leurs performances intellectuelles pendant les examens. Ces psychostimulants peuvent soit être prescrits par un médecin, soit être détournés d’un usage médical, soit encore être obtenus sur le marché noir. En effet, les amphétamines classiques circulant sur le marché noir (« speed ») peuvent être également utilisées pour améliorer les performances scolaires. En outre, des produits de ce type peuvent être directement achetés via des sites Internet.

    L’enquête à laquelle fait référence l'honorable membre et qui a été citée par La Libre du 8 juin 2016 est une enquête ponctuelle réalisée en France sur une population limitée de 1.718 personnes, dont seulement 807 étudiants en médecine, l’autre partie étant constituée de médecins. Je ne dispose malheureusement pas d’estimation précise concernant l’utilisation de psychostimulant en Wallonie, dans ce public cible spécifique et à cette période de l’année. Eurotox a néanmoins analysé les enquêtes épidémiologiques disponibles en Belgique francophone : l’enquête HIS (enquête de santé nationale par interview de l’Institut Scientifique de Santé publique) ou l’enquête HBSC de l’OMS (Health Behaviour in School-Aged Children). En matière de consommation d’amphétamines, ces deux enquêtes ne donnent pas de précision sur le type de psychostimulant utilisé, ni sur le contexte d’usage. D’après l’enquête HIS 2013, 0,4 % des Wallons âgés de 15 à 24 ans auraient consommé au moins une fois une amphétamine ou de l’ecstasy au cours de 12 derniers mois (contre 7,3 % des Bruxellois du même âge). Et d’après l’enquête HBSC réalisée en 2010, 2,6 % de jeunes de 13-20 ans scolarisés en FWB auraient consommé au moins une fois de l’amphétamine au cours des 12 derniers mois et 2,2 % au cours des 30 derniers jours.

    En ce qui concerne la prescription de psychostimulants en Belgique, d’après les données Pharmanet, environ 31.000 jeunes de moins de 18 ans ont reçu une prescription de psychostimulants pour l’année 2011. Les rapports disponibles ne fournissent pas d’informations pour les jeunes de 18 ans et plus pour cette classe de médicaments. Je n’ai pas non plus d’information sur une éventuelle aggravation de ce phénomène.

    Même s’il y a lieu de rester vigilant concernant les affirmations journalistiques alarmistes, je veux être prudent et remercie l'honorable membre d’attirer mon attention sur ce sujet. »

    Une consommation de psychostimulants sans contrôle pourrait, comme l'honorable membre le note, avoir des conséquences problématiques. Pour prévenir ces problèmes, je subventionne sur toute la Wallonie les services spécialisés en assuétudes qui ont notamment comme mission la prévention de la consommation de substances psychoactives et la prévention des risques liés à cette consommation.

    Je comprends ses craintes et sa demande d’agir pour contrer ce problème spécifique, mais les actions dans ce domaine doivent être réfléchies soigneusement avec des intervenants spécialisés. Par exemple, cibler des actions sur la prévention de la consommation de substances psychoactives peut être contreproductif surtout auprès d’un public jeune : ces actions peuvent paradoxalement rendre la consommation attractive en attirant l’attention des jeunes sur un comportement que des adultes réprouvent. La meilleure prévention de la consommation de substances psychoactives et de ses excès est assurée par une promotion globale de la santé, y compris la santé mentale.

    La Wallonie soutient cette approche globale, par exemple en subventionnant l’ASBL Univers Santé active en promotion de la santé en milieu jeune et étudiant.

    Avant de terminer, je me permets de rappeler que la médecine scolaire, y compris dans les hautes écoles et universités, reste une compétence de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Celle-ci est aussi compétente pour l’organisation des études et des examens. Or, les examens sont une source de stress important. Les grandes universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont d’ailleurs mis chacune sur pied des services d’aide pour les étudiants en situation de stress. Ces services d’aide peuvent aider à la réussite et prévenir les dérives liées au stress, tout en faisant la promotion d’une bonne hygiène de vie quotidienne.