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La maladie de Lyme

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 495 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 01/02/2017
    • de LECOMTE Carine
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    La maladie de Lyme est une infection qui peut amener, si elle n’est pas soignée, à la paralysie et la démence. Dans le monde, le nombre de cas explose, s’alarme Hany Elsheikha, professeur de parasitologie à l’université de Nottingham (Royaume-Uni).

    Ainsi plus de 300.000 nouveaux cas seraient à dénombrer chaque année aux États-Unis pour 65.000 en Europe.

    Il n’existe malheureusement aucun vaccin disponible contre cette maladie. Mais certaines mesures simples permettent de réduire les risques: éviter les zones infestées, porter des vêtements adaptés, avoir recours aux traitements antimicrobiens après avoir été piqué par une tique.

    La progression du nombre de cas dans le monde, démontre que cette maladie se répand rapidement. Aux États-Unis, par exemple, le nombre de cas annuels signalés est 25 fois plus important aujourd’hui qu’en 1982, année où l’on a commencé à surveiller la maladie.

    En France, le ministère de la Santé a annoncé fin septembre 2016 un plan national de lutte contre la maladie de Lyme et les maladies transmises par les tiques. Ce plan vise à éviter le sentiment d'abandon et l'errance thérapeutique auxquels sont confrontés de nombreux malades de Lyme, singulièrement quand elle est chronique. Il permet aussi de mieux comprendre la maladie, de soigner plus efficacement les patients et de mobiliser tous les outils disponibles pour prévenir la maladie.

    J'en viens à mes questions:

    La maladie de Lyme progresse-t-elle également en Wallonie  ? Si oui, quelle est l’analyse qui en est faite  ? De quelles statistiques Monsieur le Ministre dispose-t-il  ?

    Certes, les médecins connaissent l’érythème migrant, mais il ne constitue pas un diagnostic absolu de la maladie. En outre, les symptômes décrits sont ceux de bien d’autres maladies.

    Au vu des difficultés à diagnostiquer cette maladie, la prévention est la meilleure arme pour y faire face et la récurrence des campagnes s’y rapportant s’impose.

    Combien de campagnes de prévention sur la maladie de Lyme Monsieur le Ministre comptabilise-t-il «  à son actif  »  ? D’autres sont-elles d’ores et déjà planifiées  ? Quels en sont les résultats  ?
  • Réponse du 17/02/2017 | Annexe [PDF]
    • de PREVOT Maxime

    En effet, le Ministère français de la Santé a rendu public, en septembre de l’année dernière, un Plan national de lutte contre la maladie de Lyme (http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/synthese_lyme_v_aes_290916.pdf) et les autres maladies vectorielles transmises par la tique. Ce plan couvre 5 axes stratégiques dont la surveillance, les questions relatives à l’amélioration des connaissances sur les tiques, à la prévention, à l’amélioration de la prise en charge des malades, à l’amélioration des tests diagnostiques, ainsi que celle de la recherche.

    En Région wallonne, d’autres problèmes de santé publique ont occupé les services en charge de la surveillance des maladies infectieuses. La maladie de Lyme, même si elle est fortement médiatisée, voire surmédiatisée, n’est pas la plus grande préoccupation en termes de santé publique. Différentes actions de surveillance sont en cours en Belgique et en Région wallonne et, la situation est stable chez nous à l’heure actuelle.

    Après une nette augmentation en 2013 et 2014, le nombre de résultats positifs pour Borrelia burgdorferi, pathogène à l’origine de la maladie de Lyme, rapportés par le réseau sentinelle des laboratoires vigies a retrouvé en 2015 le niveau des années antérieures. Un total de 1.561 résultats sérologiques positifs a été rapporté, contre 2.257 en 2014. L'augmentation en 2013 et 2014 correspondait à une augmentation importante du nombre de tests sérologiques réalisés pour ces deux années. En 2015, ce nombre a légèrement diminué, mais reste nettement supérieur à la moyenne pour la période 2008-2012. La proportion de résultats positifs sur le nombre total de tests réalisés (1,6 %) est donc plus faible en 2015 qu’habituellement. Ceci pourrait indiquer que des sérologies sont prescrites trop souvent et que les recommandations sur le diagnostic de la maladie de Lyme faites par le groupe de travail BAPCOC sont encore insuffisamment suivies. Les chiffres de 2016 ne sont pas encore connus.

    La répartition géographique des résultats positifs et la répartition selon l'âge et le sexe ne diffèrent pas des années précédentes. L’incidence rapportée est la plus élevée chez les personnes âgées de 45 à 64 ans, et surtout dans les provinces d'Anvers, du Brabant et du Luxembourg.

    Les résultats de ce réseau sentinelle sont d’ailleurs confortés par les premiers résultats du site web www.tiquesnet.be sur lequel la population peut encoder les morsures de tiques à titre individuel.

    En 2015, le Centre national de référence pour B. burgdorferi (UC Louvain) a effectué un total de 3.093 analyses, dont 2.614 sérologies et 479 PCR. Ce nombre représente également une légère diminution par rapport à 2014, mais reste beaucoup plus élevé que les années antérieures. Un résultat positif a été obtenu pour 506 personnes (16,4 %), dont 462 correspondaient à un cas suspect, probable ou confirmé de borréliose. Les autres personnes (8,6 % des positifs) présentaient des symptômes non spécifiques, pour lesquels une analyse sérologique n’est pas recommandée selon les directives de la BAPCOC, la Commission belge de coordination de la politique antibiotique.
    Une nouvelle étude par le réseau de médecins généralistes sentinelles en 2015 estime le nombre de consultations pour un érythème migrant, première manifestation clinique pour la maladie de Lyme, à 10,3 cas (IC 95 % 8,8-12,1) pour 10 000 personnes. Ceci ne représente pas une augmentation significative comparée aux études précédentes (en 2003-2004 et 2008-2009).

    L’étude de séroprévalence réalisée en 2015 par l’Institut scientifique de santé publique sur 3.217 échantillons de sérum a utilisé deux types de test, le deuxième permettant de confirmer les positifs et les douteux par Western Blot. Le taux de positivité est aux environs de 1 %. Ce taux n’est pas surprenant dans la population générale sachant que le taux de positivité des sérologies chez une population a priori exposée aux morsures de tiques est de 2 %. Un résultat sérologique positif indique que la personne a été un jour en contact avec la bacterie Borrelia burgdorferi et non pas qu’elle est malade, les anticorps (recherchés lors de la sérologie) restant positifs de nombreuses années.

    On ne peut donc pas dire qu’il y a une tendance à la progression en Région wallonne pour le moment. Les services de surveillance y sont, de toutes les façons, attentifs.

    Par ailleurs, la problématique des tiques et d’une surpopulation éventuelle est une compétence de l’environnement.

    Il n’y a pas à proprement dit des campagnes à grande échelle qui soient prévues. Des affiches téléchargeables seront mises à disposition des médecins généralistes et des groupes dits plus à risque (camps de jeunesse, promeneurs, …) lorsque la saison propice aux morsures de tiques se représentera.

    Voir figure n°1 et n°2 en annexe.