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L’évaluation relative aux reports de trafic suite à la taxe kilométrique pour poids lourds

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 518 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 10/02/2017
    • de DODRIMONT Philippe
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    En vigueur depuis le 1er avril 2016, la taxe kilométrique incite certains camionneurs à modifier leurs trajets afin d’emprunter des routes gratuites, au désarroi des communes traversées.

    Citons à titre d’exemples, la RN 29 entre Tournai et Frasnes-lez-Anvaing, les quais de la Dérivation à Liège, l’entité de Walcourt, Bourlers ou encore Theux.

    Monsieur le Ministre avait chargé ses services d’effectuer une évaluation par rapport à ces reports de trafic. Il devait disposer des résultats fin novembre, voire début décembre.

    Est-il en mesure de me livrer les résultats de cette évaluation  ? Sur base de ceux-ci, quelles mesures va-t-il prendre pour remédier à cette situation ?
  • Réponse du 07/03/2017
    • de PREVOT Maxime

    Le réseau concerné par le péage kilométrique pour les poids lourds de plus de 3,5 tonnes en Wallonie a été défini le 11 juin 2015 par le Gouvernement wallon, ce qui correspond à 2.250 km de voiries comprenant le réseau sur lequel était perçue l’Eurovignette, complété par 300 km de routes régionales déterminées pour éviter les reports de trafic sur des routes régionales et y préserver ainsi la mobilité et la sécurité des riverains. Le Gouvernement wallon s'était également engagé à effectuer une surveillance du réseau afin d'évaluer les éventuels autres reports de trafic significatifs non souhaités sur des sections de route hors prélèvement.
     
    L'évaluation s’est basée sur une source de données existantes et continues avant et après l'introduction du péage kilométrique des poids lourds pour étudier des données comparables, soit entre le 1er décembre 2015 et le 1er décembre 2016.
     
    Après analyse des possibilités, le choix s'est porté sur l'étude des déplacements des cartes SIM présentes dans les tachygraphes électroniques des camions. Un marché public a été passé en ce sens avec un opérateur de téléphonie mobile.
     
    Le trafic des poids lourds évolue au cours de l'année selon les saisons et il est rythmé selon les fêtes, les jours fériés et les vacances. Le trafic des camions varie donc fortement d'un jour à l'autre et d'une période à l'autre. À titre indicatif, le trafic des camions est 5 fois plus faible le samedi qu'un jour de semaine et même 10 fois moindre le dimanche ou un jour férié. Les activités saisonnières de certaines entreprises ou certains secteurs d'activités (agriculture, …) font également varier le trafic de camions sur certaines routes ou parties du territoire.
     
    On constate donc que l'introduction du péage kilométrique n'est qu'un élément parmi de nombreux autres faisant varier significativement le trafic de camions en un lieu.
     
    Globalement, on ne peut pas constater un report massif de trafic de poids lourds du réseau soumis à péage vers les voiries secondaires ou non payantes.
     
    Des augmentations sur des routes déjà payantes ont été constatées (exemple : la N83 reliant Arlon à Bouillon), des diminutions (exemple : la N529 à hauteur de Frasnes-les-Anvaing), ou encore des statu quo (exemple : la N53 à Beaumont). L'introduction du péage kilométrique apparaît donc comme un élément moins important que d'autres facteurs faisant varier le trafic de camions.
     
    Par ailleurs, dans la zone de Theux, Pepinster, sur une année, une augmentation moyenne du trafic de poids lourds de 5,5 % a été enregistrée sur les nationales N62 Theux-Louveigné et N666 Pepinster – Louveigné. Or, cet accroissement du trafic est à comparer à une augmentation générale sur l’ensemble de la région puisque même sur les portions d’autoroutes avoisinantes, la E25 et la E42, le trafic de camions a progressé de plus de 15 %. L'introduction du péage kilométrique ne constitue donc pas un facteur d’accroissement du trafic selon l’analyse des données. L'élargissement du réseau soumis à péage pourrait créer un « appel d'air » ou conduire à reporter du trafic sur des voiries encore moins adaptées à la circulation de poids lourds et affecter la vie économique locale. Une collaboration avec les autorités locales et les services de Police visera également à réaliser davantage de contrôles dans les environs et notamment à faire respecter l'interdiction de circulation des poids lourds de plus de 10 tonnes au centre de Theux. Pour rappel, le Conseil communal de Theux a même décidé, il y a quinze jours, de rejeter une motion demandant d'intégrer la route entre Laboru et le centre Theux au réseau soumis à péage en raison de données contradictoires au ressenti local et afin de ne pas pénaliser l’économie locale.
     
    Dans l’agglomération liégeoise, le trafic de poids lourds sur les quais de la dérivation n'a pas évolué puisqu’il est estimé à -0.1 %. Toutefois, les autorités locales et les services de Police seront également concertés pour d’une part réaliser davantage de contrôles vu l'interdiction d'accès aux camions de plus de 7,5 tonnes à l'exception de la circulation locale et d’autre part pour envisager des mesures complémentaires.
     
    Dans la zone entre Lessines, Enghien et Soignies, suite à des restrictions de circulation de poids lourds de plus de 15 tonnes sur la N57 Ghislenghien – Soignies nécessaires face aux dégradations de la chaussée et aux travaux en cours, le trafic a été dévié et a donc perturbé la circulation aux alentours. Cette redistribution du trafic local n'est par conséquent aucunement liée au péage kilométrique. Par ailleurs, le trafic des camions est tout à fait particulier dans cette zone vu la présence de plusieurs carrières dans les environs immédiats. Leurs produits bruts ayant une faible valeur marchande, l'impact du péage kilométrique serait par conséquent très élevé en rapport à la marchandise transportée. Vu l'origine de la redistribution de la circulation des camions, la nature du trafic et l'impact sur une activité locale, il a donc été décidé qu’il n'est pas opportun d'y étendre localement le réseau soumis à péage. Cette situation particulière sera cependant suivie très attentivement.
     
    Après l’analyse de l'ensemble des données, le Gouvernement wallon a donc décidé ce jeudi 23 février d'adapter le réseau wallon soumis au péage kilométrique des camions en ajoutant uniquement les deux sites où la redevance peut réellement avoir eu un impact sur le report du trafic :
    - la section de la N243 (Chaumont-Gistoux) entre la N25 et la N29, ce qui représente 13 km ;
    - la section de la N29 entre l’E411 (Perwez) et la Flandre au nord de Jodoigne, ce qui représente 20 km.

    Au total, sur ces 33 km de routes, une augmentation du trafic de poids lourds de l'ordre de 1 à 3,5 % a été constatée ainsi qu'une proportion élevée de trafic de transit. Cette adaptation sera effective pour juillet 2017 vu les adaptations techniques et administratives nécessaires.
     
    Par ailleurs, le Gouvernement wallon a décidé de poursuivre l’évaluation du réseau en continu en vue d'adapter, si nécessaire, le réseau selon les éventuelles évolutions sur le terrain.

    Cela sera notamment le cas pour trois zones particulièrement sensibles : Pepinster et Theux, l'agglomération de Liège et la zone entre Lessines, Enghien et Soignies.