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La compétitivité de la Wallonie en matière de santé

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 691 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 16/03/2017
    • de BALTUS-MÖRES Jenny
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Dans le rapport sur la situation économique et sociale de la Grande Région de 2015-2016 (ISSN 2535-8472), un graphique de la page 24 traite de la compétitivité régionale de la Grande-Région. On peut y constater qu’au niveau de la santé la Wallonie connait un retard important face aux autres régions membres. Elle compte 15 points de moins sur 100 que l’avant-dernier qui est la Lorraine. Il est également noté qu’il ne s’agit pas de valeurs nationales, mais bien de valeurs régionales.

    Monsieur le Ministre est-il au courant de cette statistique ?

    Peut-il me dire sur quels critères ce score a été calculé ?

    Connait-il les scores des autres régions de notre pays ?

    Quelles sont les mesures que la Région wallonne souhaite entreprendre afin d’améliorer ce chiffre ?
  • Réponse du 29/03/2017
    • de PREVOT Maxime

    Je suis effectivement au courant du rapport sur « la situation économique et sociale de la Grande Région 2015-2016 » que mentionne l'honorable membre et qui indique certains constats déjà connus pour la Wallonie :
    - le revenu disponible par habitant en Wallonie (17.039 euros) est plus bas que la moyenne de la Grande Région (19.377 euros) ;
    - le taux de chômage en pour cent (11,9 %) est plus élevé que celui de la Grande Région (7,9 %) ;
    - le taux de risque de pauvreté inférieur à 60 % du revenu équivalent médian disponible au niveau national (19,2 %) est supérieur à celui de la Grande Région (16,2 %).

    De plus, l’évolution du vieillissement de la population et ses prévisions font qu’en 1990, on comptait 24 personnes de 65 ans et + pour 100 en âge de travailler, cette valeur augmente en 2015 (32 personnes de 65 ans et +) avec une prévision de 56 personnes de 65 ans et + en 2040. Malgré la crise économique de 2008, l’évolution en Wallonie s’est maintenue à un niveau relativement favorable (p 19).

    La compétitivité régionale de la Grande Région en 2013 est analysée. Celle-ci se base sur plusieurs critères, notamment la santé, qui comme le sait l'honorable membre est déterminée par de très nombreux facteurs : économiques, sociaux, environnementaux, etc.

    Il est dès lors assez logique que dans une région où le revenu disponible est plus bas, le risque de pauvreté est plus grand, le taux de chômage est plus élevé et la population bénéficie d’un score « santé » moins bon que dans les autres régions.

    Malgré ces difficultés, la Wallonie ne s’en sort pas si mal avec un score total (tous les critères) de 61 par rapport à celui de la Grande Région (65). Les deux piliers en dessous de 50 sont l’éducation de base (47) et l’innovation (40).

    Néanmoins, en 2013 la Wallonie est nettement en tête de l’intensité en Recherche et Développement par rapport aux autres régions et son rapport entre le personnel hautement qualifié et la population active est très bon (46,5 %).

    Les scores des autres régions de notre pays ne sont pas calculés dans ce rapport, mais en général, la Flandre obtient de meilleurs scores de santé que la Wallonie. Ses variables socio-économiques ne sont pas identiques à celles de la Wallonie.

    Le 16 février dernier, le Gouvernement wallon a approuvé le Plan Prévention et Promotion de la santé qui vise à améliorer la santé de la population wallonne.

    La 1re partie qui a été présentée est le résultat d’une analyse de la situation en Wallonie, tant au niveau institutionnel qu’épidémiologique. Pour ce faire, nous avons d’ailleurs suivi la méthodologie prônée par l’OMS et elle a permis de définir les priorités de santé publique et donc les objectifs stratégiques thématiques de manière fondée, cohérente et objective. Avant de décliner les mesures concrètes dans la 2e partie, il était donc indispensable de réaliser cette analyse de l’état de santé de la population wallonne.

    J'invite l'honorable membre à consulter la première partie du Plan Prévention et Promotion de la santé qui décrit de manière approfondie les données épidémiologiques en Wallonie.

    Dans le cadre de ce Plan, j’ai retenu cinq axes d’actions prioritaires selon l’importance du problème de santé (incidence/prévalence), sa gravité (mortalité/morbidité) et les possibilités d’éviction ou de réduction par la prévention.
    * Promotion des modes de vie et des milieux de vie favorables à la santé : promotion d’une alimentation équilibrée, lutte contre la consommation excessive d’alcool et contre le tabagisme, promotion de l’activité physique et lutte contre la sédentarité.
    * Promotion d’une bonne santé mentale et du bien-être global : ceci comprend également la confiance, l’estime de soi et le développement des « life skills » (ou « compétences liées à la vie quotidienne »). Il s’agit de la promotion du bien-être et d’une bonne santé mentale, de la prévention de l’usage addictif d’alcool et d’autres substances psychoactives (cannabis, héroïne, psychotropes…) et de la prévention du suicide.
    * Prévention des maladies chroniques : prévention de maladies de l’appareil circulatoire, du diabète de type II et des maladies respiratoires, ainsi que la prévention des cancers.
    * Prévention des maladies infectieuses, y compris la politique de vaccination et les infections sexuellement transmissibles.
    * Prévention des traumatismes non intentionnels et la promotion de la sécurité.

    Par ailleurs, les mesures concrètes qui en résulteront seront proposées d’ici la fin de l’année 2017 au Gouvernement wallon et répondront à onze objectifs stratégiques transversaux applicables à l’ensemble de ces priorités de santé.
    * Promouvoir la santé dans toutes les politiques
    Le Plan s’intéresse principalement aux domaines pour lesquels la Wallonie dispose de leviers d’action. Pour les autres, des protocoles de collaboration devront être conclus avec les autres niveaux de pouvoir. De plus, le Gouvernement wallon souhaite mettre en place l'évaluation systématique des effets sur la santé (EIS) et suivre l’exemple de la Finlande où des évaluations intégrées incluant la santé sont requises dans toutes les propositions législatives.
    * Adapter les stratégies pour faire face aux inégalités sociales de santé
    À mesure que les pressions économiques s’accentuent et que les coûts des soins de santé augmentent, le risque d’exclusion s’accroit, laissant souvent de côté ceux dont les besoins sanitaires sont les plus grands. Il s’agit d’abord et avant tout de donner les mêmes chances à tous de développer et maintenir un bon état de santé et les capacités maximales à mener une vie de qualité satisfaisante.
    * Favoriser l’accessibilité et veiller à une bonne couverture territoriale
    Complémentairement à la lutte contre les inégalités sociales de santé, il importe également d’assurer une bonne couverture territoriale en matière de programmes de prévention et de promotion de la santé.
    * Veiller à l’efficience des actions et instaurer une culture d’évaluation continue
    Au vu du contexte budgétaire actuel et de la diversité d’acteurs en promotion de la santé, les ressources disponibles doivent être utilisées le plus efficacement possible. De plus, pour répondre aux besoins de la population, il faut proposer des interventions pertinentes qui ont fait preuve de leur efficacité. Par conséquent, en Wallonie, la gestion et l’analyse de données de santé doivent se concrétiser dans un système intégré de collecte et de traitement de données sanitaires.
    * Intégrer les priorités de santé dans une approche selon le parcours de vie
    Il s’agit de mener des politiques cohérentes qui ciblent l’ensemble de la vie humaine, à tout âge et toutes les générations confondues, et ne se contentent pas de répondre aux besoins et maladies spécifiques à des stades de la vie définis avec précision.
    * Intégrer les priorités de santé dans une approche selon un continuum
    L’approche « parcours de soins » place la réflexion stratégique dans l’optique d’un continuum promotion de la santé/prévention des maladies/soins curatifs et réduction des risques/revalidation (accompagnement)/soins palliatifs, d’où faire en sorte qu’une population reçoive les bons soins par les bons professionnels dans les bonnes structures au bon moment, et au meilleur coût, en veillant à conserver l'ancrage de la personne dans son milieu de vie et en impliquant les proches dans les soins.
    * Renforcer l’action communautaire (bottom-up), promouvoir la participation citoyenne et l’empowerment
    Il importe que tous les acteurs participent : les citoyens, les professionnels (de la santé et des autres secteurs), les institutions (publiques et privées) ainsi que les pouvoirs publics. Au niveau individuel, cette compétence passe par la littéracie en santé : la possibilité de mobiliser ses ressources pour faire le meilleur usage possible des informations disponibles et du dialogue possible avec les professionnels. L’empowerment consiste à rendre à chacun la capacité de contribuer aux décisions dans le champ de sa propre santé et dans celui de l’action communautaire.
    * Développer le travail en réseau et le partenariat intersectoriel
    L’intersectorialité favorise le décloisonnement, l’élargissement du cadre de référence, la mise en commun de ressources diversifiées, la coordination des actions menées au sein des différents secteurs ou encore la diffusion de messages cohérents (travail en réseau, partenariat intersectoriel et alliance entre services publics et monde associatif, concertation des différents niveaux de pouvoirs).
    * Créer des environnements favorables à la santé (milieux de vie)
    Il faut prendre en compte les soins, mais aussi un ensemble de déterminants sociaux qui contribuent tant à la prévention qu’à la restauration d’un bien-être. Les milieux de vie renvoient aux habitants, à leurs environnements quotidiens ainsi qu'aux dynamiques sociales dans lesquelles ils sont immergés.
    * Inscrire la promotion de la santé dans une perspective durable
    Il est possible de recadrer toutes les actions envisagées selon les trois piliers reconnus du développement durable (social/sociétal, économique et environnemental), ainsi que selon les différentes composantes du système de santé (principalement prévention/promotion, soins et accompagnement) dans une matrice qui permet de mettre de la cohérence dans les politiques de santé et de vérifier pour chaque intervention la prise en compte des différentes dimensions.
    * Promouvoir l’innovation au service de la santé
    Le domaine de la santé prône cette innovation qui, in fine, profitera à l’amélioration de la santé de la population wallonne. Ainsi, l’innovation peut être comprise comme étant une réponse nouvelle à une problématique ou à un besoin identifié en vue de l’amélioration de la santé de la population concernée. Aujourd’hui, un projet est pertinent par rapport aux enjeux actuels lorsqu’il ouvre également des perspectives pour le futur.