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La part du travail temporaire chez les jeunes wallons

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 140 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 01/02/2017
    • de NICAISE Marie-Françoise
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    En 2015, la part du travail temporaire dans l’emploi salarié wallon est particulièrement importante chez les jeunes (15-24 ans) puisqu’elle s’élève à 44 %, que ce soit via un contrat à durée déterminée (21 %), via un contrat intérimaire (7 %) ou via un autre type de contrat, tel que les contrats liés à une formation et les contrats «  étudiants  » (16 %).

    Les contrats à durée déterminée sont donc largement caractéristiques de l’emploi des jeunes.

    Cela traduit-il un manque de confiance des employeurs à l’égard de leurs jeunes employés  ?

    Le fait que près de la moitié des jeunes soient engagés sous contrat de travail temporaire n’influence-t-il pas la qualité de leur formation au sein même de l’entreprise  ?

    Quelle est la part des jeunes reconduits en contrat à durée indéterminée après un contrat de travail temporaire ?
  • Réponse du 21/02/2017
    • de TILLIEUX Eliane

    Si, selon le FOREm, en 2015, la part du travail temporaire est de 10,2 % dans l’emploi salarié wallon, elle varie fortement selon la classe d’âge. Ainsi, elle atteint 44,2 % chez les jeunes de 15 à 24 ans, contre 9,2 % chez les travailleurs âgés de 25 à 49 ans et 4,2 % chez les personnes de 50 ans et plus.

    L’augmentation du recours à des contrats à durée déterminée et à des contrats d’intérim pour les publics plus jeunes ne signifie pas que les entreprises ont modifié leur confiance à l’égard de ce public. Elle peut notamment s’expliquer par la suppression de la période d’essai survenue le 1er janvier 2014, dans le cadre de l’adoption au niveau fédéral du statut unique pour les ouvriers et les employés. Les employeurs ne disposant plus de la même « souplesse » pour se séparer d’un travailleur engagé qui ne conviendrait pas, optent, a priori, plus volontiers pour un contrat à durée déterminée.

    Ainsi, selon une enquête menée par l’UCM (2016), suite à la suppression de la période d’essai, 78 % des employeurs interrogés déclarent avoir modifié leur stratégie d’embauche et feraient aujourd’hui davantage appel aux contrats à durée déterminée ou à l’intérim. Il est important de souligner que le fait que les jeunes soient plus souvent sous contrat temporaire que leurs aînés en fait un public particulièrement fragile sur le marché de l’emploi. Ainsi, en période de récession, les jeunes recrues, bénéficiant de moins d’expérience, constituent aussi l’un des profils dont les entreprises se séparent le plus facilement.

    En ce qui concerne l’insertion dans l’emploi durable, selon une enquête de Federgon, 45 % des intérimaires obtiennent un emploi fixe après 5 mois, et 67 % des intérimaires ayant trouvé un emploi fixe travaillent dans l’entreprise où ils ont effectué leur dernière mission d’intérim.

    De la même façon, une étude du FOREm, réalisée en 2013, à partir du suivi d’une cohorte de demandeurs d’emploi sur une période de 3 ans, montre qu’un quart des demandeurs d’emploi passés par l’intérim – pour la plupart jeunes et diplômés – connaissent ensuite un contrat long et s’insèrent durablement sur le marché de l’emploi.

    En ce qui concerne, enfin, la formation au sein même de l’entreprise, selon une enquête de Federgon (2016), 16,5 % des intérimaires ont bénéficié d’une formation en 2015, contre 43,5 % de l’ensemble des salariés d’après l’enquête CVTS (résultats 2010). En outre, la durée moyenne de formation des travailleurs intérimaires était de 3,5 jours en 2015, contre plus de 4 jours pour l’ensemble des salariés.

    Même si cette enquête semble démontrer que les employeurs qui engagent un travailleur en contrat temporaire ou intérimaire, qui ne sera peut-être pas amené à rester dans l’entreprise, investissent un peu moins, en termes de temps, dans la formation de ce dernier, les données en notre possession ne peuvent cependant pas préjuger de la qualité des formations consenties par ces employeurs.

    L’existence d’un fonds de formation sectoriel pour l’intérim soutient la formation des travailleurs intérimaires puisque le fonds participe au cofinancement des coûts des formations individuelles et collectives en faveur des travailleurs intérimaires, mais ne supprime pas le différentiel entre travailleurs temporaires et permanents.

    Conscients que la formation tout au long de la vie est déterminante pour l’individu et ses perspectives de carrière, le Gouvernement wallon et les partenaires sociaux se sont engagés, au travers du Pacte pour l’Emploi et la Formation, et des incitants à la formation continue des travailleurs, à accorder une attention particulière aux catégories de travailleurs qui nécessitent des efforts accrus de formation, en ce compris les travailleurs temporaires.