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Le cancer colorectal

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 151 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 25/10/2016
    • de LECOMTE Carine
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Le cancer colorectal est le deuxième type de cancer le plus fréquent au Luxembourg, avec en moyenne 124 décès et 284 nouveaux diagnostics par an.

    Une campagne de sensibilisation vient d'être lancée pour renforcer la lutte contre ce cancer au Grand-Duché de Luxembourg. Le programme de dépistage organisé du cancer colorectal s'adresse ainsi à tous les hommes et à toutes les femmes âgés de 55 à 74 ans inclus, (assurés auprès de la Caisse nationale de santé), résidant au Luxembourg. Ces personnes recevront à leur domicile en 2016 ou en 2017 une lettre d'invitation accompagnée d'un test de dépistage. La participation au programme de dépistage demeurant volontaire.

    En Belgique, ce cancer est responsable de 3.000 décès par an. Par contre, lorsqu'il est détecté à un stade précoce, il se guérit dans neuf cas sur dix.

    C'est pour cette raison qu’un test de dépistage bisannuel est proposé depuis février 2016, en Wallonie et en Région bruxelloise, à tous les citoyens entre 50 et 74 ans pour lesquels aucun antécédent personnel ou familial n'a pu être constaté. La population concernée représente environ 1.150.000 citoyens wallons et bruxellois.

    Le nouveau test (iFOBT) repose sur la détection immunologique de sang occulte dans les selles. Il s'est révélé deux fois plus efficace pour la détection des cancers et trois fois plus performant pour le dépistage des lésions cancéreuses (que l'ancien test utilisé depuis 2009)  ; des résultats confirmés par des études internationales.

    Au vu de ces qualités, Monsieur le Ministre a demandé, avec son homologue en charge de la Politique de la santé en Région bruxelloise (Cécile Jodogne), au centre communautaire de référence pour le dépistage des cancers de procéder à la généralisation de ce test en Wallonie et à Bruxelles et de le rendre disponible dès le mois de février 2016.

    Cependant, alors qu’ils étaient largement approvisionnés par le passé, les médecins reçoivent dorénavant ces tests au compte-gouttes, devant en renouveler constamment la demande, les amenant parfois à devoir différer l’un ou l’autre dépistage  !

    Pour quelles raisons est-il dorénavant procédé de la sorte  ?

    Alors que la surcharge administrative des médecins généralistes est croissante, quelle est la pertinence de modus operandi  ?

    Que pense Monsieur le Ministre de l’initiative du GDL d’envoyer systématiquement un test de dépistage par voie postale à toute personne concernée  ?

    Le taux de dépistage du cancer colorectal atteignait 20 % en Wallonie et en Région Bruxelles-Capitale entre 2009-2014. Si, toute proportion gardée, le taux de participation au programme de dépistage du cancer colorectal était significativement plus important au GDL que chez nous, pourrait-il l’envisager  ?
  • Réponse du 17/11/2016
    • de PREVOT Maxime

    En Belgique, en 2014, 9 694 nouveaux cas de cancer colorectal ont été diagnostiqués (Source : Fondation Registre du Cancer).

    C’est le 3e cancer le plus fréquent chez l’homme, le 2e chez la femme. Il représente le cancer digestif le plus fréquent et 13 % de tous les cancers en Belgique. Il est souvent diagnostiqué à un stade avancé et il est donc associé à une mortalité élevée. Avec plus de 11 %, c’est la seconde cause de décès par cancer, après le cancer du poumon. L’incidence de ce cancer augmente nettement à partir de 50 ans et environ trois quarts des cancers colorectaux se manifestent dans la population asymptomatique sans antécédents personnels ou familiaux.

    Détecté à un stade précoce, le cancer colorectal se guérit dans 9 cas sur 10. Les experts du Conseil de l’Union européenne et du Centre Fédéral d’Expertise (KCE) ont recommandé d’offrir un dépistage du cancer colorectal aux personnes asymptomatiques et sans antécédents personnels ou familiaux entre 50 et 74 ans.

    Le test de dépistage qui a été utilisé depuis 2009 dans le Programme de dépistage du cancer colorectal en Fédération Wallonie-Bruxelles est l’Hemoccult®, test de recherche de sang occulte dans les selles à base de résine de gaïac (gFOBT - gaïac Faecal Occult Blood Test). Celui-ci a montré son efficacité, mais aussi ses limites.

    Sur la base de nombreuses études internationales et des résultats d’un projet-pilote mené en 2014 dans deux entités de la Wallonie, il a été décidé d’évoluer en 2016 vers un test immunologique de recherche de sang occulte dans les selles (iFOBT - immunological Faecal Occult Blood Test).

    Les avantages du test iFOBT sont :
    * Test plus performant :
    Détection de lésions à un stade plus précoce, détection d’environ deux fois plus de cancers et trois fois plus d’adénomes.
    * Test plus fiable :
    Spécifique de l’hémoglobine humaine, lecture automatisée, ajustement possible du seuil de positivité.
    * Test plus simple :
    Un seul prélèvement, test plus ergonomique, réalisation rapide, meilleure compliance des patients.

    Au vu de ses qualités, la généralisation de l’utilisation du test immunologique est un élément décisif pour accroître l'efficacité du Programme, améliorer la participation et la fidélisation à ce dépistage.
    L’utilisation du test immunologique en Wallonie et à Bruxelles a été généralisée en mars 2016. En parallèle, la lecture des tests Hemoccult® encore en circulation se poursuivra jusqu’à la mi-2017.

    La démarche est simple : pour une première participation à ce dépistage, les personnes sont invitées à en parler avec leur médecin généraliste qui pourra leur remettre un test iFOBT.

    Une nouvelle procédure mise en place début 2016 permet de réapprovisionner le stock du médecin généraliste sans que celui-ci ne doive contacter le Centre de gestion.

    En pratique, le médecin généraliste doit communiquer le numéro du Registre national de la personne à laquelle il a remis un test iFOBT. Le médecin peut le faire facilement via une plateforme web dédiée ou via un formulaire papier pré adressé et port payé par le Centre de référence pour le dépistage des cancers. En échange, un nouveau test lui est envoyé à son cabinet afin de réapprovisionner son stock. L’envoi des tests se fait chaque semaine (tous les lundis).

    En outre, le médecin généraliste peut également utiliser cette procédure pour faire envoyer le test iFOBT directement au domicile de son/sa patient(e).
    - Une communication postale a été faite en ce sens en janvier 2016 à plus de 3.000 médecins qui avaient eu une activité de minimum 3 tests gFOBT en 2015. Un stock de départ leur a été envoyé en février en fonction de leur activité moyenne mensuelle de 2015.
    - Les médecins « moins actifs » (moins de 3 tests sur l’année 2015) ont reçu les mêmes explications par email suite à leur contact avec le CCR.
    - Une communication vers les médecins généralistes a été refaite dans le n° 333 de la Revue de la médecine générale de mai 2016.

    Les avantages de cette nouvelle procédure sont :
    - pas de tests périmés ;
    - respect de l’âge d’éligibilité (50 à 74 ans) ;
    - respect de la périodicité de 2 ans ;
    - diminution des stocks « dormants » ;
    - réapprovisionnement automatique du stock chez le médecin ;
    - relance possible des patients n’ayant pas réalisé le test remis par leur médecin.

    En effet, l’expérience de la période 2009-2015 avec le test gFOBT a montré que 50 % des tests achetés chaque année « dormaient » en partie chez les médecins et en partie chez les personnes. Outre des budgets inutilement immobilisés, le nombre de tests périmés n’a fait que croître pour atteindre plus de 10 % des tests revenus pour analyse, malgré une période de validité du test gFOBT de 2 ans…

    La période de validité des tests iFOBT étant d’une année maximum, il est impératif de contrôler au plus juste les lots en circulation et éviter ainsi le gaspillage. Par ailleurs, le coût du test iFOBT, de son « packaging » spécifique et des frais postaux est 3 fois plus élevé que pour le test gFOBT.

    La relance des patients n’ayant pas réalisé le test iFOBT remis par leur médecin 2 mois auparavant est également indispensable. C’est pourquoi cette procédure de rappel a été mise en place en mai 2016.

    Pour les personnes ayant déjà réalisé un test de dépistage, l’envoi d’un nouveau test de dépistage directement à leur domicile deux ans après un test négatif a été généralisé en mars 2015. Cette procédure garantit une plus grande fidélisation au programme de dépistage du cancer colorectal, un plus grand respect de la périodicité entre deux dépistages et décharge le médecin généraliste de ce rappel. La participation à ce dépistage de rappel est encourageante puisqu’elle avoisine 48 %.

    À la suite de la généralisation de l’utilisation du test iFOBT et de l’envoi du test au domicile des personnes pour les réexamens, une augmentation significative de la participation est constatée.

    Néanmoins, d’autres pistes pour augmenter l’accessibilité au test iFOBT et la participation doivent être envisagées.

    Dès début 2017, pour une 1re participation, une voie « alternative » d’accès au test va être évaluée.

    La personne sera toujours invitée à consulter son médecin généraliste, mais si elle le désire, elle pourra également demander (via une plateforme web dédiée ou par téléphone) l’envoi d’un test directement à son domicile (sans passer par son médecin). Cette approche permettra de récupérer une partie de la population cible qui ne consulte jamais ou presque jamais le médecin généraliste. Si cette accessibilité plus directe au test iFOBT engendre une meilleure participation, le gaspillage devrait se réduire et les dépenses budgétaires seront mieux maîtrisées. Notre Comité médecins traitants est favorable à ce projet dont les modalités et l’efficacité devront être évalués avant la généralisation de cette nouvelle approche alternative.

    Enfin, concernant la question relative à l’envoi direct du test iFOBT à toute la population cible (qui concerne environs 360.000 personnes annuellement, après exclusion des personnes déjà suivies par coloscopie ou pour un traitement d’un cancer colorectal), il est à noter que suivant l’expérience de la Flandre qui applique cette méthode depuis fin 2013, 50 % des tests envoyés à la population cible reviennent pour analyse, dont ± 38 % directement et ± 12 % après un rappel. 50 % des tests ne sont donc pas utilisés.

    Il n’y a pas encore de données connues pour le Grand-Duché du Luxembourg qui applique la même démarche depuis septembre 2016.

    Tenant compte du coût d’achat du test iFOBT et de son « packaging », du coût de l’envoi postal des tests au domicile des personnes, du coût postal de 50 % des tests qui reviendront pour analyse, d’un renforcement de l’équipe administrative et du laboratoire, du coût postal pour l’envoi des résultats aux médecins et aux patients, … un budget annuel supplémentaire estimé à environ 1.550.000 euros devrait être dégagé pour permettre de mettre en œuvre l’envoi direct du test iFOBT à toute la population cible sans passer par le médecin généraliste.

    Une analyse coûts-bénéfices plus approfondie est dès lors indispensable préalablement à toute décision de changement de procédure.