La mise en place d’un réseau de fermes-pilotes en Wallonie
- Session : 2016-2017
- Année : 2017
- N° : 291 (2016-2017) 1
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Question écrite du 21/02/2017
- de KNAEPEN Philippe
- à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région
Le projet de « Programme wallon de réduction des pesticides II (PWRP II) » qui couvrira la période 2018-2022 a été adopté ce 24 novembre 2016 en première lecture par le Gouvernement. L’objectif est de réduire les risques et les effets de l’utilisation des pesticides sur la santé humaine et l’environnement.
Nos voisins français, en 2008, ont adopté le plan Ecophyto avec pour ambitieux objectif, à l’horizon 2018, de diminuer l’utilisation des produits phytosanitaires, plus communément appelés pesticides, de 50%. Dans ce cadre est née l’initiative d’un réseau de fermes pilotes : « DEPHY Ferme ». Le projet comptait, en novembre 2016, environ 2880 exploitations réparties en 245 groupes d’agriculteurs et encadrées par 240 ingénieurs réseau. Il avait pour principal but de démontrer qu’il est possible, d’un point de vue agronomique et économique, de réduire l’emploi de produits phytopharmaceutiques.
Les résultats, à ce jour, bien que la transposition aux non-membres du réseau soit jusqu’ici peu satisfaisante, sont probants. Ils ont réussi à réduire la fréquence des traitements de 11 % pour les grandes cultures, 12 % pour la viticulture, 25 % pour la production de légumes ou encore 33 % en horticulture. Et ce, sans impact sur la productivité ni sur la marge des exploitations.
Il y a peu, Monsieur le Ministre a confirmé la pertinence de la transposition de ce type de réseau en Wallonie. Cette idée est en effet déjà reprise dans le PWRP II dans la section traitant de la lutte intégrée : Wal 2.9.6 – aide à la mise en place de l’IPM chez les producteurs par la visite et expertise de conseillers au sein des exploitations et en organisant un suivi de quelques exploitations par régions (fermes pilotes). Ce projet sera réalisé par le biais des Centres de recherche et d’expérimentation encadrés par les ingénieurs experts des services extérieurs de l’administration.
Monsieur le Ministre a-t-il déjà planché sur la concrétisation de ce projet ? Selon quel principe les fermes participantes seront-elles sélectionnées ? Quels critères prévaudront-ils ? Combien d’exploitations sont-elles nécessaires à la pertinence de l’expérience en Wallonie ?
Par ailleurs, ce système de fermes en réseau existe déjà via le suivi des exploitations en production biologique. Quel bilan peut-on tirer, à ce jour, de cette expérience ? Les techniques ayant donné des résultats probants ont-elles été transposées dans d’autres exploitations ? Des données chiffrées existent-elles en la matière ?
Réponse du 13/03/2017
- de COLLIN René
Le nouveau Plan wallon de Réduction des Pesticides (PWRP) est soumis à une enquête publique du 09 février au 10 avril 2017. Suite à celle-ci, il pourrait donc encore y avoir quelques adaptations.
La mesure Wal 2.9.6. relative à la mise en place de la lutte intégrée (Integrated Pest management ou IPM) chez les producteurs par la visite et l’expertise de conseillers au sein des exploitations, concerne notamment chaque centre pilote, qui a reçu pour mission d’encadrer les producteurs du secteur agricole ou horticole dont il a la charge, dans leurs démarches de mise en application de l’IPM.
Par ailleurs, la reconnaissance de fermes ou d’exploitations pilotes pouvant servir d’exemple en matière de mise en œuvre de l’IPM pourra effectivement se faire via une procédure annuelle de sélection des CRE (Centre de Référence et d’Expérimentation). L’organisation de visites et de séances démonstratives pourra s’effectuer avec l’appui des services extérieurs de l’Administration. Cette procédure de sélection des CRE spécifiques à l’IPM sera étudiée dès l’adoption définitive du second Plan wallon de Réduction des Pesticides (PWRP), après l’enquête publique.
Concernant le système de fermes en réseau pour le suivi des exploitations en agriculture biologique, suite à l’adoption du Plan stratégique pour le développement de l’agriculture biologique à l’horizon 2020, le Gouvernement wallon a donné pour mission au Centre wallon de Recherches agronomiques (CRA-W) de mettre en œuvre un plan de recherche en agriculture biologique. Dans le cadre de ce plan, le Centre assure le suivi de plusieurs réseaux de fermes pour les spéculations suivantes : bovins laitiers, bovins allaitants, monogastriques, grandes cultures, maraîchage et arboriculture. La mise en place de réseaux a permis d’identifier des fermes dans lesquelles il existe un réel potentiel de travail en interaction avec la recherche, en l’occurrence des fermes diversifiées exploitées par des agriculteurs dynamiques et « innovants ».
Les principaux objectifs des réseaux sont les suivants : identifier les besoins et les attentes du secteur agricole bio vis-à-vis de la recherche, assurer un certain encadrement des exploitations, collecter des données technico-économiques, mener des recherches participatives au sein de certaines exploitations (essais de terrain). Il est à noter que la notion de réseau implique une dynamique d’animation de la part des chercheurs du CRA-W et nécessite la mise en œuvre de moyens importants pour bien fonctionner.
La constitution de réseaux a permis au CRA-W de développer un outil de gestion de la trésorerie, dénommé TresoGest, qui permet aux agriculteurs de connaître leur situation financière réelle annuelle et d’analyser leurs coûts de production sur base de l’encodage de données collectées au sein de leur exploitation. Adapté aux fermes diversifiées, cet outil permet aux agriculteurs de se réapproprier leurs résultats financiers globaux et par ateliers en support de choix stratégiques pour l’exploitation.
Quelques tendances et de nouvelles références se dessinent. Le CRA-W présentera ses résultats fin de cette année 2017, lors de l’événement « De la Recherche à l’Action ».