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Les escroqueries dont sont victimes les personnes âgées

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 114 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 19/10/2016
    • de KNAEPEN Philippe
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    En février, j'interrogeais Monsieur le Ministre sur les actions menées pour lutter en Wallonie contre l'isolement des personnes âgées. Je reviens aujourd'hui sur un sujet préoccupant intimement lié à cette thématique.

    En effet, nous assistons depuis quelques années à une recrudescence d'arnaque ciblant particulièrement les personnes âgées, souvent vulnérables. Des escroqueries en tous genres ont été relayées à tour de bras par la presse tout au long de cet été.

    De faux réparateurs de toits, de faux électriciens, de faux prestataires, de faux représentants commerciaux, de faux citoyens en détresse ... allant jusqu'à, à titre d'exemple, dépouiller une vieille dame de 15.000 euros (à Gilly). L'impact psychologique et matériel n'est pas négligeable et le sentiment d'insécurité, souvent déjà présent, se voit décuplé.

    En France, l'ACIPA, (Actions contre l'isolement des personnes âgées) vient de lancer une campagne de sensibilisation contre l'escroquerie des personnes âgées : « Plume un vieux ». Une étude montre que près d'un tiers des personnes âgées françaises estime avoir été la cible de maltraitance financière: escroquerie, cambriolage, détournement d'héritage ... Celles qui sont victimes d'isolement sont par définition les plus touchées.

    Je sais que l'isolement des personnes âgées est une thématique prioritaire dans la politique de Monsieur le Ministre. Pourtant, les cas d'arnaques à la personne âgée sont légion. L'équivalent de la campagne française « Plume un vieux » existe-t-il en Wallonie ? Quelles sont les actions menées pour sensibiliser nos aînés aux risques d'escroqueries dont ils sont trop souvent les victimes impuissantes ? Une action coordonnée avec les polices locales a-t-elle été pensée ? Dispose-t-on de chiffres en la matière ? Les cas se multiplient-ils comme la presse en donne l'impression et sont-ils plus nombreux en période estivale? Comment Monsieur le Ministre entend-il, à son échelle, contrevenir à ces pratiques honteuses ?
  • Réponse du 31/10/2016
    • de PREVOT Maxime

    Comme le souligne l'honorable membre très justement, il ne s’écoule pas une semaine sans que la presse n’évoque une escroquerie dont sont victimes certaines personnes âgées. D’après les statistiques de la police fédérale, plus de 19.000 plaintes ont été recensées en 2015. Le phénomène ne semble donc pas isolé.

    Mais de quels abus de faiblesse parle-t-on ? Pourquoi les aînés en sont-ils les cibles privilégiées ? Quelle est la place de ce phénomène dans un contexte plus global de lutte contre la maltraitance des personnes âgées en Wallonie ? Quelles actions sont entreprises aujourd’hui ?
    En 2008, la Région wallonne a adopté un Décret de lutte contre la maltraitance des personnes âgées (intégré au CWASS), l’a.s.b.l Respect Seniors est créée. Ses missions consistent à assister et écouter les personnes âgées victimes de maltraitance, à organiser des actions d’information et de sensibilisation, à former des professionnels, et à échanger des données statistiques. En 2011, la Région wallonne a adopté le Code wallon de la santé et de l’action sociale auquel est intégré, aux articles 378 à 388, le décret du 03/07/2008 relatif à la lutte contre la maltraitance des personnes âgées.

    Le CWASS définit la maltraitance comme « Tout acte ou omission commis par une personne ou un groupe de personnes qui, au sein d’une relation personnelle ou professionnelle avec un aîné, porte ou pourrait porter atteinte physiquement, moralement ou matériellement à cette personne ». Une escroquerie financière commise à l’égard des ainés est, en conséquence, considérée comme un acte de maltraitance. Avant, de revenir sur ce cas spécifique, je me permets cependant de remettre ce phénomène de société dans un contexte plus large et de le considérer au vu des différents types d’abus enregistrés à l’égard des personnes âgées en Wallonie.

    Dans son rapport d’activité de 2015, Respect Seniors rapporte qu’environ 30% des personnes déclarées comme victimes de maltraitance ont entre 80 et 90 ans. Trois quarts d’entre elles sont des personnes « fragiles » avec une dépendance physique et/ou cognitive, donc plus à risque de souffrir de solitude car plus isolées. Les situations de maltraitance, dont Respect Seniors a connaissance, sont majoritairement commises à l’encontre de personnes âgées vivant à domicile (71%). Selon les données récoltées au cours des appels, il apparait que dans 64,12% des situations, c’est un membre de la famille qui est l’« auteur désigné » de maltraitance et dans 21,95% c’est un professionnel. Enfin, les maltraitances psychologiques et les négligences représentent plus de la moitié des principales formes de maltraitance évoquées lors des appels. La maltraitance financière, dont l’escroquerie réalisée par un tiers, qui consiste à exploiter ou utiliser de manière illégale les fonds ou les ressources d’une personne âgée, représente quant à elle un peu plus de 18% des cas de maltraitance enregistrés.

    Ainsi sans vouloir amoindrir l’importance et l’impact des escroqueries dont sont victimes les personnes âgées en Wallonie, il est important de considérer la maltraitance dans sa globalité. La maltraitance financière réalisée par une personne extérieure à la famille n’est pas la forme de maltraitance la plus prépondérante.

    Comme le souligne l'honorable membre, la prévention des actions de maltraitance dont sont victimes les aînés est primordiale. Ainsi, en 2015, les intervenants de Respect Seniors, chargés de centraliser les actions de prévention, ont animé de multiples séances d’information, de sensibilisation ou de formation autour de la problématique de la maltraitance des aînés. Soit 205 séances réparties sur plus ou moins 602 heures d’animation. Les publics cibles : les futurs professionnels (33,92%), les professionnels en institution et domicile (54,63%). Les intervenants réalisent aussi des actions visant à sensibiliser un large public. Enfin, la pièce de théâtre « Vieillesse Ennemie ! » a été jouée auprès de 2375 personnes lors de 14 représentations.
    Durant ces actions de sensibilisation l’ensemble des actions de maltraitance envers les ainés sont évoquées, une attention particulière est portée sur les facteurs de risques et les solutions (contacts, droits, ressources locales) disponibles.

    « Respect Seniors » souhaite développer sa communication et a donc demandé une extension de son budget 2017 afin d’améliorer la promotion de ses activités. La demande est en cours d’analyse au sein de mon cabinet. Il pourrait être envisagé de mettre un focus sur les problèmes d’escroqueries dont sont victimes les seniors… Je ne manquerai pas d’en parler avec l’asbl.